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La corruption, un peu utile ?

by Nouvelles

Des flots de paroles ont décrit,interprété et condamné la réalité insaisissable de la « corruption ». Il suffit de se rappeler les milliers de pages imprimées ou d’heures télévisées consacrées au phénomène ces dernières décennies, particulièrement en Italie, patrie putative de nombreux filous et de quelques nobles nettoyeurs de corruption.

En italie, une vision de la corruption émanant de magistrats pénaux et de titres à sensation a presque toujours prévalu, alimentant le débat public avant de s’estomper, laissant souvent les choses inchangées, voire aggravées. Cependant, cantonner la corruption à un domaine purement pénal revient à ignorer qu’elle est souvent un élément intrinsèque de processus plus vastes (dialectique sociale, révolution, formation de nouveaux États, guerres locales, etc.). Malheureusement,le réductionnisme éthique de la corruption “empêche de voir les uniformités sociales par rapport aux faits”,une formule remarquable de Giulio Sapelli,qui n’est pas sans rappeler l’affirmation plus célèbre de Joseph Nye selon laquelle la corruption est un phénomène trop significant pour être laissé aux mains des moralistes.

La lecture de ces pages confirme combien d’événements (épisodes historiques, crises politiques, innovations institutionnelles, etc.) ont intégré des épisodes et des mécanismes de corruption. L’introduction de ce livre cite l’acte de naissance des États-Unis, qui coïncida avec une spéculation gigantesque, une véritable honte nationale. On rappelle ensuite comment la glorieuse entreprise italienne des Mille fut facilitée par des émissaires de Cavour qui parcoururent le Mezzogiorno en achetant à prix d’or les personnes les plus influentes, de même que, quatre-vingts ans plus tard, le débarquement des Américains en Sicile en 1943 fut favorisé par un accord tacite mais bien structuré avec le monde mafieux d’Outre-Atlantique.

Dépassant les expériences italiennes trop commentées, l’auteur rappelle que les Romains se défendirent d’une attaque des Vandales en achetant à prix d’or les Alains, alliés des Vandales, notamment les chefs de leur cavalerie. Du reste, les Grecs de l’antiquité connaissaient également la corruption, si l’on en croit Plutarque qui écrit que Périclès par des dons d’argent public corrompit la multitude et utilisa sa force contre l’Aréopage (dans une Athènes, d’ailleurs, où les sentences des tribunaux étaient vendues au plus offrant).

Il est également naturel (et très utile) de rappeler les pages consacrées aux événements américains : non seulement au scandale financier initial, mais surtout à l’histoire et à la fonction de Tammany Hall, exemple remarquable d’une association politico-électorale-clientéliste qui, au cours de ses 170 ans d’existence, a utilisé des matraques, des pistolets, des chantages, des méthodes mafieuses et la corruption, mais a néanmoins intégré des millions d’immigrants dans la dynamique économique et civile normale des États-Unis. Passant à un autre continent,on rappelle comment la transition de l’Afrique du sud de l’apartheid à la démocratie (qui aurait pu déclencher une lutte mortelle bien plus étendue entre Noirs et Blancs) fut menée également avec un usage limité et bien ciblé de la corruption,selon le principe qu’il était préférable pour les Blancs comme pour les Noirs de partager le pouvoir et d’hériter d’un pays riche intact plutôt que de s’entretuer sur les ruines de la bataille ethnique. Revenant ensuite à l’Europe, on estime que dans l’immédiat après-guerre (1920-1930), alors que certaines nations européennes se sont tournées vers le fascisme (Italie, Allemagne, Espagne), d’autres (Royaume-Uni, France, Pays-Bas et Belgique) ont réussi à éviter ce destin, car la possession de vastes et riches empires coloniaux, avec leur surplus économique, permettait à la fois des soupapes de placement social et existentiel des mécontents internes (les plus enclins à en venir aux mains) et plus généralement d’acheter l’acquisition des opposants politiques potentiels.Ces exemples notoires de corruption,qui deviennent partie intégrante de processus sociaux,voire de processus historiques,confirment une sensation initiale : ce travail finit par révéler des vérités plus profondes,qui échappent souvent à la tentation facile de tout réduire à une affaire immorale d’acheteurs et de vendeurs.

La relecture de ces pages procure une grande sensation de liberté intellectuelle, vraisemblablement liée à la prise de conscience que la corruption n’est pas une déviance d’un individu contre la régularité du système, mais une des composantes de l’évolution du système.

La corruption fait partie du « polythéisme culturel » (et souvent aussi éthique) des sociétés les plus avancées, qu’il s’agisse des sociétés oligarchiques (qui plaisaient tant à Alexander Hamilton) ou des sociétés industriellement « libertines » dans lesquelles on s’accorde des dynamiques et des dialectiques culturelles et politiques plus libres (et qui attiraient tant Thomas Jefferson, personnage mythique au-delà de son ambiguïté personnelle : il était propriétaire d’esclaves mais a contribué à édifier un grand pays moderne).

On y découvre la capacité à mettre en lumière de grands personnages historiques : en premier lieu Jefferson, si imprégné de révolution française ; et ensuite Filippo Mazzei, auquel sont destinées les dernières pages du volume, une « note biographique » d’un personnage méconnu de la grande histoire européenne, avant, pendant et après le pic de la révolution française.

La Corruption : Au-delà du Réductionnisme Éthique

Des flots de paroles ont tenté de décrire, interpréter et condamner la corruption, un phénomène insaisissable. Des milliers de pages et d’heures de télévision ont été consacrées à ce sujet, particulièrement en Italie, souvent perçue comme la terre natale de nombreux corrompus et de quelques rares “nettoyeurs” de corruption.

En Italie, la vision de la corruption, souvent portée par des magistrats et des médias sensationnalistes, a dominé le débat public avant de s’estomper, laissant les choses inchangées ou pire, aggravées. Cependant, réduire la corruption à un simple problème pénal ignore son rôle intrinsèque dans des processus plus vastes : dialectique sociale, révolutions, formation d’États, guerres, etc. Comme le souligne Giulio Sapelli, “le réductionnisme éthique de la corruption empêche de voir les uniformités sociales par rapport aux faits”, un constat qui rejoint l’affirmation de Joseph Nye : “la corruption est un phénomène trop significatif pour être laissé aux mains des moralistes”.

De l’Antiquité à nos Jours : La Corruption comme Facteur Historique

L’étude de la corruption révèle son implication dans de nombreux événements historiques,crises politiques et innovations institutionnelles. La création des États-Unis a coïncidé avec une spéculation massive, qualifiée de “véritable honte nationale”. L’unification italienne a été facilitée par des émissaires de Cavour achetant les personnes influentes du Mezzogiorno. Le débarquement américain en Sicile en 1943 a bénéficié d’un accord tacite avec la mafia. Même les Romains ont acheté les Alains pour se défendre contre les Vandales, et Périclès, selon Plutarque, a corrompu la multitude à Athènes.

Aux États-Unis, Tammany Hall, association politico-électorale-clientéliste, a utilisé la corruption durant 170 ans tout en intégrant des millions d’immigrants dans la société. En Afrique du Sud, la transition de l’apartheid à la démocratie a impliqué un usage limité et ciblé de la corruption, privilégiant le partage du pouvoir et la préservation du pays plutôt qu’une guerre civile. Après la Première Guerre mondiale, certains pays européens ont évité le fascisme grâce à leurs empires coloniaux qui permettaient de gérer les mécontentements internes et d’acheter les opposants politiques.

La Corruption : composante de l’Évolution des Systèmes

Ces exemples démontrent que la corruption est souvent une composante intégrante de processus sociaux et historiques, dépassant la simple vision morale d’une affaire d’acheteurs et de vendeurs. Considérer la corruption comme une composante de l’évolution des systèmes offre une plus grande liberté intellectuelle. Elle fait partie du “polythéisme culturel et éthique” des sociétés avancées, qu’elles soient oligarchiques (comme le souhaitait Alexander Hamilton) ou “libertines” (attirant Thomas Jefferson).

L’étude de la corruption permet également de mettre en lumière des personnages historiques comme Thomas Jefferson et Filippo Mazzei, dont la biographie est détaillée.

Tableau Récapitulatif : Exemples de Corruption Historique

| Événement/Période | Lieu | Type de Corruption | Conséquence |

|—|—|—|—|

| Création des États-Unis | États-Unis | Spéculation financière | “Véritable honte nationale” |

| Unification italienne | Italie | Achat d’influence | Succès de l’unification |

| Débarquement en Sicile (1943) | Sicile | Accord tacite avec la mafia | Succès du débarquement |

| Défense de Rome contre les vandales | Rome antique | Achat d’alliés | Résistance réussie |

| Athènes antique | Athènes | Corruption de la multitude par Périclès | Consolidation du pouvoir |

| Tammany Hall | États-Unis | Corruption politique et clientélisme | Intégration d’immigrants |

| Transition en Afrique du Sud | Afrique du Sud | Usage ciblé de la corruption | Transition démocratique pacifique |

| Après-guerre (1920-1930) | Europe | achat d’opposants politiques | Évitement du fascisme dans certains pays |

FAQ

Q : la corruption est-elle toujours négative ?

R : Non, le texte montre que la corruption peut parfois servir d’outil pour des fins plus larges, comme la stabilité politique ou la prévention de conflits.

Q : Quels sont les auteurs cités dans le texte ?

R : Giulio Sapelli, Joseph Nye, Plutarque, Alexander hamilton et Thomas Jefferson.

Q : Quel est le point principal du texte ?

R : Le texte remet en question la vision simpliste de la corruption et propose une analyze plus nuancée de son rôle dans l’histoire et la société.

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