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La France fait le bilan des dégâts après les émeutes : plus d’impact sur son image que sur l’économie | International

La France fait le bilan des dégâts après les émeutes : plus d’impact sur son image que sur l’économie |  International

2023-07-08 06:40:00

Lorsque le gérant du magasin Fnac du centre commercial Créteil-Soleil en périphérie parisienne a vu arriver les pillards il y a une semaine, il a baissé les stores et évacué les clients par la porte de derrière. Dans la nuit, le magasin de livres et d’électronique subit un nouvel assaut. « Ils ont volé des téléphones et des ordinateurs », se souvient Joseph. et les livres ? Le gérant rit : “Non, malheureusement, non.”

C’était vendredi 30 juin et trois jours avant qu’un policier n’ait tué un adolescent de 17 ans à Nanterre, à l’autre bout de la capitale. La mort du jeune homme a déclenché une vague de violences et de pillages dans les villes et les banlieues du pays. Une semaine plus tard, le calme est revenu. Avec l’intervention sur plusieurs nuits d’un déploiement de 45 000 policiers et gendarmes et la mobilisation des citoyens des quartiers, premiers touchés par les destructions (et aussi, selon certaines sources, avec la contribution des trafiquants de drogue des quartiers qui ont dit « assez », puisque les émeutes ont endommagé l’entreprise).

Maintenant que la tempête est passée, il est temps d’évaluer les dégâts. Dans l’économie française, peu touchée, si l’on ne regarde que les chiffres. Mais surtout à l’image du pays, un an après les Jeux olympiques de Paris et dans un monde où des régimes comme celui de Vladimir Poutine en Russie se frottent les mains quand ils voient des démocraties en flammes.

“Le calme est revenu”, déclare Olivia Grégoire (Paris, 44 ans), ministre française du Commerce et du Tourisme, dans sa voiture de fonction, alors qu’elle se rend ce vendredi de Paris à Créteil pour visiter le centre commercial, écouter des ouvriers comme Joseph, de la Fnac, ainsi qu’aux dirigeants de certaines entreprises qui ont des franchises ou des sièges sociaux dans ce centre, et leur expliquer les options pour compenser les pertes (ils pourront ouvrir un dimanche de plus, par exemple, et les soldes seront être étendu). « Je ne nie pas qu’un certain nombre de commerçants soient encore choqués par ce qui s’est passé. Ça a été une éruption, comme une fièvre très violente, assez inédite dans sa sociologie : une majorité de personnes entre 16 et 17 ans, et une grande majorité qui n’avait jamais eu affaire à la police.

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Concernant les Jeux olympiques et la possibilité que “l’éruption” se répète dans un an, le ministre a rappelé qu’il y avait aussi eu des émeutes à Londres en 2011, un an après le même événement sportif dans cette ville. “Je n’ai aucune inquiétude, dit-il, ce sera un grand moment pour la France et pour ceux qui viendront”.

L’Élysée et le gouvernement s’inquiètent. Et un message : la France ne s’approche pas d’un précipice, et ce n’est pas seulement ici, car, selon le ministre, ce pays “n’a pas le monopole des émeutes”. Ils le répètent des conseillers du président, Emmanuel Macron, aux ministres, après une semaine au cours de laquelle les Français ont été témoins, stupéfaits et horrifiés, de scènes d’automobiles et de voitures en feu, d’assauts contre des mairies, des commissariats et même une prison, et de centres commerciaux, comme celui-ci que le ministre s’apprête à visiter maintenant. La mission aujourd’hui : rassurer. Aux commerçants en particulier ; au monde en général.

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Dans l’interview accordée à EL PAÍS, Grégoire, macroniste de la première heure et ancien porte-parole du gouvernement, déclare : « Attention aux caricatures et aux généralisations. Pas parce qu’un jeune qui vit dans les bidonvilles a fait une bêtise, ou a volé, tous les jeunes des bidonvilles sont comme ça. Et pas parce qu’un policier a commis une infraction grave, tous les policiers commettent des infractions et sont, entre guillemets, racistes”.

La liste des dégâts aux propriétés privées est longue : 436 débits de tabac touchés, 30 magasins d’alimentation incendiés et jusqu’à 200 attaqués, des dizaines de magasins de vêtements pillés, des dizaines de fast-foods détruits, et 370 agences bancaires. Et environ 6 000 véhicules en feu. Grégoire évalue le préjudice subi par le secteur privé à environ 300 millions d’euros, bien en deçà des 1 000 millions évoqués par le Medef, le principal syndicat patronal. Il explique que l’effet sur le tourisme “est presque nul”. Le ministre affirme qu’en raison de la brièveté des émeutes, quatre ou cinq jours, “il ne devrait pas y avoir d’impact” sur le PIB.

C’est le paradoxe français : cinq années où l’image d’un pays en crise « à cause de la révolte des gilets jaunes en 2018, les protestations contre la réforme des retraites cet hiver et maintenant les émeutes – n’ont pas dissuadé les touristes ni pesé significativement sur l’économie.

Une autre chose est l’impact concret pour les commerçants. Grégoire le vérifie dès le matin, lorsqu’il visite des commerces dégradés dans le 15e arrondissement de Paris, son fief électoral. Il y a le couple qui tient le bar-tabac du coin et dont les vitrines ont été brisées pendant le week-end : l’endroit est toujours fermé et ils ne se sont pas remis émotionnellement du choc. Et le café où la terrasse a été vandalisée et le gérant dit qu’il n’avait pas d’assurance contre le vandalisme. Les dommages, dit-il, s’élèvent à environ 6 000 ou 7 000 euros. Ou le supermarché où ils entraient pour prendre de l’alcool, des produits d’entretien… et des bibelots.

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Au-delà de tout cela, un autre problème : la fracture de la société française dont témoigne l’éruption du banlieues, les banlieues pauvres et multiculturelles. Ce problème est beaucoup plus difficile à résoudre. A long terme, c’est ce qui nuit vraiment à l’image de la France. Et aucune solution n’est en vue.

« La crise que nous avons vécue doit être analysée, doit être comprise », affirme le ministre Grégoire. « Il est trop facile, comme le font les oppositions d’extrême gauche et d’extrême droite, d’appliquer à cette situation l’analyse qui leur convient. Pour l’extrême gauche, c’est la faute de la police ; pour l’extrême droite, c’est la faute aux bidonvilles. On dit qu’il faut bien regarder ce qui s’est passé pour le comprendre et le soigner ».

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