Réalisable, oui. Pas encore facile, oui aussi. Comme notre périple à travers l’Europe avec une Renault Mégane E-Tech l’a démontré, les longs trajets en voiture électrique ne sont pas encore une promenade de santé. Si le manque de bornes de recharge est important, l’autonomie entre deux charges est également un frein, en particulier lors des longs voyages. La Hyundai Ioniq 6 permet de contourner en partie cet obstacle grâce à son rayon d’action confortable. Lorsque nous avons découvert l’originale berline coréenne il y a quelques mois lors d’un périple vers les côtes nord de notre beau pays avec une météo à ne pas mettre un pingouin dehors, cette électrique nous avait fait une bonne impression, laissant augurer plus de 300 km entre deux charges lors d’un trajet autoroutier. Nous avons eu du flair puisque Bruno, notre docteur ès mesures, a relevé 334 km. Une belle valeur qui place la coréenne dans le peloton de tête des marathoniennes branchées, un classement toujours dominé par la Mercedes EQE (417 km sur autoroute), mais dotée d’une batterie plus grande (89 kWh contre 77,4 kWh utilisables pour la Hyundai).
Pour convaincre les rouleurs de passer à la “watture”, la coréenne dispose d’un autre atout. Comme sa sœur Ioniq 5 et sa cousine technique Kia EV6, avec lesquelles elle partage une base technique, elle peut supporter des puissances de charge très élevées (jusqu’à 239 kW) avec une tension de 800 V. C’est une rareté dans la catégorie puisqu’à l’heure actuelle seuls Porsche et Audi font également partie de ce petit club. Reste toutefois à pondérer cet avantage puisque la puissance maximale théorique n’est délivrée que sur les bornes de courant continu, que l’on trouve notamment sur autoroute.
De belles autonomies pour la Hyundai Ioniq 6
La température de la batterie au moment de la charge, le taux d’occupation des prises disponibles sur place et la température extérieure sont autant de paramètres à considérer. Et quand bien même toutes les planètes seraient alignées, la vitesse de charge ralentit très vite pour épargner la chimie de la batterie. Mais la Ioniq 6 a des poumons pour résister à l’effort, constat confirmé par ses résultats sur route (388 km) et en ville, où elle dépasse la barre symbolique des 500 km d’autonomie. Ces bons scores ne sont pas uniquement le fruit de son efficacité mécanique, avec un moteur électrique synchrone tonique animant ici les roues arrière (229 ch). Dessinée autant pour fendre les rétines que pour fendre l’air, la Ioniq 6 atypique présente un coefficient de pénétration dans l’air flatteur (0,21) et soigne les détails, avec à l’avant des volets actifs qui s’ouvrent ou se ferment en fonction des besoins d’aération. Dommage que ces belles qualités ne s’accompagnent pas d’un chapitre conduite irréprochable.
Autonomie en ville : 530 km
Autonomie sur route : 388 km
Autonomie sur autoroute : 334 km
Finition perfectible
Propulsée par un comportement routier sûr et agile compte tenu de son gabarit (4,85 m) et de sa masse (1 917 kg), la coréenne néglige le confort et montre un amortissement trop ferme pour une grande voyageuse, ce qui est encore aggravé si l’on choisit les plus grandes jantes (20 pouces). Autre motif de déception, si son habitacle est spacieux, y compris à l’arrière grâce à son empattement (2,95 m) qui rappelle le style limousine, plusieurs éléments y agacent. Les matériaux issus du recyclage semblent peu nobles et la planche de bord n’est pas aussi originale que la carrosserie. Plus ennuyeux encore, les alertes sonores diverses et envahissantes (notamment celle de limitation de vitesse) sont aussi infantilisantes qu’horripilantes, et il faut plusieurs manipulations pour les éteindre. Dernier détail, et non des moindres, le temps des Hyundai bon marché est révolu. Avec un prix d’entrée fixé à 52 400 €, la Ioniq 6 ne casse pas les prix et ne bénéficie pas du bonus CO2.
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