La circulation des arbovirus en France métropolitaine en 2022 : une année exceptionnelle avec des conséquences pour l’avenir

La circulation des arbovirus en France métropolitaine en 2022 : une année exceptionnelle avec des conséquences pour l’avenir

Temps de lecture estimé : 5 min Selon tous les spécialistes, l’année 2022 a été “exceptionnelle” en France métropolitaine en ce qui concerne la circulation des arbovirus, ces virus transmis par des arthropodes se nourrissant de sang, tels que les tiques ou les moustiques. Est-ce que l’année dernière annonce ce qui nous attend à l’avenir ? Ou s’agit-il plutôt d’une anomalie pour notre pays, habituellement peu touché par ces virus, considérés comme “exotiques” ? Abonnez-vous gratuitement à la newsletter quotidienne de Slate.fr et ne manquez aucun article ! Je m’abonne 2022, l’année de tous les records en France métropolitaine Revenons en arrière. En 2022, au milieu de l’été, un premier cas “autochtone” de transmission de la dengue est signalé en France. Ce terme désigne une infection détectée sur le territoire national, sans que le patient n’ait voyagé dans une zone contaminée auparavant. Contrairement aux cas “importés” en provenance de l’étranger, cela signifie que le virus circule dans le pays. À l’époque, cela n’était pas très surprenant : la dengue, la maladie arbovirale la plus répandue dans le monde, touchant entre 100 et 400 millions de personnes chaque année, a déjà été responsable de cas autochtones ces dernières années en France métropolitaine. Le virus a notamment été détecté dans les Alpes-Maritimes, le Var, les Bouches-du-Rhône, l’Hérault ou encore le Gard, totalisant une trentaine de cas depuis 2010. Il n’y avait donc aucune raison de s’inquiéter initialement. Mais voilà, l’année 2022 ne s’est pas déroulée comme prévu et les cas autochtones se sont multipliés. Neuf épisodes de transmission autochtone de la dengue ont été recensés, totalisant soixante-six cas au total, dans les régions d’Occitanie (douze cas), de Provence-Alpes-Côte d’Azur (cinquante-deux cas) et de Corse (deux cas), selon les chiffres révélés par Santé publique France. De plus, le virus a touché de nouveaux départements où aucun cas de dengue n’avait jamais été identifié auparavant, tels que la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées ou encore les Pyrénées-Orientales. Soixante-six cas autochtones peuvent sembler peu. Mais cela représente, en une seule année, plus du double des cas recensés en douze ans, depuis le premier cas de dengue autochtone identifié en France en 2010 dans les Alpes-Maritimes. La dengue est une maladie qui ne doit pas être prise à la légère. La dengue, une maladie potentiellement grave Bien qu’elle soit asymptomatique dans une grande proportion des cas (de 50% à 90%, selon les études), la dengue peut néanmoins prendre une forme potentiellement mortelle chez environ 1% des cas : la dengue dite “hémorragique”, qui s’accompagne de saignements multiples, notamment gastro-intestinaux, cutanés et cérébraux. Chez les autres personnes présentant des symptômes, la maladie se manifeste principalement par des symptômes similaires à ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, etc. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 500 000 personnes sont hospitalisées chaque année dans le monde en raison de formes graves de la maladie, qui entraînent entre 10 000 et 15 000 décès. Au-delà de ce coût en vies humaines, la prise en charge de la maladie a un certain impact sur la communauté. Limiter le nombre de cas est important, car la maladie risque de se propager à chaque piqûre de moustique. Quels moyens de lutte ? Lorsqu’un moustique vecteur pique un hôte infecté, le virus se multiplie dans son organisme. Lors de la piqûre suivante, il passera dans le sang d’une autre personne, où il pourra être prélevé par un autre moustique, et ainsi de suite. Le meilleur moyen de limiter la propagation d’une infection est donc de lutter contre le principal vecteur de ce virus : Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique tigre. Une tâche très compliquée, car la zone de répartition de ce moustique ne cesse de s’étendre en France ces dernières années, ce qui augmente considérablement le nombre de départements à risque. Au 1er janvier 2023, sur quatre-vingt-seize départements de France métropolitaine, soixante-et-onze sont colonisés par le moustique tigre, selon le ministère de la Santé et de la Prévention. Chaque foyer identifié nécessite la mise en place d’une infrastructure assez lourde pour briser le cycle de transmission des virus chez la population humaine : opérations de démoustication à proximité des cas détectés (pour éliminer les moustiques adultes ainsi que leurs larves), actions de sensibilisation du public et des professionnels de santé, enquêtes de porte-à-porte menées en collaboration avec les Agences régionales de santé (ARS), Santé publique France et les agences de démoustication (Altopictus ou l’Entente interdépartementale pour la démoustication). À quoi s’attendre dans les années à venir ? Il est très difficile de prévoir la circulation des arbovirus, car leur cycle de transmission est influencé par de nombreux paramètres. Il est donc difficile de savoir si 2023 et les années suivantes seront du même ordre, voire pires, que 2022. Il est également difficile de prévoir quelle arbovirose, parmi la dengue, le virus Zika ou le chikungunya, sera la plus prégnante. Cependant, étant donné que la dengue est l’arbovirose la plus présente à travers le monde, il est fort probable qu’il y ait de plus en plus de cas de cette maladie en métropole ces prochaines années. Une chose est certaine : il est désormais clairement établi que nous devons nous attendre à une augmentation des cas de transmission arbovirale en France métropolitaine au cours des prochains étés. Surtout, la situation “exceptionnelle” observée en France l’année dernière n’est pas isolée à l’échelle mondiale. Dans les Amériques, 2,8 millions de cas de dengue ont été identifiés en 2022, soit plus du double du nombre de cas signalés en 2021. Et 2023 est déjà synonyme pour certains pays d’une épidémie de dengue sans précédent : le Pérou est confronté à la vague la plus intense depuis la réapparition de cette maladie dans le pays en 1990. Autre indicateur inquiétant, l’OMS se prépare à ce que le phénomène El Niño, prévu pour 2023 et 2024, puisse augmenter la transmission non seulement de la dengue, mais aussi des autres arbovirus. Enfin, le changement climatique aura également des conséquences sur la prolifération des moustiques vecteurs de ces maladies, en prolongeant la période d’activité des moustiques, dont le pic s’étend actuellement de mai à septembre. De plus, des températures élevées favorisent la multiplication des virus chez les moustiques et donc leur transmission. Les réseaux de surveillance poussés à leurs limites Bien qu’il s’agisse d’un record absolu, le nombre de cas de dengue rec
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