La loterie du repêchage de la LNH : la triste course aux bas-fonds pour obtenir le premier choix.

La loterie du repêchage de la LNH : la triste course aux bas-fonds pour obtenir le premier choix.

Détenir la première sélection au repêchage de la LNH lorsqu’un talent exceptionnel est disponible est, en quelque sorte, l’équivalent de s’approprier un nuage qui fait pleuvoir de l’argent.

Pour s’en convaincre, il suffit de passer en revue l’histoire récente des Penguins de Pittsburgh.

Au début des années 2000, les Penguins se relevaient d’une faillite. En plus d’être la risée de la LNH sur la patinoire, ils occupaient le dernier rang au chapitre des assistances et on parlait de plus en plus sérieusement d’une vente ou d’un déménagement, ou des deux à la fois. Salutations à Jim Balsillie.

Puis, tel un don du ciel, Sidney Crosby est arrivé en 2005. Les Penguins ont alors entrepris une séquence de 633 matchs de suite (14 ans) disputés à guichets fermés. Ils ont remporté trois Coupes Stanley au passage et ils ont obtenu, sans la moindre résistance des autorités publiques, du financement pour construire un amphithéâtre tout neuf.

Cette nouvelle maison qui imprime encore plus de billets verts, c’est Sidney Crosby qui l’a bâtie.

La cerise sur le gâteau est arrivée en décembre 2021 quand les Penguins, devenus une organisation prestigieuse, ont été vendus pour une somme record de 900 millions de dollars. De cette transaction, Mario Lemieux a empoché quelque 350 millions.

Rappelons que le grand Mario était devenu l’un des propriétaires des Penguins en 1999 à la suite d’une entente avec le syndic de faillite du club. L’organisation lui devait quelque 32,5 millions et cette dette avait été convertie en actions.

Mario Lemieux a donc amassé la majeure partie de son immense fortune grâce à ce jour béni où son club a obtenu le privilège de sélectionner Sidney Crosby.

Les Blackhawks de Chicago connaissent la chanson. Ils ont vécu un peu la même chose avant de mettre la main sur Patrick Kane en 2007. La risée, les gradins vides, le statut de morts-vivants du sport professionnel de la Ville des Vents… Alouette.

Puis, soudainement, les billets donnant accès aux matchs des Blackhawks sont devenus les plus convoités en ville. Leur aréna a été rebaptisé « La maison folle sur Madison ». Et ils ont aussi remporté trois Coupes Stanley.

C’est pour Connor Bedard qu’à compter du printemps 2022, les Blackhawks ont sabordé leur navire pour s’assurer qu’il coule le plus profondément possible, histoire d’être encore plus mauvais que des équipes comme les Coyotes, les Ducks, les Sharks ou le Canadien.

Si ça se trouve, ils ont même troué les canots de sauvetage pour s’assurer qu’il n’y ait aucun survivant.

Ils ont échangé de jeunes talents comme Alex DeBrincat (un marqueur de 30 buts de moins de 25 ans!), Brandon Hagel (un autre!) et Kirby Dach. Ils ont laissé poireauter leur meilleur espoir, Lukas Reichel, dans la Ligue américaine parce qu’il était trop productif lorsqu’on le rappelait avec le grand club. Ils ont laissé partir des vétérans respectables comme Dominik Kubalik et Dylan Strome. Et ils ont cédé Patrick Kane à la date limite des échanges.

Les Blackhawks n’ont pas perdu 56 de leurs 82 matchs par hasard.

La loterie de lundi soir était la conclusion d’une savante chorégraphie déclenchée par un nombre anormalement élevé de directeurs généraux qui s’étaient donné pour mission, comme on le demande à bord des autobus, d’avancer vers l’arrière.

Dans 25 % des villes du circuit, des partisans ont payé le gros prix pour assister à des matchs dont l’issue était presque déterminée à l’avance. On pourrait presque dire : pour voir leurs soldats combattre avec des épées de bois.

Et des télédiffuseurs, pieds et poings liés par leurs contrats, étaient contraints de diffuser ces parodies de compétitions. Peut-être ont-ils pu limiter les dégâts grâce aux innombrables publicités des maisons de pari.

Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est que, extraordinairement, il y a une frange de partisans qui en redemandent et qui préfèrent se nourrir du rêve de voir leur club remporter la loterie que de voir une équipe, assemblée avec toute la minutie possible, se battre soir après soir pour obtenir une chance de participer aux séries.

Quand on y pense sérieusement, c’est d’une tristesse infinie.

En plus, il faut vraiment rêver avec ténacité quand on s’engage sur cette voie.

Car, depuis que la loterie a été instaurée en 1995, seulement quatre équipes sont parvenues à remporter la Coupe Stanley dans les 10 saisons suivant l’obtention du premier choix.
#Connor #Bedard #loterie #lintégrité
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