La campagne électorale turque bat son plein

La campagne électorale turque bat son plein

2023-05-04 05:00:00

Kemal Kilicdaroglu

L’homme politique dirige une alliance de six partis d’opposition.

(Photo : AP)

Istanbul Kemal Kilicdaroglu fait beaucoup de promesses ces jours-ci. Le chef de l’opposition turque du CHP républicain publie une vidéo Twitter plus longue tous les deux jours. Tantôt il parle de la minorité religieuse des Alévis, tantôt des retraités qui souffrent d’une forte inflation.

Une autre vidéo concerne le secteur du salaire minimum. Dans ce document, le chef de l’opposition promet de ne pas prélever d’impôts sur les bénéficiaires du salaire minimum – même si le salaire minimum est exonéré d’impôt sur le revenu depuis plus d’un an et demi.

Le gouvernement a sauté sur la question. « Quelle est la prochaine étape ? », a demandé Ismail Cesur, conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan. « Une voiture électrique turque ? Un porte-avions ? Ou voulez-vous annoncer un troisième pont sur le Bosphore ? » – des questions rhétoriques, car ce sont tous des projets réalisés par le gouvernement actuel.

Après un démarrage remarquablement calme pendant le mois de jeûne du Ramadan et la maladie du président Erdogan, la campagne électorale turque culmine à près de deux semaines des élections. Le 14 mai, le président et le Parlement seront élus. Si aucun candidat à la présidentielle n’obtient la majorité absolue au premier tour de scrutin, un second tour aura lieu le 28 mai. Les sondages indiquent une course au coude à coude.

Le président Erdogan et le candidat commun de l’opposition Kilicdaroglu ont organisé des rassemblements politiques bruyants dans différentes parties de la Turquie au cours du week-end. Cependant, les questions vraiment importantes sont de plus en plus reléguées au second plan pendant la campagne électorale. Au lieu de cela, les deux se livrent à une bataille de boue sur Twitter et sur les plateformes de campagne qui semble de plus en plus irrationnelle.

Kilicdaroglu doit faire des concessions dans l’alliance contre Erdogan

Dans une vidéo, Kilicdaroglu a averti que le gouvernement pourrait utiliser des vidéos dites deepfake pour dénoncer l’opposition peu avant les élections. Ce sont des vidéos réalistes qui ont été déformées par l’intelligence artificielle. Quelques heures plus tard, l’un des camarades du parti de Kilicdaroglu a annoncé qu’il pouvait imaginer utiliser des vidéos deepfake pour sa propre campagne électorale.

>> Lire ici : La livre turque est sous pression avant les élections.

Le chef de l’opposition fait face à deux défis majeurs dans la campagne électorale. D’une part, il doit regrouper différents intérêts au sein de l’alliance de l’opposition, composée de six partis. Il s’ensuit que Kilicdaroglu est incapable d’aborder certaines questions dont il parlerait autrement.

Jusqu’à présent, Kilicdaroglu n’a pas une seule fois appelé à la fin des enquêtes sur le HDP à tendance kurde, qui n’a lui-même pas présenté de candidat. En effet, le parti national-laïc Iyi au sein de son alliance ne veut pas faire trop de concessions aux Kurdes du pays pendant la campagne électorale. L’homme de 74 ans n’a pas non plus encore demandé la libération du mécène culturel Osman Kaval car l’homme emprisonné depuis 2017 n’a guère de soutien du reste de l’alliance.

Partisans lors d’un événement Kilicdaroglu

La campagne électorale en Turquie bat son plein.

(Photo : AP)

En revanche, il a du mal à capitaliser sur la faiblesse de la politique économique du gouvernement. Kilicdaroglu parle souvent de l’économie turque, qui souffre d’une forte inflation et de l’effondrement de la lire. Sur les affiches électorales, il promet des investissements de 300 milliards de dollars américains. Mais il n’explique pas d’où viendra l’argent.

Les valeurs de l’opposition et du gouvernement en Türkiye varient considérablement dans les enquêtes

Les enquêteurs constatent une grande dynamique parmi les électeurs. Le challenger Kilicdaroglu est en tête dans certains sondages, mais d’autres certifient qu’Erdogan a réussi à rattraper son retard.

“Jusqu’au milieu de l’année dernière, l’alliance d’Erdogan perdait régulièrement des voix, tandis que l’opposition pouvait en gagner”, explique Ulas Tol de l’équipe de l’institut. En conséquence, l’opposition a atteint son apogée à l’été de l’année dernière, lorsque l’inflation a atteint 85 %.

« Par la suite, les chiffres de l’opposition sont retombés à 38 % », explique Tol. L’opposition n’a pas été en mesure de convertir longtemps la situation économique difficile en son propre soutien. A son tour, le camp gouvernemental est entré dans une phase de redressement. Après le tremblement de terre de février et de vives critiques sur la gestion de crise du gouvernement, “la balance a tourné en faveur de l’opposition”. Mais il devient évident que cette fois aussi, l’opposition ne pourra pas profiter longtemps des erreurs du gouvernement Erdogan.

Recep Tayyip Erdoğan

Le président turc est désormais plus modéré vis-à-vis de l’Occident.

(Photo : Agence Anadolu/Getty Images)

Pendant ce temps, le président Erdogan semble vivre un changement. Pendant la campagne électorale, il avait l’habitude de s’en prendre régulièrement à l’Occident, parlant de forces hostiles qui voulaient la Turquie.

On n’en entend plus parler maintenant. Au contraire, la Turquie a récemment donné le feu vert à la Finlande pour rejoindre l’OTAN. Ankara essaie de se réconcilier même avec de vieux ennemis comme l’Égypte, la Syrie et l’Arménie.

Erdogan veut toujours démontrer sa puissance. Pendant la campagne électorale, il a présenté un type de porte-avions pour drones de combat, une frégate, un avion de chasse de fabrication turque, ainsi que d’autres avions militaires et un char de combat.

Plus: Campagne électorale de Washington – Türkiye reçoit maintenant des pièces de F-16 après tout



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