La diversité politique freine-t-elle les dons de sang ?
Par Sung Eun Kim, Université de Corée et Krzysztof Pelc, Université d’Oxford
La diversité politique affecte-t-elle la prévalence des comportements altruistes au sein d’une société ? Selon un constat récurrent de l’étude du capital social, la diversité ethnique réduit les comportements prosociaux. Nous nous demandons s’il en va de même pour l’identité partisane, en nous tournant vers un indicateur fréquemment utilisé du capital social : les dons de sang. La question est particulièrement d’actualité : les États-Unis connaissent actuellement leur pire pénurie de sang depuis plus d’une décennie. À l’aide des résultats d’une enquête portant sur plus de 275 000 individus aux États-Unis de 2010 à 2020 et d’une enquête pré-enregistrée auprès de 3 500 répondants supplémentaires, nous montrons que toutes les mesures de diversité sociale n’ont pas des effets analogues sur le comportement prosocial. Nous trouvons des preuves mitigées selon lesquelles la part d’immigrants dans une région est liée à une diminution des dons de sang des citoyens américains, et aucun effet négatif sur la diversité raciale. En revanche, la diversité politique semble très significative. Plus précisément, les individus sont moins susceptibles de donner du sang lorsque leur position partisane est plus éloignée de l’identité politique moyenne de leur État ou de leur zone de déplacement, et lorsqu’ils se perçoivent comme des personnes politiques aberrantes dans leur communauté. La polarisation affective est connue pour être une taxe sur les interactions sociales avec les partisans extérieurs ; comme nous le montrons, selon la composition partisane d’une région, cela peut aussi constituer une taxe sur les comportements prosociaux au sens large.
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