MONTRÉAL – Et si la coupe Dunsmore était rebaptisée la coupe Dussault ? Cette idée permettrait enfin au trophée de football québécois le plus prestigieux de porter un nom représentatif de la province.
À la fin novembre, une pétition sur ce sujet a été lancée par les Montagnards – les supporteurs des Carabins de l’Université de Montréal – et leur président Éric Généreux. Sans bénéficier d’une visibilité médiatique, cette pétition a déjà rassemblé plus de 1300 signatures.
“Nous sommes en contact avec un tas de personnes et, à un moment donné, avant la coupe Dunsmore de 2023, quelqu’un a posé la question ‘Coudonc, c’est qui ça Dunsmore ?'”, a commencé Généreux pour expliquer le projet.
“Nous avons gratté un peu pour réaliser que ce M. Dunsmore n’a aucun lien avec le football québécois ou presque. Nous avons donc pensé que ce n’était pas très pertinent”, a ajouté Généreux.
Robert L. Dunsmore était diplômé de l’Université Queen’s, en Ontario. La coupe Dunsmore a été remise pour la première fois en 1980 au champion de la division Ontario-Québec de l’époque. Mais, depuis 2001, Queen’s et l’Université d’Ottawa ont quitté cette division.
“Ça fait plus de 20 ans et le trophée porte toujours le nom d’un ancien de Queen’s”, a noté Généreux.
Sans réfléchir pendant trois bateaux-bateaux, le nom de Jacques Dussault a été proposé pour rafraîchir le nom du trophée. Un geste qui serait plus qu’opportun alors que Dussault a été intronisé au Temple de la renommée du football canadien en 2023.
“Si nous devions nommer une personne qui a eu un impact sur le football au Québec, c’est bien Jacques Dussault. Cela semble évident. Il suffit de penser à tout son parcours, à l’importance de l’œuvre de l’homme”, a indiqué Généreux, Dussault ayant joué un rôle de pionnier en montrant que les francophones du Québec pouvaient assumer de grands postes en dehors du Canada.
Quand on a sondé Dussault pour obtenir son avis, il avait surtout une priorité en tête.
“Il est très important que nous finissions par attribuer un nom francophone à ce trophée. Et je ne parle pas nécessairement du mien. Je trouve que nous en sommes là. Dunsmore ne me dit absolument rien, et je ne suis pas le seul au Québec à penser ainsi”, a mentionné celui qui a consacré plus de 50 ans de sa vie au football.
“Il faudrait que nous allions jusqu’au bout pour apposer un nom francophone à ce trophée. Le football québécois a fait un grand virage au fil du temps, et ce serait l’une des prochaines étapes. Je n’ai pas les chiffres, mais cela fait longtemps que cette coupe n’a pas été disputée entre deux universités francophones”, a ajouté Dussault, la dernière présence de l’Université Concordia à ce match remontant à 2008.
Même s’il est reconnu pour son humilité, l’homme de 73 ans a admis que cela lui réchaufferait le cœur.
“Ce serait mentir de dire que cela ne me ferait pas plaisir. Avec les années qui passent, on devient un peu plus sensible à ces choses. C’est sûr que cela serait un moment très spécial pour moi”, a confié Dussault, qui se souvient que cette idée avait déjà été soulevée par Jean-Charles Lajoie.
En l’écoutant, on réalise que cet honneur serait précieux en raison de son identité québécoise. Il souriait en parlant de son entrée au Temple de la renommée, à Hamilton. Un moment qui lui a rappelé que “le vieux proverbe ‘Nul n’est prophète dans son pays’ n’existe pas pour rien”.
Le sujet sera abordé par le RSEQ
Pour exécuter ce changement, il faut bien sûr un vote majoritaire des cinq institutions universitaires québécoises qui composent la division du RSEQ (Réseau du sport étudiant du Québec).
“J’ai déjà envoyé la pétition à leur président, M. Roel, pour leur dire que cela circule et que nous croyons que c’est pertinent étant donné où en est le football universitaire québécois. Je n’enlève rien à M. Dunsmore, c’est juste que son héritage n’a pas de lien avec le Québec”, a-t-il précisé en sachant qu’une telle décision ne se concrétise pas du jour au lendemain.
Si le RSEQ n’avait pas répondu au courriel expédié par Généreux, l’organisme a confirmé au RDS.ca que le projet serait abordé la semaine prochaine lors d’une réunion avec les universités Concordia, Laval, McGill, Montréal et Sherbrooke.
“Nous sommes au courant, un peu comme tout le monde dans la communauté du football. Cela circule, et certains de nos établissements membres nous ont interpellé à ce sujet”, a commenté Benoit Doloreux, le directeur du secteur universitaire au RSEQ.
“Nous allons aborder la question lors de notre rencontre, mais c’est une décision qui appartient à nos membres”, a-t-il ajouté.
Sans vouloir se prononcer pour les directeurs des sports des universités, Doloreux reconnaît que l’attrait du nom Dussault serait plus fort.
“C’est sûr que la connexion avec le nom Dussault est plus viscérale, directe et émotive. Cela dit, c’est un trophée remis depuis plusieurs décennies, et il y a une tradition rattachée à ça. Nous allons voir ce que nos directeurs des sports vont décider”, a déclaré Doloreux.
Rappelons qu’en 2002, les universités canadiennes avaient décidé de larguer le nom coupe Churchill pour le remplacer par la coupe Uteck, le trophée remis au gagnant de la demi-finale de l’Est.
D’ailleurs, avant la pandémie, l’idée d’actualiser la coupe Dunsmore avait été abordée, mais la COVID-19 a imposé d’autres priorités.
Des partisans de Québec auraient à s’y habituer
Sur une note amusante – même si certains partisans n’entendent pas à rire à ce propos – Généreux a réalisé que le nom de Jacques Dussault ne ferait pas plaisir à chacun.
“Je me souviens que des partisans du Rouge et Or, quand nous avons suggéré ce nom, c’était comme si nous avions blasphémé pour eux. Ils voient juste l’association avec les Carabins. Mais il a fait bien plus que ça, il n’a été avec les Carabins que pendant quatre ans”, a confié Généreux.
“Je suis originaire de Québec, j’ai appris à jouer au football à Québec et c’est là que j’ai grandi. Un de mes premiers emplois comme entraîneur était dans une école secondaire de Québec”, a rappelé Dussault.
Son parcours comporte des implications avec des équipes secondaires, collégiales, universitaires et professionnelles (les Alouettes et la Machine de Montréal) au Canada, aux États-Unis et en France.
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