La golfeuse Chiara Tamburlini représente les nouvelles femmes suisses à succès

Chiara Tamburlini pensait qu’elle mènerait bientôt une vie normale. C’est ce qu’elle a pensé à l’âge de 16 ans, alors qu’elle étudiait à l’école de sport du Tessin : après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle souhaitait étudier à l’Université de Saint-Gall. C’est ce qu’elle a pensé alors qu’elle étudiait aux États-Unis, où elle jouait avec succès au golf universitaire : après avoir obtenu son baccalauréat, elle souhaitait continuer ses études en Suisse et retrouver une vie normale.

Mais le jeu de golf de Tamburlini ne cessait de s’améliorer. Tellement bien qu’elle a toujours voulu continuer. Jusqu’à ce qu’elle ne voie aucune raison de rester amateur et décide de devenir professionnelle. C’était en juillet de l’année dernière. Début 2024, elle était encore classée juste en dessous du top 500 du classement mondial, depuis lors, elle a remporté un tournoi sur le Ladies European Tour, a terminé troisième une fois de plus et s’est améliorée à la 200e place. Et soudain, Tamburlini a la chance de le faire. se qualifier pour les Jeux Olympiques de Paris pour se qualifier.

Donc pas aussi normal que prévu. “Un début à Paris serait incroyable en tant que rookie, c’est-à-dire dès votre première année en tant que professionnelle”, déclare Tamburlini alors qu’elle passe quelques jours chez elle à Saint-Gall entre des tournois du Maroc à l’Australie en passant par la Corée du Sud. Elle rit et dit : « Avant, mes parents ne voulaient pas que j’aille au club de ski en Engadine parce que la distance demanderait trop d’efforts, mais maintenant je joue au golf partout dans le monde. »

Tamburlini aime parler entre les temps

Le rire est un élément essentiel du parcours de golf pour le joueur de 24 ans. C’est l’un de ses « mois les plus performants ». Ses quatre années aux États-Unis se traduisent par des conversations ; elle emporte consciemment avec elle sur le terrain ses traits de personnalité « joyeuse, bavarde, pétillante ». Elle aime parler entre les coups, a besoin de relâchement pour réussir. “Si j’essaie de trop contrôler chaque détail, les choses tournent généralement pire.”

Mais Tamburlini est très concentré lorsqu’il frappe. Elle peut passer en mode compétition comme aucune autre, explique son entraîneur de swing Jeremy Carlsen, qui est également entraîneur national féminin suisse. “C’est un super pouvoir qu’elle ne perdra plus au cours de sa carrière.”

Le jeu entre ambition et légèreté accompagne Tamburlini presque depuis le début de sa carrière. Enfant, l’aînée de trois sœurs jouait le dimanche au jardin d’enfants de golf du parcours de Niederbüren, près de Saint-Gall, pendant que ses parents jouaient au golf. Elle a commencé à jouer elle-même à l’âge de huit ans et a dépassé ses parents à douze ans.

L’entraînement des enfants a longtemps été ludique, “personne ne vous montre le swing parfait”, explique Tamburlini. « Vous le faites intuitivement, de la manière qui vous semble logique. » L’entraînement n’est devenu vraiment sérieux, avec quatre à cinq heures par jour, que lorsqu’elle est entrée à l’école de sport de Tenero à l’âge de 14 ans et a obtenu son diplôme d’études secondaires en italien. Elle a attiré l’attention des entraîneurs universitaires américains lors des tournois U18 ; Finalement, elle a pu choisir parmi plusieurs bourses complètes.

Pas de luxe sur la tournée – tout est organisé vous-même et l’Airbnb est partagé avec d’autres joueurs

La Suissesse orientale a choisi l’Université du Mississippi à Oxford, au sud de Memphis. La petite ville vit pour l’université, l’équipe de golf extrêmement performante – avec Tamburlini elle a remporté pour la première fois le championnat universitaire – a bénéficié de beaucoup d’attention, avait sa propre porte-parole pour la presse, des séances de photos régulières et était célébrée. Le golf est très important aux USA. «C’était l’époque de ma vie», dit Tamburlini.

Parallèlement au golf, elle a complété son baccalauréat en finance avec les meilleures notes. En tant qu’athlète universitaire, mes journées étaient structurées en commençant par l’entraînement physique à 6 heures du matin. Ce n’est que lorsque l’équipe de football jouait que les autres athlètes prenaient congé de leur entraînement, et jusqu’à 100 000 personnes affluaient sur le campus.

Tamburlini craignait de s’ennuyer après être passée chez les pros. La crainte n’était pas fondée, l’organisation de tous les voyages et la comptabilité prenaient beaucoup de temps. Les professionnels sont responsables de tout eux-mêmes ; Tamburlini réserve généralement un Airbnb sur le lieu du tournoi avec d’autres.

Elle s’attend à ce que les coûts s’élèvent à près de six chiffres pour une saison sur le Ladies European Tour (LET), sur lequel elle joue actuellement ; c’est le meilleur d’Europe. Seule la Ladies Professional Golf Association (LPGA), qui organise principalement des tournois aux États-Unis, règne en maître. Elle ne sait pas encore si Tamburlini tentera de faire le saut cette année ou l’année prochaine.

La courbe d’apprentissage en tant que professionnel est encore abrupte. Après une troisième place au Kenya en début d’année, elle a été invitée à des tournois en Arabie Saoudite et au Maroc, où elle a raté le cut et n’a remporté ni points ni prix en argent. Les golfeurs doivent également faire face à ces montagnes russes d’émotions pendant le tournoi, par exemple s’ils ratent un coup. Au Maroc, le Saint-Gallois a eu du mal à toucher le tee. “À un moment donné, tu as tellement peur du prochain coup que tu te raidis.”

Tamburlini n’a pas actuellement de coach mental, mais plusieurs coachs sont responsables de différents aspects de son jeu. Ils lui proposent de l’aide dans de telles situations. Au Maroc, elle était censée avoir l’impression d’être sur la plage lorsqu’elle tournait, avec la grande mer devant elle. Le but est de retrouver l’instant présent, de ne pas se perdre dans les émotions et de relativiser les acquis. Cela signifie se débarrasser des mauvaises balles et se concentrer sur les trous qui restent à venir.

Le fait que Tamburlini soit dans une bonne situation financière cette année contribue également à atténuer les tensions – par le biais de sponsors, d’aides sportives, de mécènes privés ou du soutien de l’Association suisse de golf, qui rémunère l’entraîneur physique. Elle a reçu 45 000 euros de prix en argent pour avoir remporté le tournoi en Afrique du Sud. Cela élimine la crainte qu’un mauvais tournoi sans prix en argent signifie que vous ne serez pas en mesure de payer tous les voyages pour les tournois prévus.

Le rêve des Jeux olympiques pourrait désormais devenir réalité. La Suisse est autorisée à envoyer deux joueurs, la date limite est le 24 juin, sur la base du classement mondial. Selon l’état actuel, Albane Valenzuela est classée 65ème, Morgane Métraux est classée 193ème et Tamburlini est classée 197ème. Les deux premières nommées jouent sur le LPGA Tour et peuvent y marquer plus de points que Tamburlini sur le LET.

Aujourd’hui il y a plus de soutien de l’association dans la transition vers les professionnels

L’entraîneur national Jeremy Carlsen est satisfait de la position de départ confortable. Outre Valenzuela, Métraux et Tamburlini, qu’il décrit comme ayant un potentiel « illimité », il y a d’autres jeunes Suissesses qui ont réussi.

Valenzuela a montré qu’en tant que Suissesse, on pouvait être de classe mondiale – elle était numéro 2 chez les amateurs et joue aujourd’hui avec succès sur le LPGA Tour. Elle est également un excellent modèle pour Tamburlini. «Elle a ouvert beaucoup de portes, ce qui donne beaucoup de confiance aux autres», déclare Barbara Albisetti Heath, la directrice sportive de Swiss Golf.

Il y a quelques années, l’association a décidé de mieux accompagner les joueurs dans leurs dernières années amateurs et premières professionnelles. Le savoir-faire a été acquis, par exemple, auprès de formateurs comme Stuart Morgan, un entraîneur renommé possédant une grande expérience internationale.

Après le passage aux professionnels, l’association essaie de trouver des options de soutien individuel pour les athlètes, que ce soit, comme pour Tamburlini, en payant un préparateur physique, un entraîneur de putting ou une machine avec laquelle on peut entraîner la précision. Des rencontres régulières sont également organisées pour les équipes nationales.

Même les meilleurs élèves de douze ans peuvent intégrer le système, ils sont ensuite accompagnés par un entraîneur de l’association, et l’association organise et finance également des tests de condition physique et des déplacements pour des tournois à l’étranger. Tamburlini en a également profité.

Par ailleurs, le Ladies European Tour a de nouveau fleuri. Il y a quelques années à peine, les résultats étaient médiocres et il était difficile de proposer des tournois ou des prix en argent. Les grands joueurs européens se sont tous lancés dans la qualification pour la LPGA. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’une tournée européenne forte – qui n’est limitée à l’Europe que le nom, les tournois se déroulent dans le monde entier – aiderait le golf féminin en général. La LPGA a donc commencé à soutenir le LET.

“Les deux organisations travaillent désormais ensemble, ce qui se traduit par un calendrier de tournois attrayant et des prix en argent légèrement meilleurs”, déclare Albisetti Heath, même si les hommes gagnent toujours jusqu’à dix fois plus pour un tournoi similaire. Mais le LET est redevenu une adresse forte où les acteurs européens peuvent se développer.