La centrale nucléaire de Kashiwazaki Kariwa, la plus grande au monde, est à l’arrêt depuis plus de dix ans

C’est l’un des joyaux industriels du Japon. La centrale nucléaire de Kashiwazaki Kariwa est la centrale nucléaire la plus puissante au monde. Il peut générer une énergie de 8,2 GWh, ce qui peut couvrir les besoins de 13 millions de foyers. Autrefois au cœur d’un plan national visant à porter l’énergie nucléaire à 50 % du mix énergétique du pays, la centrale est aujourd’hui inutilisée.

Depuis 13 ans, aucun watt n’est sorti des sept réacteurs du site, affirme Bloomberg. Cet arrêt brutal a été décidé par le gouvernement japonais à la suite de la catastrophe de Fukushima. Un tsunami a frappé la côte est du pays, provoquant la fonte des cœurs de trois réacteurs et la surchauffe d’une piscine de combustible usé. Avec pour conséquence directe le déversement de déchets radioactifs dans l’océan Pacifique.

Les dix plages les plus dangereuses du monde

L’incident a été classé 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires, le niveau le plus élevé. Seule la catastrophe nucléaire de Tchernobyl avait atteint ce rang auparavant.

Les conséquences du tsunami : une facture colossale de 172 milliards de dollars

Face au désastre, le Japon a choisi d’abandonner ses projets et de faire de l’énergie nucléaire une source d’énergie bien moins importante que prévu initialement. Ce revirement s’est transformé en un arrêt de production dans presque toutes les centrales nucléaires du pays. Sur les 33 réacteurs japonais en activité, seuls 12 ont repris leur fonctionnement normal depuis l’accident de Fukushima.

Cette décision pèse encore sur l’économie japonaise puisque le pays est contraint d’importer une grande partie de son énergie. L’année dernière, la facture s’élevait à 172 milliards de dollars. Surtout, en se rabattant sur d’autres sources d’énergie, le Japon est devenu un mauvais élève de la transition énergétique avec une dépendance aux énergies fossiles.

Sauf qu’aujourd’hui, l’électricité est une ressource critique pour le Japon. Avec le marché des semi-conducteurs en plein essor et l’émergence de l’intelligence artificielle, le pays insulaire cherche à attirer les acteurs de ces domaines. Mais ces secteurs d’activité sont particulièrement énergivores.

Un débat autour de la réouverture de Kashiwazaki Kariwa divise donc le pays. Notamment parce que le site appartient à Tokyo Electric Power (Tepco), l’opérateur en charge de la centrale de Fukushima lors de la catastrophe.

Deux des réacteurs de la centrale sont autorisés à redémarrer depuis 2017

Surtout, cette réouverture irait dans le sens d’un engouement mondial pour l’énergie nucléaire. D’ici 2030, 24 % de l’électricité d’origine nucléaire devrait être produite par rapport à 2022, et 140 % d’ici 2050. Le Japon pourrait même devenir une figure de proue avec une telle installation.

« C’est très important pour le Japon de pouvoir à nouveau compter sur Kashiwazaki Kariwa »assure Bloomberg Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique. “Combien de pays disposent de cette capacité inutilisée ? De nombreux pays aimeraient l’avoir.”

La production d’énergie nucléaire présente l’avantage de fournir de l’électricité en continu, contrairement à l’énergie éolienne ou solaire. Or, il faut plus de dix ans pour construire une centrale électrique et son fonctionnement actuel – la fission nucléaire – nécessite une gestion du combustible irradié pendant des milliers d’années.

Il appartient désormais aux autorités locales de décider si la plus grande centrale nucléaire du monde doit remettre en service. En 2017, deux des sept réacteurs de Kashiwazaki Kariwa ont été autorisés à redémarrer par le régulateur nucléaire national. Mais rien n’a été décidé depuis.

Et si ce choix est si difficile, c’est parce que les signaux ne sont pas entièrement au vert. Plusieurs épisodes ont fait resurgir les craintes. Et ce, avant même la catastrophe de Fukushima. En 2007, un tremblement de terre entraîne une fuite de produits radioactifs. Les inquiétudes suscitées à l’époque n’ont pu qu’être amplifiées par le tsunami de 2011.

L’énergie nucléaire devrait représenter 20 à 22 % du mix énergétique japonais en 2030

Mais en 2021, Tepco s’est vu interdire d’exploiter la centrale électrique de Kashiwazaki Kariwa. La raison ? Une intrusion d’un employé dans la salle de contrôle centrale muni du badge d’un autre membre du personnel. L’entreprise a depuis retrouvé ses droits d’exploitation en décembre 2023, avec d’importantes annonces de sécurité.

Aujourd’hui, c’est non seulement la plus grande centrale nucléaire du monde, mais aussi la plus sûre, affirme son site Internet. Il est notamment prévu d’ériger des digues de 15 m de haut tout autour du site, de placer des barrières anti-inondation et de construire un réservoir pouvant accueillir 20 000 tonnes d’eau.

En juin, l’assemblée régionale de la préfecture de Niigata se réunira. Elle peut alors décider de redémarrer ou non l’usine. Mais cette fois, le pays semble déterminé à donner une nouvelle chance au nucléaire. D’ici 2030, cette source d’énergie devrait représenter 20 à 22 % du mix du pays, selon les objectifs fixés par le gouvernement.

Pour cela, il faudrait que dix réacteurs reprennent du service dans le pays. Les deux centrales en activité de la centrale électrique de Kashiwazaki Kariwa en font partie. En mars, le ministre du Commerce (qui supervise l’énergie) a envoyé un haut fonctionnaire s’entretenir avec le gouverneur de Niigita. Dans le même temps, Tepco a réapprovisionné l’unité 7 de sa centrale en combustible nucléaire pour la première fois depuis 2011.

Entre traumatismes passés et pression économique, l’énergie nucléaire apparaît comme une porte de sortie pour le Japon. Mais la difficulté réside dans la manière dont sont priorisées les batailles à mener : d’une part le risque encouru par les habitants, de l’autre le réchauffement climatique. Tout en sachant que le climat pèse aussi sur la santé des Japonais.

#centrale #nucléaire #Kashiwazaki #Kariwa #grande #monde #est #larrêt #depuis #dix #ans

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.