En interview, la fratrie affiche une alchimie (presque trop) parfaite, cohérente avec l’image lisse qu’ils soignent. « Dario et moi avons toujours été très proches depuis que nous sommes tout petits, nous avons toujours eu un lien spécial, affirmait Daniela Amodei l’an dernier dans le podcast Future of life Institute. On se retrouvait autour de notre désir de rendre le monde meilleur et d’aider les gens. » « Selon moi, Dario est le visionnaire le plus impressionnant dans ce domaine sur le plan technique », a-t-elle même confié au média Entreprise rapide.
Un courant controversé
Ce discours de bienfaiteurs de l’humanité guidés par le goût de l’éthique semble avoir fait mouche dans la Silicon Valley… Y compris d’acteurs peu connus pour leur éthique, justement. En septembre dernier, Amazon a notamment injecté 4 milliards de dollars dans Anthropic. Les Amodei veulent jouer dans la cour des grands, et ne s’en cachent pas. En avril dernier, un document confidentiel relayé par le média TechCrunch a révélé que leur entreprise prévoyait de bâtir une IA dix fois plus puissante que les modèles actuels. Une IA sûre, mais une IA surpuissante quand même.
Objectif qui n’est pas étranger à un certain courant de pensée aussi cher à la tech californienne que controversé : l’altruisme efficace. Une idéologie soutenue par des figures comme la star déchue des cryptos Sam Bankman-Fried qui « alimente le programme de recherche sur l’IA en créant un système nuisible au nom de la sauvegarde de l’humanité », résume Filaire en évoquant le fantasme d’une « AGI (intelligence artificielle générale, soit une IA capable de rivaliser avec l’intelligence humaine, ndlr) bénéfique. » Le média américain note au passage qu’une part importante des financements d’Anthropic proviennent de milliardaires embrassant cette philosophie voisine du long-termisme : Sam Bankman-Fried, mais aussi Jaan Tallinn (Skype) et le cofondateur de Facebook Dustin Muskovitz.
Comme le raconte Daniela Amodei elle-même dans le podcast du Future of life Institute, son frère était « un fan de GiveWell (une ONG caritative ancrée dans ce courant, ndlr) de la première heure, en 2007 ou en 2008. » Elle-même a épousé Holden Karnofsky, PDG de la fondation Open Philanthropy, également proche de l’altruisme efficace. Une étiquette dont les Amodei préfèrent néanmoins se distancier en interview.
Quoi qu’il en soit, glisse le New York Times il n’est pas tout à fait à exclure que la hype qu’ils montent autour du potentiel destructeur de l’IA cache une simple « stratégie marketing » destinée à capter l’attention (et les financements) sur la technologie la plus en vogue du moment.
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