Publié le 14 octobre 2023 à 10h45
Les jeunes Italiens suivent les moindres détails de sa vie privée. À 33 ans, le rappeur Fedez domine à la fois la scène musicale et les réseaux sociaux transalpins avec sa compagne, l’influenceuse star Chiara Ferragni, dont les followers cumulés sur Instagram, Facebook, Twitter et TikTok se comptent par millions. Si cette vitrine leur sert à surexposer les faits les plus anodins de leur quotidien, ils l’utilisent aussi, parfois, comme tribune pour lancer des messages à destination de leur public et attirer l’attention sur des thèmes peu médiatiques.
Le quotidien “La Repubblica” se fait ainsi l’écho de l’appel lancé par Fedez à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale. Le rappeur, qui avait été atteint d’un cancer, avait suscité l’inquiétude de ses fans après une nouvelle hospitalisation. Il a préféré parler de la dépression aiguë dont il a souffert.
Un bond des dépressions durant la pandémie
“Les pouvoirs publics, malgré quelques progrès, n’investissent pas suffisamment de ressources pour la prévention et la réadaptation dans le domaine de la santé mentale. Peu d’institutions s’en occupent”, a alerté Fedez, en rappelant que “les troubles mentaux peuvent toucher tout le monde, même ceux que l’on croit heureux car ils ont tout”.
C’est justement ce qu’il a démontré en reprenant les chiffres de la société italienne de psychiatrie, publiés également par “La Repubblica”. Les cas de dépression en Italie ont augmenté de 26 % et les troubles anxieux ont bondi de 28 % durant la pandémie de Covid-19 (un phénomène similaire à celui constaté en France). Les députés avaient même proposé, à l’unanimité, d’inscrire au budget 50 millions d’euros pour soutenir ceux qui voulaient être suivis par un psychologue. Le gouvernement avait refusé, par souci d’économies.
Un poids équivalent à 4 % du PIB
“La dépression représente pourtant 4 % du PIB, entre les dépenses directes et indirectes qu’elle provoque”, souligne “La Repubblica”. Fedez n’est pas le seul à dénoncer le faible investissement de l’État dans le secteur du bien-être psychologique. Les professionnels soulignent que les 800 000 patients accompagnés par le service public de la santé mentale ne sont suivis que par environ 2 000 psychologues.
Selon une étude Ipsos conduite dans 16 pays, l’Italie est, avec le Japon, le pays où le bien-être mental de la population s’affiche le plus bas : 60 % des Italiens vivraient depuis des années avec un ou plusieurs troubles de santé mentale. Les femmes sont les plus concernées (65 %), mais surtout les jeunes de la Génération Z (75 % des garçons et 81 % des filles). C’est auprès d’eux que Fedez a voulu faire passer le message.
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