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La France n’est pas Notre-Dame

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Les spirales de la crise politique française ont fini par éroder son principal instigateur, le Président de la République. Il s’est présenté en pompier face à l’incendie annoncé « des deux extrémismes » (droite et gauche), qui pourrait réduire la France en cendres. Mais en réalité, en dissolvant le Assemblée nationale en juin, aux portes du Jeux olympiquesa agi comme un pyromane et a alimenté un incendie qui assiège le bâtiment du En République.

Dans sa gestion discutable de la crise, Macron a brûlé les premiers ministres et ruinéentraver ou brouiller les carrières politiques. L’ancienne socialiste Elisabeth Borne a perdu patience, sa vertu technocratique la plus remarquable. Il a jeté son filleul politique Gabriel Attal au pied des chevaux, alors qu’il croyait les tenir par la bride au galop vers l’Elysée 2027. Il a sauvé l’ancien gaulliste Barnier, un eurocrate anobli par l’accord sur la dernière ligne droite de l’Elysée 2027. Brexitmais le résultat a été une fin peu glorieuse : son gouvernement, le plus court du système politique actuel.

Le véritable défi est de faire face à la crise économique et budgétaire du pays, avec un déficit de 6% du PIB, une dette galopante et une dégradation de la solvabilité du crédit du pays.

Le cercle de feu s’est refermé sur l’Elysée, même si l’alarme s’est propagée à tous les partis du consensus centriste. Les manœuvres présidentielles ont jeté des étincelles sur la robe de l’émule de Néron, mais ont menacé de dévaster l’ensemble de la classe politique. Les exclus de toute solution – le Rassemblement national de Marine Le Pen et les rebelles de Jean-Luc Mélenchon – ont insisté sur le fait que la prochaine personne à se rendre au bûcher funéraire devrait être Macron lui-même. La démission du Président est devenue pour eux un mantra inaltérable.

Ce pari a été le talon d’Achille de la laborieuse union de la gauche. L’effort qui a rendu possible le succès relatif du Nouveau Front Populaire a montré des signes d’épuisement, une fois que le pari de la jeune technocrate Lucie Castets à la tête du gouvernement a échoué.

Installé dans son bureau de la rue de Varenne, Barnier a voulu transformer la devise « rien avec Le Pen » en une devise plus pragmatique : « sans quelque chose avec Le Pen, rien n’est possible ». Des concessions prétendument mineures sont devenues une arme pour l’opposition de gauche. Il cordon sanitaire avait volé en éclats, lorsque l’extrême droite avait obtenu le précieux levier pour faire tomber le gouvernement Barnier quand elle le voulait. Et c’est ce qu’ils ont fait. Il leur a suffi de soutenir une motion de censure lancée par le Nouveau Front populaire, pour protester contre un projet budgétaire imposé par décret. Comme l’a dit le coordonnateur général des rebelles, Manuel Bompard, Barnier a voulu choisir entre le déshonneur et la censure et, à la fin, il a eu le déshonneur et la censure.

Après la chute de l’homme politique savoyard, la pression s’est accrue pour forcer la démission de Macron. Mais c’était un feu d’artifice. Les flammes n’ont pas crépité à l’Elysée, mais à Matignon, siège du Premier ministre, aujourd’hui reconverti en place indésirable.

La loupe de Bruxelles est tournée vers les finances de la France. La marge d’action se rétrécit. Les mesures seront douloureuses, quel que soit le consensus que Bayrou soit capable d’articuler.

LE MAUVAIS PAS DE MACRON

Macron s’est enveloppé dans la splendeur de la reconstruction de Notre-Dame pour illustrer à la nation comment se remettre de l’incendie dévastateur. Tandis que ses rivaux le pressaient de proposer une solution, le Président prenait plaisir à admirer les nefs restaurées de la cathédrale de Paris. Il aurait été très difficile à n’importe quel homme politique français de résister à l’analogie de la splendeur triomphant de la destruction. Mais pour Macron, c’était tout simplement impossible.

Le président a prolongé le suspense en se conformant à un voyage prévu au Moyen-Orient et a encouragé les désaccords entre ses rivaux. Finalement, il semblait déterminé à retirer un autre de ses chiots, le ministre démissionnaire de la Défense Sebastián Lecornu, un homme politique de la nouvelle ère, très proche de la première dame, Brigitte Macronmalgré le fait que de nombreuses voix au sein de son propre parti recommandaient la solution la plus rassurante de François Bayrou.

Macron a ignoré ce conseil, fidèle à sa dérive ultraprésidentialiste. Dans son rôle de Jupiter, il a cité Bayrou à l’Elysée, mais non pas pour lui proposer le poste, mais pour l’informer que ce n’est pas lui qui a été choisi. Loin de baisser la tête, ce vétéran politique centriste, forgé dans le long sillage malheureux du giscardismea décidé de contre-attaquer. Il a mis le Président au défi de le nommer Premier ministre, s’il ne voulait pas être privé du soutien des cinquante députés de son parti, le Modem (Mouvement Démocratique), l’un des membres de la coalition présidentielle. “Soit tu me nommes, soit je t’enlève mes billes”, a-t-il lancé. ET MacronSentant que cette fois l’Elysée pourrait s’enflammer, il recula. Le paradoxe est que le nouveau Premier ministre dirige un parti qui compte à peine quatre députés de plus que la famille politique de Barnier. Le déficit démocratique du nouveau premier ministre est le même. Ce qui change, c’est sa position centrale dans la politique française.

Gérer le troupeau politique n’est pas le plus grand défi pour l’homme politique de l’Est-Béarn, qui souhaite conserver son poste de maire de la ville pyrénéenne de Pau

LE CANDIDAT ÉTERNEL

Bayrou est l’éternel candidat. Il n’a jamais aspiré à présider la France, mais il a toujours cru pouvoir influencer son destin depuis sa présidence. Matignon. A 73 ans, cet homme politique habitué au pacte et au compromis estime être dans de meilleures conditions que ses prédécesseurs pour composer une majorité sans combustion spontanée, sans se sentir emprisonné par qui que ce soit. Pas même le Président, à qui il a déjà tordu le bras une fois, profitant de son extrême faiblesse. Ses amis le considèrent comme ductile, mais avec des convictions de fer. Démocrate-chrétien d’inspiration, libéral sans excès économiques et très ouvert dans ses amitiés politiques. Il a une bonne entrée dans le socialisme et a évité de se moquer des rangs lépénistes. Il a en commun avec eux d’avoir été accusés d’utiliser le salaire fictif des conseillers des parlementaires européens comme couverture pour le financement illégal de leurs partis respectifs. Ce pont pourrait vous être utile.

Reste à savoir si Bayrou sera capable de forger un gouvernement, comme il l’a lui-même dit : serré (compact) et composé de personnalités, c’est-à-dire de figures prestigieuses. Les socialistes envoient déjà des signaux de collaboration sans équivoque, mais pas inconditionnels, basés sur l’intuition que l’interminable motion de censure n’est pas possible. Les communistes et les écologistes, disposant de moins d’actifs, suivent un chemin similaire. Les rebelles dénoncent déjà la capitulation, avant de crier à la « trahison ». En pratique, le Nouveau Front populaire est pour l’instant mis en veilleuse.

Macron s’est enveloppé dans la splendeur de la reconstruction de Notre-Dame pour illustrer à la nation comment se remettre de l’incendie dévastateur

La droite républicaine n’est pas contente. Avec Barnier, l’un des siens, il n’avait pas la garantie d’une prééminence qu’il n’avait pas conquise dans les urnes, mais du moins d’une influence supérieure à sa force politique parlementaire. Avec Bayrou, il risque de retrouver son statut de marginal.

Accompagner le troupeau politique n’est pas le plus grand défi pour l’homme politique de l’Est-Béarn, qui souhaite conserver son poste de maire de la ville pyrénéenne de Pau. Il a déjà dit que l’incompatibilité des postes était une erreur et qu’un ministre ou un député remplit mieux son rôle s’il n’est pas privé de ses racines dans la politique locale. Une guerre secondaire qui fait plus que rejoindre l’exigence d’une plus grande dose de proportionnalité électorale.

Mais le véritable défi est de faire face à la crise économique et budgétaire du pays, avec un déficit de 6% du PIB, une dette galopante et une dégradation de la solvabilité du crédit du pays. La loupe de Bruxelles est tournée vers les finances de la France. La marge d’action se rétrécit. Les mesures seront douloureuses, quel que soit le consensus que Bayrou soit capable d’articuler.

Macron attend de connaître le gouvernement que son élu lui présente de force. Pour l’heure, il s’est rendu à Mayotte, pour consoler les habitants de l’enclave française de l’océan Indien dévastée par le cyclone. Désir. Avec un certain dédain, l’administration présidentielle a rappelé à Bayrou qu’il devait attendre.

Les relations entre l’Elysée et Matignon peuvent devenir aussi aigres que cela arrive habituellement lorsque le bon climat entre supposés alliés se détériore. Dans ces cas-là, même la cohabitation entre dirigeants de différents groupes politiques peut être plus franche.

L’effet Notre-Dame n’a pas fonctionné pour Macron. En France, l’odeur du roussi se fait de plus en plus intense.

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