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La France rejette l’antisémitisme

La France rejette l’antisémitisme

2023-11-13 02:00:00

Ce n’était pas n’importe quelle manifestation pour Giselle et pour tant d’autres personnes, beaucoup plus âgées, rassemblées hier sur l’esplanade des Invalides. « Seuls mes parents ont survécu à la Shoah », explique ce retraité parisien né en 1947. Mon père a passé trois ans à Auschwitz. Il a résisté parce qu’il était jeune et fort, physiquement et mentalement. Le reste de la famille a été gazé. Ils furent emmenés du ghetto de Varsovie. Mon père a commencé à me raconter des choses quand j’avais huit ans. “Cela m’a traumatisé à vie.”

Hier, des manifestations contre l’antisémitisme ont eu lieu dans les principales villes françaises. 105 000 personnes ont assisté à la marche parisienne, selon la préfecture de police, un nombre respectable mais pas la marée humaine qu’auraient espéré les organisateurs. L’âge moyen était élevé. Parmi eux, de nombreux membres de la communauté juive locale et quelques représentants de la France d’origine arabe et musulmane, bien que quelques imams de mosquées. Dans le reste des villes, la fréquentation totale a approché les 80 000 participants. Des chiffres modestes si on les compare, par exemple, aux manifestations contre la réforme des retraites.

La manifestation dans la capitale a eu un début et une destination très symboliques. Cela a commencé à l’Assemblée nationale et s’est terminé au Sénat. Les présidents des deux chambres, de différents partis, en étaient les organisateurs. Il y avait une volonté manifeste de consensus national, objectif qui n’a été que partiellement atteint. Les anciens présidents François Hollande (socialiste) et Nicolas Sarkozy (conservateur) étaient présents, ainsi que plusieurs anciens premiers ministres, dont Manuel Valls, l’actuel chef du gouvernement, Élisabeth Borne et une vingtaine de ministres.

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Le président de la République, Emmanuel Macron, a choisi de ne pas y assister, pour préserver son rôle de garant de l’unité nationale et, probablement, pour ne pas exacerber les esprits face au moment géopolitique délicat que vit la guerre de Gaza. Macron a choisi d’écrire une lettre aux Français, par l’intermédiaire du journal Le ParisienDans lequel il rappelle les attentats du Hamas du 7 octobre qui ont coûté la vie à 40 Français, il défend l’universalisme des valeurs républicaines et la fermeté face aux tentatives de division du pays et d’affrontement des communautés. “Une France dans laquelle nos concitoyens juifs ont peur, ce n’est pas la France”, a souligné le chef de l’Etat.


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« Une France dans laquelle nos compatriotes juifs ont peur n’est pas la France », déclare Macron

Les vœux d’unité ont été partiellement exaucés. La France Insoumise (LFI, gauche radicale), dirigée par Jean-Luc Mélenchon, a refusé de se joindre à la marche parisienne lorsqu’elle a appris que les dirigeants de l’extrême droite allaient y assister. Les présidents des deux chambres du Parlement n’ont pas voulu défiler à proximité des ultras et ont donc dressé un cordon sanitaire. Marine Le Pen et d’autres dirigeants du Regroupement national (RN, ex-Front national) ont accepté de se placer en queue de marche, également loin d’Éric Zemmour et de Marion Maréchal, leurs rivaux d’extrême droite du parti Reconquista.

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La présence de l’extrême droite à une manifestation contre l’antisémitisme a brisé un tabou. Beaucoup ne pardonnent pas la complicité idéologique de certains de ses fondateurs avec le régime de Vichy, qui a collaboré avec les nazis. Une manifestante mature, Carole, sociologue, portait une petite banderole qui disait « Non à tous les antisémites, non au RN ». Deux manifestants ont critiqué la banderole. “Tu n’as rien d’un patriote, Madame! – l’un d’eux a claqué–. “Je portais un drapeau français mais pas cette bannière.” “Ils sont là (Le Pen et ses coreligionnaires) et je ne veux pas manifester avec eux”, a répondu celui-ci. Je ne veux pas respirer le même air. Ils ont leur histoire. “Ils veulent blanchir leur image.”

Il fut difficile pour la France de reconnaître l’entière responsabilité du régime du maréchal Pétain dans la déportation des Juifs vers les camps d’extermination. Le président François Mitterrand lui-même, l’un des grands dirigeants du socialisme européen après la Seconde Guerre mondiale, avait un passé très trouble de collusion avec le gouvernement de Vichy et l’extrême droite. Il fut toute sa vie un ami proche et protecteur de René Bousquet, chef de la police Pétain et antisémite convaincu. Il a fallu que ce soit le conservateur Jacques Chirac qui ait présenté ses excuses en 1995.

Lors de la manifestation d’hier, il y avait une enseignante à la retraite, Kathleen, 70 ans, qui portait un autocollant avec la phrase “N’oublie jamais, ne pardonne jamais” et une étoile de David jaune attachée à sa poitrine. Kathleen a expliqué son histoire unique. Sa mère, française et résistante, a caché des enfants juifs pendant l’occupation allemande. Son père était un soldat américain débarqué de Normandie.

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Des soldats israéliens prennent position à l'intérieur de la bande de Gaza, au milieu des opérations terrestres en cours de l'armée israélienne contre le groupe islamiste palestinien Hamas, selon les Forces de défense israéliennes (FDI), sur cette photo obtenue par Reuters le 11 novembre 2023. Défense israélienne Forces/Document via REUTERS CETTE IMAGE A ÉTÉ FOURNIE PAR UN TIERS

La présence de dirigeants d’extrême droite brise un tabou, mais génère des tensions

“Le problème est que l’histoire n’est plus enseignée dans les écoles de ce pays”, a déploré Kathleen. Les enfants vont sur Internet et croient tout ce qu’ils lisent. Ils sont très vulnérables. Le danger mondial est là, croyez-moi, chez les enfants d’aujourd’hui.»

La volonté de lutter contre l’oubli était très présente parmi les manifestants. Michel Cymes, un médecin qui anime une émission de télévision populaire, a déclaré qu’il avait participé à la marche pour une raison simple, qu’il a expliquée à La Tribune Dimanche: «Je m’exprime car le 14 mai 1941, mon grand-père, confiant dans le pays dans lequel il s’était réfugié, répondait à l’appel de la police française. Détenu, déporté et assassiné à Auschwitz. Ce pays, qu’il considérait comme un refuge, ne le protégeait pas. “Son petit-fils démontre pour lui montrer que l’histoire ne recommencera pas, que ce pays, mon pays, me protégera, non pas parce que je suis juif mais parce que je suis français.”


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DOSSIER – Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’une conférence de presse avec le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre du Cabinet Benny Gantz dans la base militaire de Kirya à Tel Aviv, Israël, le 28 octobre 2023. Lorsqu’on a demandé cette semaine au secrétaire d’État Antony Blinken qui gouvernerait la bande de Gaza après la guerre menée par Israël contre le groupe militant du Hamas, il a déclaré que le retour de l'Autorité palestinienne internationalement reconnue rendrait



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