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Kamel Daoud, un Goncourt menacé de mort par l’islam radical

by Nouvelles

2024-11-04 21:08:00

Kamel Daoud (Mesra, Algérie, 1970), prix Goncourt pour son roman “Houris”, est un écrivain et essayiste indispensable pour tenter de comprendre la tragédie historique de la montée de l’islamisme en Algérie, au Maghreb et en Europe.

Fils d’un gendarme algérien et fille libérale d’une famille bourgeoise, Daoud fut le seul, parmi six frères, à poursuivre des études supérieures, qui débutèrent très mal, séduit par la plus stricte « piété musulmane », flirtant avec un islamisme maghrébin qui commençait grandir dans l’Algérie de son enfance, de son adolescence et de sa petite jeunesse.

Cette première expérience religieuse radicale fut décisive dans la formation et le rejet ultérieur, sans fissures, d’un Islam devenu une religion dogmatique et redoutable.

Le jeune Daoud commence à exercer le journalisme dans plusieurs journaux algériens, où sa liberté de jugement se heurte bientôt à des problèmes de censure. Ses réflexions sur le Coran sont devenues de la dynamite politique. Du point de vue de Daoud, il y a trente ans, le langage du Coran fonctionne comme un dogme dangereux pour les libertés civiques et spirituelles des individus.

Ce type de critiques a valu une série de menaces de mort, dictées comme une fatwa : les condamnations des muftis et des spécialistes de la loi islamique, qui peuvent justifier la légalité de l’assassinat politico-religieux.

Depuis sa rupture avec l’islam dogmatique, Daoud a renoncé à l’arabe algérien familier pour commencer à construire son œuvre de narrateur, d’essayiste et de journaliste en français. Dès 2000, sa renommée naissante lui ouvre les portes du journalisme et de l’édition française.

Daoud a remporté le prix Goncourt du premier roman, en 2015, neuf ans avant le Goucourt qui lui a été décerné lundi après-midi.

Durant cette période, le romancier a publié une demi-douzaine de romans, d’ampleur croissante. Après « La Fable du Nain » (2003), « Oh, Pharaon » (2005), vient « Mersault… » (2014), relecture d’un célèbre roman d’Albert Camus, « L’Étranger ». Daoud reprend la réflexion existentielle et dramatique camusienne pour l’adapter à la nouvelle et toujours tragique réalité algérienne. C’est peut-être son livre le plus célèbre et le plus emblématique. Le roman « Zabor ou les Psaumes » (2017) a suivi.

Daoud a également publié trois livres de contes, deux livres de chroniques et deux essais sur des questions d’art contemporain. Ses chroniques dans l’hebdomadaire Le Point sont une référence fondamentale, accompagnées de polémiques inflammables. Sa dénonciation de l’islamisme le plus fanatique lors de Noël 2016 en Allemagne est légendaire.

Face à l’évolution du Maghreb, avec des tentations absolutistes en Tunisie, en Algérie et au Maroc, accompagnées de poussées islamistes, aux nombreuses ramifications en Europe, Daoud est un observateur privilégié. Il connaît, de manière intime et personnelle, l’importance de la langue dans la diffusion de l’islam djihadiste et estime que la « langue sacrée » du Coran est l’une des matrices capitales d’un conflit religieux et d’une guerre, indispensable à combattre dans le domaine culturel, littéraire, verbal.

Nos sociétés connaissent avec une relative précision la portée policière des menaces terroristes islamiques. Daoud nous invite à découvrir la racine ultime de ce « problème » : une menace culturelle d’une ampleur inquiétante. Le jihad contre l’Europe et l’Occident commence avec l’utilisation coranique de la langue et de la culture, enseignée dans certaines écoles publiques européennes.



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