Les Pays-Bas ont mis fin dimanche à l’extraction de gaz naturel du gisement de Groningue (nord), qui est le plus grand d’Europe. Son exploitation a provoqué des séismes pendant des décennies, menaçant ainsi les habitants de la région. Malgré tout, onze unités d’extraction restent opérationnelles pendant une année supplémentaire, avant d’être définitivement fermées en cas d’hiver rigoureux, en raison des tensions géopolitiques persistantes.
Ce gisement était exploité depuis 1963, mais depuis plus de 20 ans, la population subit des séismes de faible magnitude dus aux poches de vide formées lors de l’extraction de gaz, causant de nombreux dégâts. Bien que les habitants se soient réjouis de la fermeture annoncée du gisement en 2018, ils ont été déçus par les avertissements des experts selon lesquels les séismes pourraient continuer pendant des années.
Bien que l’extraction de gaz ait été progressivement réduite, La Haye a décidé en 2022 de reporter la fermeture en raison des incertitudes énergétiques mondiales, principalement provoquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
“Enormément de personnes dans la province souffrent de problèmes psychologiques à cause de l’extraction du gaz”, a souligné Jan Wigboldus, président du Conseil du gaz de Groningue, une association locale qui milite pour les victimes des séismes. De plus, de nombreuses personnes sont confrontées à des problèmes juridiques et techniques liés aux indemnisations.
En février, un rapport d’une commission parlementaire a accusé les autorités néerlandaises de ne pas avoir pris en compte les risques à long terme, malgré la rentabilité de l’extraction. Il a souligné que le gouvernement avait une obligation morale de remédier à la situation.
Selon Shell, environ 2 300 milliards de mètres cubes de gaz ont été extraits du gisement. Entre 1963 et 2020, environ 429 milliards d’euros (corrigés en tenant compte de l’inflation) ont été générés par le gaz de Groningue, dont 85% ont été versés dans les caisses de l’État.
Malgré la fin de l’extraction, des séismes pourraient encore survenir pendant des années, selon des experts. De nombreuses maisons de la région de Groningue ont été restaurées ou reconstruites en intégrant des structures antisismiques.
Le Premier ministre démissionnaire Mark Rutte a déclaré lors d’une visite que la situation était terrible, avec des dizaines de milliers d’enfants vivant dans des conditions difficiles.
