La chasse aux « italophones » d’Istrie, la légende de l’accord entre la mafia et les Alliés – Corriere.it

La chasse aux « italophones » d’Istrie, la légende de l’accord entre la mafia et les Alliés – Corriere.it

2024-02-09 22:49:04

De ERNESTO GALLI DELLA LOGGIA

L’histoire des Istriens de 1943 à aujourd’hui signée Mila Orlic. Et puis la méga-anthologie des années 60 rassemblée par Enrico Deaglio. Salvatore Lupo et le débarquement en Sicile

Arrivé à la fin de ce livre Mila Orlic (Identité frontalière, Histoire de l’Istrie et des Istriens de 1943 à aujourd’hui, Viella, p. 212, e 24) le lecteur est amené à la conclusion suivante : il n’y a jamais eu d’Italiens en Istrie. En Istrie, en 1943, en effet, selon le texte, il y avait une population croate, il y avait une population slovène, mais pas de population italienne. Il y avait tout au plus des « italophones », comme l’auteur les appelle à chaque fois. Comme beaucoup d’historiens à la pageOrlic est amoureuse de la « complexité » et en fait, la situation en Istrie de 1943 à 1947 était vraiment complexe, et elle nous l’explique très bien sous tous ses aspects. Même si cela a été simplifié à sa manière, ajoutons-nous, par le pouvoir communiste – trop souvent, voire presque toujours dans ces pages définies comme “populaires” – et, comme l’écrit l’auteur elle-même, il y avait la peur de la violence, de ” chasse à l’homme” et du “climat d’arbitraire et de terreur dont chacun peut être victime”. Eh bien, pas n’importe qui comme victime, nous semble-t-il : s’agissait-il principalement de « italophones » ?

C’est une brique de 594 pages mais celle-ci intrigue à sa manière Enrico Deaglio (Il était une fois en Italie. Les années soixante, Feltrinelli, p. 608, e 35) : un parcours interminable depuis la mort de Fausto Coppi le 2 janvier 1960 jusqu’aux funérailles de Pinelli le 21 décembre 1969, une mégantologie de centaines d’écrits les plus variés tirés des chroniques de la décennie fatale qui fut pour l’Italie celle de la modernisation et pour la Première République aussi celle de la perte de l’innocence. Un livre à lire plutôt qu’à mâcher, utile pour se remémorer l’épisode qui a échappé à ceux qui étaient là et pour ceux qui, heureusement, n’y étaient pas encore, utile pour se faire une idée du passé, pour l’avoir découvert grâce à un essai, un fait divers exemplaire, peut-être un passage de roman. Il va sans dire que tout est consciencieusement « de gauche », pensé dans cette perspective, avec cette sélection d’intérêts (mais très ouvert au national-populaire : bref, Freda et la mafia, mais aussi Nada et Gigi Meroni), et en utilisant des mémoires qui sont également « démocrates » à 90 pour cent : après tout, quel tort aurait Enrico Deaglio s’il n’y avait pas alors une Camilla Cederna de droite ?

Dans notre discours public, la reconstruction documentée du passé, c’est-à-dire le travail des historiens, n’a pas beaucoup d’importance. Soit parce qu’on lit peu, soit parce qu’en fin de compte, dans les journaux et à la télévision, l’emporte toujours cette version du passé qui, de temps en temps, convient aux factions nationales : une version peut-être sans fondement, fausse, mais qui, à force de être répété devient un sens commun, même si en réalité ce n’est rien d’autre qu’un mythe. Comme celle selon laquelle la mafia avait on ne sait quel rôle important dans le débarquement des Américains en Sicile. Un vrai mensonge. Très avide politiquement — combinant lutte contre la mafia et anti-américanisme — mais toujours un mensonge ; comme cet excellent livret de Salvatore Lupo (Le mythe de la grande conspiration, Donzelli, p. 112, e 16). Mais comme l’avait déjà montré un bel essai d’Elena Aga Rossi il y a quelques années, inexplicablement, il n’est même pas mentionné ici dans la bibliographie océanique où se trouve même un écrit du Groupe Abele.

9 février 2024 (modifié le 9 février 2024 | 20h46)



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