“La fillette victime de viol au Maroc sera entendue en audience privée”

Le Maroc est secoué par une affaire de viol qui a choqué le pays tout entier. Une fillette de 11 ans a été enlevée puis violée par un groupe de jeunes hommes dans la ville d’Oulad Ayad, dans la région de Marrakech. Face à la gravité de cette affaire, la justice a décidé d’entendre la victime à huis clos. Retour sur une affaire qui soulève de nombreuses questions dans la société marocaine.


Le 25 avril 2019, un tribunal marocain a pris la décision de tenir l’audition d’une fillette de 12 ans et d’une autre témoin mineure à huis clos. Cette décision a été prise à la demande du parquet, qui a souligné que le huis clos était nécessaire pour protéger les deux fillettes conformément aux dispositions de protection de l’enfance. La fillette en question a été violée à plusieurs reprises par trois hommes, dont la condamnation en première instance à des peines jugées trop clémentes avait provoqué l’émoi dans le pays.

Lors de la deuxième audience de ce procès très attendu, la petite Sanae est entrée dans l’enceinte du tribunal accompagnée de sa grand-mère et de son père. Elle était frêle et mutique. Selon plusieurs ONG, cette mineure, âgée de 11 ans au moment des faits et qui en a 12 aujourd’hui, a “subi des viols à répétition sous la menace”, dans un village près de Tifelt, dans la région de Rabat, ce qui a entraîné une grossesse.

Debout devant le juge, les trois accusés, poursuivis pour “détournement de mineure” et “attentat à la pudeur sur mineure avec violence”, sont restés tête baissée. La partie civile a demandé à ce que le “viol” soit ajouté aux chefs d’accusations, une requête rejetée par le juge. Les trois prévenus, âgés de 25, 32 et 37 ans, avaient été condamnés en première instance le 20 mars 2019 à deux ans de prison ferme pour l’un, et 18 mois ferme pour les deux autres. Ils encouraient jusqu’à 30 ans de prison ferme, selon le code pénal marocain.

Cette affaire a profondément scandalisé l’opinion publique qui a dénoncé un jugement en première instance “laxiste” et “choquant”. Amina Khalid, secrétaire générale de l’association Insaf (Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse) qui accompagne la fillette depuis le début de l’affaire, a déclaré à l’AFP : “Sanae recommence à sourire peu à peu mais elle reste choquée”. L’association a notamment aidé la petite fille à intégrer une école de la deuxième chance, alors qu’elle n’avait jamais été scolarisée. Ce drame a relancé le débat sur la protection des enfants des violences sexuelles et la nécessité de réformer les lois.

Au Maroc, le viol est passible de la peine de mort, mais les tribunaux ont tendance à prononcer des peines beaucoup plus légères, souvent en raison de la “réconciliation” de la victime avec ses agresseurs. Les organisations de défense des droits humains estiment que les victimes de viol sont souvent maltraitées par la police et les tribunaux, et que les agresseurs sont rarement poursuivis.

Dans cette affaire, la décision de tenir l’audition à huis clos est un signe positif qui montre que le gouvernement marocain prend au sérieux la protection des enfants contre les violences sexuelles. Cependant, il reste beaucoup de travail à faire pour garantir que les victimes de viol obtiennent justice et que leurs agresseurs soient punis en conséquence. Les associations de défense des droits humains continueront de lutter pour réformer les lois et protéger les enfants contre les violences sexuelles.

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