La Chine domine le marché de l’automobile électrique, grâce à des coûts de production très bas et à sa maîtrise des minéraux critiques nécessaires à la fabrication des batteries. Les constructeurs occidentaux sont donc confrontés à un important retard technologique. Toutefois, les Nord-Américains ont développé des avancées significatives en matière d’autonomisation des véhicules, de design, de logiciel et de marketing, ce qui les positionne pour avancer rapidement dans le secteur. Malgré des tensions diplomatiques, une collaboration et un marché ouvert semblent être dans l’intérêt de tous. Le Canada dispose d’une filière automobile stratégique, mais doit agir rapidement pour s’emparer de la rente de l’automobile électrique. Cela dit, il doit faire face à des défis tels que l’acceptabilité sociale des chaînes d’approvisionnement des minéraux critiques. Les experts estiment que la voiture électrique est un symbole du déplacement du pouvoir mondial, les métaux critiques étant comparables au pétrole.

Nous avons discuté avec Yan Cimon, professeur de stratégie à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, et Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, pour explorer la question de la domination chinoise sur le marché de l’automobile électrique. Les constructeurs américains et européens semblent avoir du mal à suivre le rythme. Dans quelle mesure sont-ils en retard ?

Selon Michel Jébrak, lors du dernier salon de l’automobile de Shanghai en avril, les constructeurs occidentaux ont réalisé leur retard en termes de batteries et de la capacité à produire des voitures à bas prix. Les Chinois proposent des véhicules électriques pour environ 10 000 dollars, très loin de ce qui se fait en Occident. Les fabricants chinois ont également massivement adopté les batteries LFP, qui ne nécessitent pas de nickel et de cobalt plus chers, plus rares et plus polluants, contrairement aux constructeurs occidentaux. En outre, les minières chinoises ont suivi le mouvement, ce qui leur permet d’assurer leur approvisionnement en métaux, en particulier en lithium.

Selon Yan Cimon, les Nord-Américains ont tout de même un avantage intéressant en termes de technologie, notamment en matière d’autonomisation des véhicules, de design, de logiciel ou de marketing. Cependant, la compétition à venir dépendra de la collaboration entre l’Occident et la Chine, qui contrôle plus de 90 % des minéraux critiques nécessaires à la construction des batteries et des véhicules électriques.

En ce qui concerne les défis de la filière automobile au Canada, Yan Cimon souligne son importance stratégique pour maintenir un nombre important d’emplois à forte valeur ajoutée. Le Canada dispose également d’un bassin de main-d’œuvre qualifiée et de centres de recherche leader mondial dans leur domaine, mais il doit se donner les moyens de concurrencer les leaders mondiaux.

Michel Jébrak précise également que la question de l’acceptabilité sociale des chaînes d’approvisionnement des véhicules électriques est importante, car il y a encore du scepticisme ou de l’incertitude quant aux impacts environnementaux de l’extraction des minéraux critiques. Selon lui, la voiture électrique symbolise le déplacement du pouvoir mondial, les terres rares étant le pétrole de la Chine selon XI Jinping. Cependant, Yan Cimon estime que le Canada pourrait consolider ses avantages grâce aux activités à forte valeur ajoutée et agir rapidement pour s’emparer de cette rente.

Note: Les questions et les réponses ont été éditées pour plus de clarté.
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