Just Kwaou-Mathey : Une médaille de bronze au goût amer

Just Kwaou-Mathey : Une médaille de bronze au goût amer

Ce n’est pas qu’il commencerait à en avoir marre, mais c’est presque le cas. Dans une finale dominée comme prévu par l’Américain Grant Holloway en 7”29 (égale le record des Championnats), Just Kwaou-Mathey a une fois de plus terminé troisième (7”47). Comme aux Championnats d’Europe de plein air à Munich en 2022 et comme à l’Euro en salle à Istanbul en 2023. Cette troisième médaille de bronze internationale avait un goût un peu fade. Le coureur de 24 ans n’a pas célébré, sauté partout ni traversé la piste euphorique.

Il y a un an, sa moyenne chronométrique tournait autour de 7”60, avec un record à 7”53. Cette année, le natif d’Évreux a battu son record d’un dixième, couru quatre fois en dessous de 7”50 et jamais au-dessus de 7”58. « C’est encore une troisième place, comme d’habitude, je crois qu’il y a un malheur sur moi, disait-il, sourire en coin en direction de son ami sprinteur Jeff Erius, qui l’accompagnait dans la zone mixte. On en rigole avec Jeff. Si je finis troisième aux Jeux, ce sera bien, mais bon… »

Samedi soir, Kwaou-Mathey, habituellement si rayonnant, ne cachait pas sa déception. Cela en dit long sur son ambition. « Je n’ai pas bien couru en demie, cela ne m’a pas mis en confiance. » Après une série en 7”52, il n’a pas semblé tranchant au tour suivant, n’arrivant pas à faire la différence et prenant la deuxième place en 7”54, ex aequo avec le Belge Michael Obasuyi et l’Espagnol Asier Martinez (qui avait couru sous réserve mais a finalement été disqualifié pour faux départ).

Pas de course parfaite en finale non plus : « Je n’ai pas bien couru. Le deuxième a battu mon record. J’aurais aimé le battre à nouveau, c’est dommage. » Ce dimanche soir, sur la deuxième marche du podium, un Italien de 21 ans, Lorenzo Simonelli, montera. Il a fait passer son record de 7”59 à 7”43 cet hiver. Le temps réalisé par Kwaou-Mathey à Liévin, il y a moins d’un mois.

Cette médaille de bronze, remportée cette fois-ci aux Mondiaux, est bien sûr « la plus belle », comme il l’a reconnu plus tard. « Cela confirme le travail effectué avec Giscard ces derniers mois. » Depuis octobre, « JKM » a rejoint le groupe de Giscard Samba à Créteil, bouleversant complètement sa vie, lui qui vivait dans une « bulle » au Creps de Poitiers depuis 2018. Le coach, lui, affichait en revanche un large sourire. « Il y a une médaille au bout, on prend, trancha-t-il. Cela va lui faire prendre conscience qu’il fait maintenant partie des grands. Il n’est plus l’outsider, le petit garçon qui espère se battre avec les meilleurs. Il fait partie des meilleurs et les autres vont savoir qu’il existe. »

Samba, avec une casquette noire vissée sur la tête, soulignait la régularité de son athlète, mais soulignait un point qui, selon lui, l’avait privé d’une médaille plus précieuse : « Il est bien parti, contrairement aux autres courses, mais sur ce qui fait sa force, la fin, il se fait rattraper. L’émotion, le contexte l’ont peut-être un peu pris à la fin. »

« À chaud, je pense que c’est sur l’engagement et sur la lucidité sur la haie, analysait JKM. J’étais tellement concentré sur la médaille que j’ai oublié des points techniques. » Il y a aussi eu quelques ratés du côté de Wilhem Belocian. Le champion de France 2024, qui avait brillamment commencé la journée (7”47 en séries), a fini par payer les risques pris sur sa mise en action en quittant la compétition dès les demi-finales (7”64).

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.