La fronde chez Mithra : François Fornieri dénonce une mauvaise gestion et des tensions au sein du conseil d’administration

La fronde chez Mithra : François Fornieri dénonce une mauvaise gestion et des tensions au sein du conseil d’administration

Parmi les frondeurs, l’ancien CEO, François Fornieri, qui détient toujours environ 16% des parts et qui sort du silence pour L’éco gratuit. Il nous fait part de ses doutes quant à la bonne gestion des intérêts de l’entreprise par certains des administrateurs. Fornieri : “Ils sont incompétents et ne comprennent pas le monde pharma”. Je crois très fort en Mithra. Elle a un potentiel important mais sous-exploité”, tient-il à préciser, ne voulant pas tirer dans le dos de son “bébé”, même s’il s’attaque au conseil d’administration (CA). “L’ancien CA a démissionné, un nouveau a été mis en place. Mais l’objectif de ce nouveau conseil était d’essayer de réduire la dette et d’aller chercher du cash, par l’intermédiaire de vente de licences. Mais où en est-on ? Il y a du potentiel, mais ces administrateurs sont incompétents, ils ne comprennent pas le monde pharma, c’est un mauvais casting. Et Christian Homsy, président du conseil, veut jouer le rôle du CEO. Deux coqs dans une cour, ça ne va pas. Le président du CA doit challenger le CEO, mais le CEO doit pouvoir travailler sereinement. Et la demande d’augmentation de rémunérations… quelle maladresse ! Si c’est leur unique préoccupation, c’est inquiétant. Le monde syndical et le monde managérial sont inquiets. Certains envisagent de déposer des plaintes. Il faut corriger le tir et aller chercher des administrateurs ‘top pharma’. Certains frappent au portillon, c’est le moment”, avance François Fornieri. Rappelons tout de même que ce dernier bénéficiait encore d’une rémunération très confortable avant son pas de côté il y a quelques mois.

Bientôt à court de cash: les pistes envisagées par Mithra pour éviter le pire. “J’ai des échos positifs sur le nouveau CEO, David Solomon. Christian Homsy est par contre très désagréable. Laissons le temps au CEO de travailler. Il est largement freiné par Homsy. Le cours de l’action a fondu, c’est gravissime. Sous ma direction, Mithra valait plus d’un milliard et est montée à 1,8 milliard. C’est le rôle des actionnaires de montrer leur mécontentement et de demander du changement”, affirme-t-il. “Il faut être idiot pour demander une augmentation”. Plusieurs sources nous remontent les tensions entre le board et les travailleurs, ainsi que certains actionnaires. “C’est le cirque […]. Il faut être idiot pour demander une augmentation en ce moment ! Le management envisage l’émission de warrants. Ça commence à ressembler à un braquage ! Et pourquoi ne pas virer tout le CA ? C’est étonnant. Aucun n’a une expérience internationale d’ailleurs. Le seul qui l’avait, Ajit Shetty, il n’est pas resté longtemps et est parti l’année dernière. Ça va être très compliqué, les ventes ne se matérialisent pas suffisamment, le traitement Donesta (traitement hormonal contre la ménopause, NdlR) on attend de voir pour les ventes et un éventuel partenaire aux USA, et au niveau de la recherche avec BCI Pharma (sur le cancer, NdlR) on ne voit aucune mise à jour”, commente anonymement une source proche de Mithra, perplexe, qui avance que le président du CA, Christian Homsy, serait d’ailleurs un “tyran”.

Il faut savoir que Mithra doit encore 185 millions aux anciens propriétaires d’Estelle, la pilule contraceptive de Mithra, que l’on appelle les “Uteron Sellers”. “Les Uteron Sellers sont un groupe d’individus et d’entités qui étaient parmi les anciens propriétaires d’Estelle(…). À ce jour, en vertu de ces contrats, la Société aurait une obligation nominale résiduelle de 185 millions d’euros, qui est comptabilisée à une valeur actuelle de 82,6 millions d’euros dans les comptes de la société au 30 juin 2023 selon les principes comptables IFRS”, précise Mithra dans une lettre aux actionnaires, pour justifier de son côté la fronde de certains.

Le problème, c’est donc que potentiellement, des administrateurs, comme le cofondateur Jean-Michel Fodiart, auraient des conflits d’intérêts, avec un pied du côté d’Uteron, et l’autre de Mithra. “Cela peut sembler maladroit. Mais la quantité de travail est gigantesque.” “185 millions pour une molécule générique vendue en 2015 ? C’est démesuré”. Du côté des administrateurs que les actionnaires frondeurs tentent de pousser vers la sortie, on retrouve donc le président du CA, Christian Homsy, qui, lui, affirme vouloir à tout prix réduire cette dette, dont le montant lui semblerait non justifié. “185 millions pour une molécule générique vendue en 2015 ? C’est démesuré. Nous nous sommes engagés dans cette aventure pour sauver cette boîte, qui a un super potentiel, mais qui a eu de graves problèmes de gouvernance. On travaille comme des malades. Mais si les actionnaires qui représentent 6,1% du capital nous éjectent, on verra ce qu’il va se passer”, nous explique pour sa part Christian Homsy, dans une volonté de transparence. “Jean-Michel Foidart et sa famille ont beaucoup de participations mais il s’abstient avec la rigueur et la correction nécessaire” glisse-t-il également.

Pour ce qui est de la demande d’augmentation de rémunération du board, qui est pointée du doigt par les actionnaires, dont Fornieri, et qui a été introduite après la demande d’un audit auprès d’un cabinet extérieur : “Cela peut sembler maladroit. Mais la quantité de travail est gigantesque. Et cela avait été promis avant notre arrivée. Je suis conscient du mauvais timing, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Quand on essaie de changer une situation, ce n’est pas toujours simple”, justifie-t-il.

Et à la question de savoir si cela est un “braquage” de la boîte, qui connaît des difficultés depuis un moment et s’est effondrée en Bourse, il répond qu’il peut comprendre la question, “mais que c’est un travail très dur. On parle de rémunérations mais d’un autre côté, d’une dette de 185 millions que nous essayons de réduire et une dizaine de dossiers majeurs”, explique-t-il calmement.

Une situation extrêmement tendue donc, qui pousse certains analystes à la méfiance. Le titre chutait d’ailleurs encore de 5% ce mercredi. A voir ce qui sera discuté le 30 octobre lors de l’assemblée générale des actionnaires, pour faire le point sur les potentiels conflits d’intérêts, demandes de rémunérations justifiées ou non, et autres. Comment François Fornieri est devenu incontournable en Wallonie.
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