2024-03-08 22:24:36
La terre promise américaine par Margherita Sarfatti. Et puis l’histoire des années de plomb racontée par Vladimiro Satta. Écrivains et artistes contre Franco pendant la guerre d’Espagne
En 1934, mis à l’écart par le fascisme, Marguerite Sarfatti fait un long voyage vers États-Unis. Il voit tout ce qu’il faut voir : les villes, les paysages, les bonnes personnes (il a déjà lu tous les livres importants). Mais après son retour, il attend 1937, c’est-à-dire toutes les illusions possibles sur un… régime fasciste maintenant sur la voie d’une adhésion raciste à Hitler – pour publier ce rapport qui n’a jamais été réédité depuis (L’Amérique, à la recherche du bonheur, Liberilibri, 341 pages, 24 euros). Un peu verbeux mais débordant d’intelligence et de culture, c’est le portrait d’une nouvelle personne. Terre promise alternative à celle à laquelle elle croyait jusque-là. Dans ses pages, l’Amérique – guidée par la “culture du gentleman” et “l’intrépidité élégante” malgré l’infirmité d’un leader appelé Roosevelt (le Duce a dû avoir les oreilles qui bourdonnent depuis des jours) – est, comparée à une Europe déterminée à se suicider, le seul espoir pour l’avenir de la suprématie de la civilisation judéo-chrétienne occidentale (Margherita écrit toujours grossièrement pour « la race blanche »).
Vladimiro Satta, Les ennemis de la République. Histoire des années de plomb (Bur Rizzoli 2024, 955 pages, 18 euros) : deuxième édition gigantesque, mise à jour et augmentée, (144 pages de notes seulement mais toutes à lire) d’un livre aussi fondamental qu’inutile. Je m’explique : l’auteur, documenté jusqu’à l’embarras, décortiqueur acharné de chaque scène et arrière-plan, libre de préjugés et armé d’un solide bon sens, ne vise rien de moins qu’à niveler la montagne d’inventions, d’inférences, d’allusions, interprétations, accumulées au cours d’un demi-siècle de histoire de la patrie. Et il y parvient en démontant chaque épisode, en reconstituant minutieusement chaque enquête. Mais en fin de compte, ce n’est qu’un livre contre des bibliothèques entières, contre des milliers d’émissions télévisées spéciales, contre des millions d’articles ; un seul livre contre toute l’industrie toujours florissante du «Mystères italiens»: donc une bataille perdue d’emblée, on le comprend. Même si, démontre Satta, une « stratégie de tension » n’a jamais existé : il n’y a eu que quelques jeunes démons qui croyaient tout savoir sans rien comprendre, et des pauvres morts.
Finalement, ils ont réussi… Mais “Ils ne passeront pas!”ce cri, lancé sur les places et les tranchées du Espagne républicaine La lutte contre la sédition fasciste est restée longtemps dans la mémoire, puis dans la culture d’au moins deux générations européennes. En écho à la lecture des nombreux livres écrits par intellectuels et écrivains qui, en nombre jamais vu auparavant, ont participé à cette guerre aux côtés des « rouges », ce qui en fait un authentique mythe politico-littéraire. L’idée d’une enquête sur ces écrits et leurs auteurs comme le fait ce livre est donc juste (Antonio Di Grado, La Brigade de l’Ombre. Écrivains et artistes dans la guerre d’Espagne, Le navire de Thésée, pages 303, euro 22). Il est cependant dommage que le résultat ne soit pas à la hauteur des intentions. En fait, il en ressort un texte très confus, où les noms et les œuvres se chevauchent dans un désordre rendu encore plus impénétrable par l’écriture elliptique et allusive et l’absence de notes. Un peu de retouche, non ?
8 mars 2024 (modifié le 8 mars 2024 | 20h12)
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