Romain n’était pas préparé à une brutale confrontation ce matin de novembre alors qu’il se rendait tranquillement à son lieu de travail dans le centre de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine. Un minivan blanc vient en sens inverse à faible allure et s’immobilise devant lui. La porte côté passager s’ouvre brusquement et un homme en tenue kaki en sort, bloquant le passage. Pendant ce temps, la porte latérale du véhicule utilitaire laisse apparaître un deuxième individu, également habillé en tenue militaire. «C’était comme une scène de film policier, un kidnapping», raconte Romain. La surprise a provoqué un choc qui l’a laissé sans voix. Romain a eu de la chance, car il est français. Contrairement aux Ukrainiens arrêtés de la même manière ce jour-là et certains d’entre eux ont été enrôlés de force dans l’armée.
Des opérations coup-de-poing dans les salles de gym ou dans les endroits branchés, des arrestations arbitraires aux checkpoints ou des rafles par des escadrons de recruteurs: dans tout le pays, les commissariats militaires traquent ceux qui essaient d’échapper à la conscription. Ils recourent aussi parfois à des méthodes peu orthodoxes, sinon illégales, pour recruter ceux qui ne devraient pas l’être.
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