La lutte contre la tuberculose : un défi persistant au Maroc

Juste après la journée mondiale de lutte contre la tuberculose, cette pathologie fait toujours des victimes. Avec neuf décès par jour au Maroc, la tuberculose demeure une préoccupation majeure de santé publique, touchant quotidiennement environ 100 personnes. Malgré les efforts déployés par les autorités sanitaires et les organisations internationales, les taux d’infection diminuent très lentement chaque année, mettant en évidence les défis persistants auxquels est confronté le pays dans la lutte contre cette maladie.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Maroc a enregistré en 2021 un total de 35 000 nouveaux cas ou rechutes de tuberculose, avec un taux d’incidence de 94 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Ces chiffres alarmants montrent une stabilisation plutôt qu’une régression de la maladie, malgré les campagnes de sensibilisation et les programmes de dépistage.

Face à cette situation critique, Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, a émis une réaction alarmante à Hespress FR où il scrute les statistiques : la tuberculose touche principalement les hommes (59%), souvent en raison de conditions de travail précaires et de facteurs socio-économiques. Le groupe d’âge le plus touché est celui des 25 à 34 ans, la tranche d’âge la plus productive de la population, ce qui a des implications économiques et sociales importantes pour le pays.

« La tuberculose résistante aux médicaments constitue également un défi majeur pour le système de santé marocain, avec deux tiers des cas non diagnostiqués. Par ailleurs, la tuberculose extra-pulmonaire, qui affecte d’autres organes que les poumons, est en augmentation, passant de 28% en 1990 à 49% en 2021, dépassant largement les taux attendus et soulevant des questions sur la qualité du diagnostic et la transmission possible par le lait et ses dérivés », ajoute le spécialiste.

Défis et mesures nécessaires

Face à cette situation préoccupante, plusieurs défis doivent être relevés pour améliorer le dépistage, le traitement et la prévention de la tuberculose. D’abord, l’expert propose une limitation des déterminants sociaux et économiques, « Il est crucial de prendre en compte les facteurs socio-économiques tels que la pauvreté, les conditions de logement, la nutrition, le tabagisme, et les maladies chroniques comme le diabète, qui contribuent à la propagation de la maladie. Des programmes de soutien social et économique doivent être mis en place pour les populations les plus vulnérables », suggère notre intervenant.

Pour Dr Hamdi, l’amélioration du taux de détection et la couverture thérapeutique est également essentiel, « il faut élargir l’utilisation des tests de diagnostic rapide, de réduire le taux d’abandon du traitement (actuellement de 8%), et de fournir un soutien aux patients pour couvrir les coûts de transport et l’aide alimentaire. Des centres de dépistage et de traitement doivent être accessibles et disponibles pour tous ».

De plus, la gestion de la tuberculose résistante aux médicaments et chez les personnes atteintes du VIH fait partie des pas pour une éradication de la maladie, « une attention particulière doit être accordée à la détection et au traitement des cas de tuberculose résistante aux médicaments et chez les personnes vivant avec le VIH, qui sont 16 fois plus susceptibles de contracter la tuberculose. Des programmes intégrés de dépistage et de traitement doivent être développés pour ces populations à risque », suggère le fervent défenseur des droits sociaux. En outre, assurer un traitement préventif et améliorer la gestion de la tuberculose chez les jeunes et les enfants est primordial.

La tuberculose dans le monde : une maladie préventive et curable

À l’échelle mondiale, la tuberculose reste un problème majeur de santé publique. En 2022, environ 10,6 millions de personnes ont été atteintes de tuberculose et 1,3 million en sont décédées. Bien que la maladie soit préventive et curable, presque une famille sur deux touchée par la tuberculose doit faire face à des coûts catastrophiques, qui représentent plus de 20% du revenu total de la famille.

En conclusion, la tuberculose demeure un défi majeur de santé publique au Maroc et dans le monde entier. Une approche intégrée, impliquant les autorités sanitaires, les organisations non gouvernementales, la société civile et les communautés, est nécessaire pour éradiquer la tuberculose et améliorer la qualité de vie des populations les plus vulnérables.