La France et l’antisémitisme : quand la droite semble pour une fois avoir raison, la gauche manque-t-elle ?

La France et l’antisémitisme : quand la droite semble pour une fois avoir raison, la gauche manque-t-elle ?

2023-11-14 20:00:00

Mon regard sur la nature étrangement changeante de la politique française, dans laquelle l’extrême droite se réinvente en défenseur des Juifs tandis que des éléments de gauche semblent, en comparaison, antisémites. Mais fais attention. Comme j’essaie de l’expliquer ci-dessous, dans ce commentaire pour Le National (à quoi je remercie habituellement pour l’autorisation de reproduction), il n’y a rien de simple dans les divisions nées du conflit meurtrier Israël-Hamas….

Lundi, la police française a arrêté huit jeunesâgé de 11 à 17 ans, soupçonné d’avoir scandé des slogans appelant à la mort des Juifs lors d’un épisode peu recommandable dans le métro parisien le mois dernier.

Filmé le 31 octobre par un autre passager, le groupe s’en est également pris à la police, aux minorités sexuelles et à la France elle-même, avant de se moquer d’une femme assez courageuse pour intervenir. « Nous sommes des nazis et nous sommes fiers », ont-ils scandé lors d’une tirade de haine qui a duré pas moins de 10 minutes, quelques semaines seulement après que le Hamas a tué environ 1 200 personnes dans le sud d’Israël.

Image de la bataille de Gaza 312 avant JC : de L’histoire illustrée du monde

Depuis l’horrible carnage du 7 octobre, la France – qui compte une population juive estimée à 500 000 personnes, la plus grande d’Europe – a enregistré plus de 1 500 actes d’antisémitisme. Cette statistique alarmante ajoute une sombre toile de fond à la situation. marches contre l’antisémitisme dimanche, cela a rassemblé 182 000 personnes dans les rues françaises.

Il s’agit d’une expression d’inquiétude de masse qui revêt une importance particulière en raison de la présence de Marine Le Pen et d’autres membres de son parti d’extrême droite, le Rassemblement national (RN), ainsi qu’au moins deux hauts responsables du parti d’Eric Zemmour. encore plus extrême Fête de la Renaissance. Elle a également été marquée par l’absence de Jean-Luc Mélenchon, leader du parti d’extrême gauche France Insoumise, et de l’essentiel de ses partisans.

Le président Emmanuel Macron est également resté à l’écart, ce qui lui a valu quelques critiques. Il a probablement limité les dégâts en faisant savoir que son « cœur et ses pensées » étaient avec les manifestants, même s’il considérait que son travail consistait à prendre des décisions dans l’intérêt général plutôt qu’à participer aux manifestations.

Certains observateurs politiques français estiment que Mme Le Pen, qui dirige le groupe RN au Parlement français, se dirige vers le pouvoir. Son parti est le plus populaire du pays, et avec l’effondrement du soutien à la gauche et à la droite conventionnelles, il n’y a plus l’assurance réconfortante que le « front républicain » qui l’a toujours tenu à l’écart des hautes fonctions tiendra à nouveau bon lorsque M. Macron achève son deuxième et dernier mandat présidentiel en 2027.

D’une frange méprisée, semblable à une foule, sur laquelle on pouvait compter sur les électeurs pour s’unir et vaincre, le RN a largement réalisé l’ambition de Mme Le Pen de se voir accepté comme un parti comme les autres, et non plus intouchablement anti-républicain. De nombreux électeurs de la classe ouvrière qui votaient auparavant pour la gauche se sont tournés vers elle, séduits par un mantra anti-immigrés et une politique économique protectionniste axée sur la France.

La solidarité du RN avec les juifs français souligne une évolution remarquable pour un mouvement fondée par le père de Mme Le PenJean-Marie, sanctionné à plusieurs reprises devant la justice pour propos antisémites et racistes.

Le RN a commencé sa vie sous le nom, plus menaçant, du Front National, gagnant la faveur des anciens combattants français mécontents et consternés par l’obtention de l’indépendance de l’Algérie. Son attrait s’étendait à ceux qui considéraient les Juifs avec dédain. Selon Sandrine Rousseau, députée des Verts, le RN se « blanchit désormais face à l’antisémitisme de sa naissance ».

Ville_de_GazaVille de Gaza moderne : avant le 7 octobre 2023. Image de UnHommeArmé

Les collègues de haut rang de Mme Le Pen soulignent que plusieurs années se sont écoulées depuis qu’elle s’est distancé de la rhétorique odieuse de son père (il ne s’est jamais repenti d’avoir décrit les chambres à gaz nazies comme un simple détail de l’histoire de la guerre). Cela a été un processus lent. Au début de leur brouille, M. Le Pen s’est vanté qu’il n’y avait que de très minces différences dans leurs points de vue. Sa fille, cependant, a qualifié l’Holocauste d’« abomination des abominations » et a mené une politique acharnée visant à « détoxifier » l’image de son parti, bien que sans succès aux yeux de ses ennemis politiques.

Quelque temps avant la première et éclatante victoire de M. Macron à la présidence en 2017, avec 66 pour cent des voix lors du second tour contre Mme Le Pen, ses collaborateurs ont admis en privé que si les perceptions de l’islamophobie ne présentaient aucune difficulté en campagne électorale, l’antisémitisme C’est la question qui a maintenu le parti marginalisé.

Même sous sa forme réhabilitée, le RN continue d’être traité comme un mouvement extrémiste qui diabolise la population musulmane de France, également la plus importante d’Europe et estimée par la société allemande de collecte de données Statista à 5,7 millions de personnes.

Et les sentiments résolument pro-juifs d’aujourd’hui s’accordent encore mal non seulement avec le passé de RN, mais aussi avec l’abnégation persistante.

Jordan Bardella, qui succède à Mme Le Pen alors qu’il était président du RN il y a un an, il avait qualifié le bilan du parti en matière d’antisémitisme de « parfaitement irréprochable ». Mais dans la même interview sur BFMTV, il a déclaré ne pas croire que Jean-Marie Le Pen était antisémite, malgré ses démêlés avec la justice pour cela et bien qu’il ait également affirmé que l’antisémitisme était à l’origine de la rupture père-fille, ce qui a conduit à son expulsion du parti.

Malgré toutes ses protestations indignées, le RN ne parvient pas à se débarrasser de son étiquette d’extrême droite. Des réserves légitimes subsistent quant aux véritables sentiments de tous les membres d’un parti qui, dans le passé, a laissé la place aux négationnistes de l’Holocauste et aux admirateurs d’Adolf Hitler.

Néanmoins, le fait qu’un membre important de la communauté juive de France ait chaleureusement accueilli son soutien à une époque de souffrance et de peur pour ceux de sa foi est une mesure du leadership efficace de Mme Le Pen.

“Pour moi, l’ADN de l’extrême droite, c’est l’antisémitisme”, a déclaré au journal conservateur Serge Klarsfeld, 88 ans, qui a contribué à traduire en justice les criminels de guerre nazis. Le Figaro journal. “Alors quand je vois un grand parti d’extrême droite abandonner l’antisémitisme et le négationnisme et se rapprocher de nos valeurs républicaines, je me réjouis naturellement.”

Il a exprimé sa tristesse face au boycott de l’extrême gauche.

En France comme en Grande-Bretagne – et au-delà en Occident – ​​de nombreux socialistes ont concentré leur colère sur la réponse violente d’Israël au 7 octobre et sur la mort de milliers de civils qui en a résulté. Il existe une profonde désapprobation à l’égard de la politique israélienne et une ferme conviction que les Palestiniens ont pleinement droit à leur patrie.

Et tandis que la plupart des membres de la gauche sont mécontents des soupçons d’antisémitisme, l’accusation a été portée et – vue de la droite – persiste.

M. Mélenchon a eu du mal à gagner une large sympathie pour ses affirmations selon lesquelles les manifestations de dimanche ont uni les forces offrant un « soutien inconditionnel » à Israël dans son « massacre » des habitants de Gaza.

Seule une centaine de personnes ont participé au rassemblement de son parti à Paris « contre l’antisémitisme, toutes les formes de racisme et l’extrême droite ». Une poignée de contre-manifestants juifs ont tenté de perturber l’événement, invoquant le refus du parti de catégoriser le Hamas comme organisation terroriste.

Mais tout comme les manifestations pro-palestiniennes sont rejointes par quelques personnes susceptibles de partager la haine du Hamas envers l’État d’Israël, nombreux sont ceux qui ont défilé dimanche à considérer les actions israéliennes comme entièrement justifiées, quel que soit le nombre de civils qui périssent.

Le même jour où la police parisienne interpellait dans le métro des adolescents soupçonnés d’incitation à la haine contre les Juifs, se déroulaient les commémorations de l’anniversaire des attentats de l’Etat islamique qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, le 13 novembre 2015.

Cette atrocité et d’autres ont alimenté l’hostilité anti-musulmane en France ; les attaques contre les mosquées et autres cibles islamiques sont également devenues plus fréquentes. De tels incidents sont aussi odieux que le fait de prendre pour cible les Juifs.

Mais il s’agit peut-être d’un espoir naïf et désespéré que des attitudes sélectives permettent de mettre fin à tous les préjugés et de pleurer toutes les morts dans les conflits, qu’elles soient causées par des groupes militants ou par des États-nations.

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Une ville de Gaza encore plus moderne après les représailles israéliennes du 7 octobre : image de Al-Arabi



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