Depuis les années 2000, notre pays a vécu avec l’idée que le premier moteur d’attractivité et de développement serait la prospérité des métropoles. Cette certitude n’a pas vraiment été une bonne nouvelle pour les grandes villes. Certes, cela a permis des avancées institutionnelles. Mais mettre le poids du destin de la France sur les épaules des métropoles fut à la fois naïf et contre-productif.
Naïf, car les forces sociales et économiques d’un pays ne peuvent se résumer à 29 % de sa population et 6 % de son territoire.
Contre-productif, car une trop grande emphase sur les métropoles a conduit à un nouvel étalement urbain : des populations sans cesse plus nombreuses se sont installées, par choix ou par contrainte, dans des villages éloignés, avec l’idée de concilier vie à la campagne et travail en ville.
Un coût écologique et économique
Toulouse a été particulièrement l’objet de cette chimère. Beaucoup de maires de communes périphériques et rurales l’ont encouragée, croyant y voir la planche de salut de leurs communes. Les élus régionaux ont laissé faire, au mépris des impératifs de préservation des terres agricoles. La rançon de ce développement peu régulé : un coût écologique et économique des transports qui monte en flèche, avec la perte de pouvoir d’achat qui en découle.
À LIRE AUSSI Et si on retournait vivre en ville ? La crise des Gilets jaunes, le Covid, la crise énergétique nous ont permis de constater que l’aspiration profonde des Français se tournait vers un tout autre mode de vie. Les villes petites et moyennes bénéficient d’un regain d’attractivité profond et durable, tout au moins dans les régions qui se portent bien, comme c’est le cas de l’Occitanie. Cette France des villes, autrefois taxée de ringarde et de déclinante, cumule plusieurs atouts pour notre avenir.
En termes économiques, ces territoires sont des viviers industriels de premier plan. La trop grande emphase sur les métropoles allait de pair avec un mépris coupable de l’industrie. Toulouse est une métropole industrielle, mais Tarbes, Bagnères-de-Bigorre, Revel et tant d’autres, cultivent chacune leurs pépites productives dont la France a également besoin. L’industrie de la défense, qui connaît un heureux retour en grâce, est aussi une industrie des villes moyennes. L’agroalimentaire, crucial pour notre souveraineté, se niche aussi dans les villes relais de nos terroirs nourriciers.
Terreau d’excellence
Face au défi écologique, ces villes sont aussi des lieux de proximité où l’on peut se loger, se déplacer et consommer sur de courtes distances, dans un habitat de qualité et à prix modique.
Ce discours est-il insensé sous la plume du maire de la quatrième ville de France ? À mon sens, c’est tout l’inverse. Une grande métropole a besoin d’un tissu économique dense et divers autour d’elle, et ce sont les petites et moyennes villes qui le procurent. Autour de Lyon, il y a Saint-Étienne, Grenoble, Valence, Chambéry, qui constituent le terreau d’excellence de la capitale des Gaules. Tourisme, enseignement supérieur, industrie… Le nouvel élan des villes de l’ancienne Midi-Pyrénées, à commencer par Albi, Montauban et Tarbes, pour ne citer que quelques exemples, est la meilleure nouvelle qui soit pour notre attractivité collective. Ces succès permettront à Toulouse de rayonner au niveau européen et mondial, en se faisant leur relais.
À LIRE AUSSI Attractivité territoriale : la dynamique des pôles de compétitivitéMaire de la quatrième ville de France, j’ose même dire que je préfère encourager la croissance de ces villes voisines plutôt que de voir l’aire urbaine de Toulouse s’étendre indéfiniment. Nul RER, nul car express ne suffira pour mettre Toulouse à portée de main de ceux qui se sont installés à 30, 40, 50 kilomètres du Capitole. J’émets le vœu que les habitants du périurbain trouvent plutôt des réponses à leurs aspirations en travaillant et vivant dans les petites et moyennes villes. Nous, métropoles, devons aider ces villes à accueillir cette population, en coopérant encore plus sur les fronts du rayonnement économique, de l’enseignement supérieur et des mobilités.
Notre mission, face au dérèglement climatique, est bien de développer un mode de vie urbain des courtes distances et de la densité, que ce soit en métropole ou en petite ou moyenne ville. J’en appelle à des choix politiques clairs, nationaux et régionaux, pour favoriser le développement de cette France de la diversité urbaine, si variée qu’elle peut combler les aspirations d’une grande majorité de Français. La France a besoin de villes, de toutes ses villes !
2023-11-19 14:30:00
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