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La gauche fait descendre des milliers de personnes dans les rues de France pour protester contre Macron | International

by Nouvelles

2024-09-07 18:30:57

La place de la Bastille n’est pas le lieu de manifestations le plus fréquenté à Paris ces derniers temps, mais quel meilleur endroit que l’une des plus grandes icônes de la Révolution française, où 75 têtes ont été roulées sur la guillotine, pour le rappeler au président de la République. passe-temps si originaire du désir ardent que les rois finissent par les décapiter. Ainsi, ce samedi après-midi, une grande partie de la gauche, réunie sous le sigle du Nouveau Front populaire (NFP), vainqueur des dernières législatives, est descendue dans la rue pour réclamer la destitution du chef de l’Etat. “Macron, destitution ou révolution !”, lit-on sur une des banderoles brandies par une partie des milliers de manifestants (160 000 selon les organisateurs) qui se préparaient dès 14 heures à parcourir les 2,5 kilomètres qui séparent la place de la Bastille et de la Place de la Bastille. Nation.

La manifestation, qui a eu des répliques dans 150 villes françaises (selon les organisateurs), a été initialement convoquée par La Francia Insumisa (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, membre et président de la coalition des Neuf Fronts populaires, l’alliance formée avant les élections législatives. affronter la montée de l’extrême droite de Marine Le Pen. « La démocratie n’est pas seulement l’art d’accepter d’avoir gagné, c’est aussi l’humilité d’accepter d’avoir perdu », a-t-il déclaré en s’adressant à Macron lors de la marche de Paris. “Je vous appelle à une lutte de longue durée”, a-t-il ajouté en s’adressant à la foule. Ses partenaires du Parti communiste et de Los Ecologistas se sont joints à la manifestation. Mais le Parti socialiste (PS) a décidé de ne pas participer à la marche. Son secrétaire général, Olivier Faure, s’en est pris à Macron dans les médias et a prévenu qu’il n’entrerait pas dans le gouvernement du nouveau Premier ministre, le conservateur Michel Barnier, nommé vendredi par Macron.

Le sentiment en France oscille ces jours-ci entre le soulagement d’avoir déjà un Premier ministre après 60 jours d’élections du 7 juillet et l’inquiétude face à la décision de Macron de nommer un représentant de la droite à Matignon. Selon une enquête du réseau BFMTV, 74% des Français considèrent que le président français n’a pas respecté le résultat des élections législatives. Et le pire, dénonce la gauche, c’est que Macron et le gouvernement Barnier seront désormais les otages du Regroupement national (RN) de Marine Le Pen, dont les députés seront décisifs pour ne pas être censurés dans les prochaines semaines à l’Assemblée nationale.

Plus ou moins à cette époque, Jordan Bardella, président du RN et successeur de Marine Le Pen, confirmait cette impression largement répandue sur le réseau social X. « Rien ne peut plus se faire sans notre parti. M. Barnier est un Premier ministre sous tutelle démocratique d’un parti essentiel dans le jeu parlementaire.» Le RN compte aujourd’hui 144 parlementaires (si l’on compte ceux apportés par le nouveau parti d’Éric Ciotti, ancien leader de Los Republicanos) et pas moins de 11 millions de voix. Sans ces sièges et sans le soutien déjà déclaré de la gauche, l’exécutif de Barnier n’a aucune chance de survivre. Une idée qui a été continuellement reprise dans les slogans de la manifestation et sur les banderoles et que Barnier lui-même a intériorisée : « Nous respectons tous les partis et nous parlerons à tout le monde », a-t-il annoncé dans sa première interview, levant le cordon sanitaire appliqué ces derniers temps. années. élections par le soi-disant Front républicain.

Le profil des manifestants du NFP ce samedi était large et diversifié. D’un punk et sa copine, tous deux équipés du matériel adéquat (collier à pointes, bouledogue et litron) à Martin et Marcel, deux étudiants en sciences politiques discutant de la perte de pouvoir d’achat de la classe moyenne française une canette de Kronenbourg à la main. Gisèle, mère de famille de 43 ans et enseignante au lycée, instruisait à cette occasion ses enfants en leur apprenant des chants politiques : « Voulons-nous Michel Barnier ? », a-t-elle demandé en criant. « Non ! » ont-ils répondu. “Est-ce que Macron doit partir ?”, a-t-il poursuivi. “Oui !”, a-t-il encore répondu à bord de ses scooters colorés.

L’absence la plus notable à la manifestation a été celle du Parti socialiste et de son leader, Olivier Faure. A l’Elysée, ils maintiennent l’espoir que les voix discordantes au sein de ladite formation finiront par provoquer un mouvement qui permettra, à moyen terme, d’avoir plus de soutien et de pouvoir se passer du Regroupement National. Le leader socialiste, en effet, fait déjà face aux critiques de son propre parti de la part de certains barons qui se plaignent que le NFP ait adopté une position trop rigide – ils ne se sont pas éloignés de la proposition de Lucie Castet comme première ministre – qui a conduit à un parti de droite. Premier ministre.

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Dans cette lignée, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a souligné ce samedi sur France Info qu'”à force de vouloir une gauche pure, on a une droite plus dure”. D’autres dirigeants socialistes ont également tenu un discours similaire ces derniers jours, comme la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. «Nous aimons l’attitude de Faure, mais il n’est pas sûr qu’il résistera aux attaques de l’ancien PS. Il nous manque ici aujourd’hui», a déploré le Sénégalais Mohamed Diop, l’un des manifestants avant de démarrer la marche place de la Bastille.

Quoi qu’il en soit, la situation actuelle ne semble pas devoir changer. Et tous les éléments pointent vers un automne inflammable en France. Au-delà des protestations contre la nomination de Barnier, le nouveau chef du gouvernement se retrouvera avec un tas d’arriérés, une dette qui monte en flèche et un déficit (6,2% du produit intérieur brut en 2025 si des mesures urgentes ne sont pas prises) qui lui est propre. pays qui ont menacé de diviser la zone euro il y a quelques années à peine. Le ministre sortant de l’Economie, Bruno Le Maire, a prévenu cette semaine qu’il faudrait réduire d’au moins 16 milliards pour contenir un déficit menacé par la Commission européenne depuis l’année dernière. Les politiques d’austérité que Barnier devra appliquer – il a déjà prévenu que ce sera l’une de ses priorités – iront mal avec les revendications de la gauche et avec l’amélioration de la réforme controversée des retraites qu’il a promis d’entreprendre pour apaiser les tensions. rues. « Nous avons perdu du pouvoir d’achat, nous travaillerons plus longtemps et nous serons plus pauvres. La grandeur française a disparu et il est clair qu’elle ne reviendra pas, noyant ses citoyens », a déploré Jean-Pierre Marceu, professeur d’université de 56 ans, lors de la marche de samedi.

Barnier lui-même a dû tout gâcher hier lorsque, lors de sa première apparition en tant que Premier ministre, on lui a demandé s’il envisageait d’augmenter les impôts. « La situation est très grave. Je ne suis pas là pour raconter des histoires aux gens, je dirai la vérité. Nous pouvons progresser, mais nous ne pouvons pas faire de miracles », a-t-il déclaré, sous-entendant que le chemin que devront parcourir les Français dans les prochains mois ne sera pas facile.

Le sort du gouvernement Barnier, pour l’instant aux mains du RN, est étroitement lié à celui de Macron. Si le cinquième premier ministre de son mandat était victime d’une motion de censure, son séjour à l’Elysée pourrait être compliqué. La loi n’autoriserait la tenue de nouvelles élections législatives qu’un an après la dernière (juin 2025), et pendant cette période, le gouvernement devrait être en place. Peut-être conscient de cela, Macron a décidé de prendre du recul et de céder le pouvoir dans ce qui sera sa première cohabitation avec un Premier ministre en dehors de son parti et de sa nature politique. La présidence de la République se retirera de tous les comités interministériels, n’influencera pas la nomination du chef de cabinet de l’Exécutif et le nouveau Premier ministre sera libre de désigner les titulaires de chaque portefeuille sans lignes rouges.



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