15 mars 2024 Aujourd’hui à 20h28
Les feux clignotants les uns après les autres indiquent que la campagne électorale appelle à un débat de fond sur l’avenir de notre économie.
Il y a un débat fascinant en cours aux Pays-Bas sur l’avenir d’ASML. Le fabricant de machines à puces de renommée mondiale, l’un des piliers de l’industrie technologique occidentale, ne voit que peu d’opportunités d’expansion et dit se tourner vers la France et l’Allemagne. Le PDG Peter Wennink a qualifié la caste politique à La Haye de « fragile et stupide », selon l’économiste Matthijs Bouman à Het Financieele Dagblad a tiré la sonnette d’alarme et a conclu qu’une aventure étrangère d’ASML achèverait la « belgification » des Pays-Bas.
Bouman craint que les Pays-Bas ne glissent au niveau de la Belgique, où l’économie est dominée par des multinationales étrangères, complétées par quelques sociétés locales émergentes. Il fait référence à la liste du magazine économique Forbes avec les 2 000 plus grandes sociétés cotées au monde, dans lesquelles les Pays-Bas disparaissent peu à peu. Le statut de la Belgique n’est toujours pas visible : les Pays-Bas comptent beaucoup plus d’entreprises de premier plan que la Belgique, qui ne compte dans le top 1.000 que le brasseur AB InBev, le bancassureur KBC, le groupe chimique Solvay et l’assureur Ageas. . .
Se pourrait-il que le débat sur l’utilité d’un secteur privé florissant reçoive si peu d’oxygène parce que de plus en plus de personnes dans ce pays dépendent directement ou indirectement de la main généreuse du gouvernement ?
Tandis que les Pays-Bas se demandent s’ils ne deviennent pas trop belges, notre pays semble s’engager dans la prochaine étape de la « belgification » : il devient un peu plus belge, malheureusement sans faire grand bruit. Qui se demande encore pourquoi une entreprise comme ASML se tourne vers l’Allemagne et la France pour sa croissance, et non vers la Belgique, bien qu’elle soit intimement liée à ASML via le centre de développement de puces Imec ?
Qui se soucie du fait que la croissance de l’emploi en Belgique soit particulièrement forte au sein du gouvernement ou des institutions qui dépendent de l’argent du gouvernement ? Le gouvernement a financé près de la moitié des nouveaux emplois dans notre pays l’année dernière, a-t-on appris le rapport annuel de la Banque Nationale cette semaine. Se pourrait-il que le débat sur l’utilité d’un secteur privé florissant, sur l’entrepreneuriat et la compétitivité reçoive si peu d’oxygène et d’élan, parce que de plus en plus de personnes dans ce pays dépendent directement ou indirectement de la main généreuse du gouvernement ?
L’alarmisme ne profite à personne, mais il convient certainement de s’inquiéter davantage : du déséquilibre entre l’État et le secteur privé, du gouffre profond des finances publiques qui ne fait que se creuser sur pilote automatique, ou de la croissance économique qui a été artificiellement gonflée par l’indexation des salaires mais doit être payé par les entreprises. La migration et le pouvoir d’achat sont des préoccupations compréhensibles pour un citoyen désespéré à trois mois des élections, mais le débat sur l’origine et la destination du pouvoir d’achat deviendra-t-il enfin plus important ?
2024-03-16 10:27:56
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