La beauté au milieu des ombres de la guerre: le regard de Fatimah Hossaini sur l’Afghanistan

Interstices de lumière à travers les toiles d’ombre de la guerre. Des regards, des sourires, des yeux fiers. Les femmes devant l’objectif de Fatimah Hossaini semblent irradier de courage, des éclairs de couleurs défiant le poids du rigorisme taliban. Elles sont pachtounes, tadjikes, hazaras. Et elles sont les multiples visages de la société afghane, bien cachés sous le cliché de la burqa qui recouvrirait chaque cheveu féminin de ce pays d’Asie centrale. La caméra de Fatimah Hossaini est là pour faire voler en éclats le stéréotype de la femme-voile, mais aussi pour que la beauté prenne le dessus sur la guerre, en tout cas le temps d’une photographie. La beauté au milieu des ombres de la guerre célèbre tout cela à la fois: la résistance, la splendeur, la diversité.

Rien ne prédestinait pourtant Fatimah Hossaini à traverser Kaboul caméra au point. Elle naît en 1993 dans un pays qui n’est pas le sien, l’Iran. Petite-fille d’exilés, elle apprend à connaître ses origines grâce aux histoires de ses parents et grands-parents, qui ont fui l’Afghanistan durant l’invasion soviétique. Elle grandit à Téhéran, et commence à peindre le monde avant de l’immortaliser. «J’ai rapidement compris qu’il serait plus rapide de faire de la photographie pour délivrer mes messages qu’en remplissant des toiles», rit-elle au téléphone. Elle se découvre une âme créative durant son adolescence mais pour ses parents, l’art ce n’est pas sérieux, en tout cas pas autant que les mathématiques. Elle passe son collège à étudier les sciences dures mais impossible d’aller plus loin: elle ne sera pas l’ingénieure que ses parents rêvaient qu’elle devienne.