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La lutte pour le pouvoir et le consensus

by Nouvelles

L’absence de consensus sur la forme de l’État et du gouvernement plonge à plusieurs reprises la France dans la crise. Cette situation est aujourd’hui aggravée par une division sociale croissante. Les blocages entre le Président et le Parlement sont programmés.

Le charisme d’Emmanuel Macron s’est estompé. Mélenchon et Le Pen utiliseront tous les moyens pour le renverser.

Kévin Coombs / Reuters

La littérature française contemporaine a un penchant pour les dystopies politiques. Sous Michel Houellebecq, la fonction de premier ministre est supprimée afin de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du président ; Dans le cas de Marion Messina, ce sont des politiciens déconnectés du peuple qui plongent le pays dans des conditions anarchiques et l’abandonnent aux forces avides du marché.

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La réalité d’aujourd’hui ne semble pas très éloignée de l’adieu littéraire à une politique orientée vers le bien commun. Dans tous les partis politiques, les députés de tous bords refusent de communiquer entre les camps, les critiques destructrices dominent le débat et les gens lancent de vives accusations selon lesquelles ils ne tiennent pas compte de la volonté des électeurs.

Tout le monde contre tout le monde

L’extrême gauche menace de renverser tout Premier ministre qui ne sortirait pas de ses rangs par un vote de censure quelques heures après sa nomination. L’extrême droite semble ouvertement prête à parler, mais elle trace perfidement tant de lignes rouges que toute politique de réforme reste sans espoir. Les socialistes compensent leur propre perte d’importance en fuyant vers la radicalisation et en refusant tout compromis. Les partis dits centristes ne s’éloignent pas d’un pouce de l’héritage pro-business des partis présidentiels.

Et au-dessus de tout le monde se trouve un Jupiter qui a jeté un sort : le charisme de Macron a disparu. À part lui, presque personne ne croit qu’il puisse sortir la France de la crise. Toutefois, une démission du président augmenterait l’incertitude.

Si des alliances sont possibles dans ce scénario de chacun contre tout le monde, elles ne seront que destructrices et contradictoires. L’ensemble des partis de gauche s’est mobilisé en tant que front républicain contre les extrémistes de droite lors des élections législatives, pour finalement s’allier à ceux des extrémistes de droite au Parlement quelques mois plus tard pour renverser le gouvernement.

On pourrait trouver cela amusant comme théâtre politique s’il n’était carrément grotesque étant donné la nécessité d’une action politique : la France devrait économiser 60 milliards d’euros cette année pour ramener son déficit budgétaire à un niveau tolérable et légal. Le gouvernement tente actuellement de se contenter d’un budget d’urgence peu ambitieux car il n’existe pas de majorité parlementaire en faveur d’un programme d’austérité. Il était logique que la France ait été dégradée par l’agence de notation Moody’s à la fin de l’année dernière, en raison d’un manque de crédibilité dans la consolidation budgétaire.

Rien n’indique que le nouveau Premier ministre François Bayrou disposera de plus de temps que le dernier gouvernement du Premier ministre Barnier, qui a été renversé par le Parlement après la durée de vie la plus courte de l’histoire de la Ve République. Les partis et les députés ne peuvent se permettre ce désir non dissimulé de ruine que si, dans le pire des cas, le président pouvait utiliser des pouvoirs d’urgence pour compenser l’incapacité du Parlement à agir.

Il est significatif que, face à la crise, l’activation de la clause d’urgence, jusqu’alors inutilisée sous la Ve République, fasse l’objet de discussions controversées parmi les constitutionnalistes français. Le plus petit dénominateur commun serait une sorte de « pacte de non-agression » : le gouvernement s’abstient d’utiliser une disposition constitutionnelle controversée qui lui permet d’adopter des lois malgré l’absence de majorité parlementaire. En échange, l’opposition s’abstient de procéder au prochain vote de censure qui serait autrement programmé.

On ne peut pas exprimer plus clairement son malaise à l’égard de sa propre constitution, car celle-ci n’a pas grand-chose pour contrecarrer la fureur destructrice des partis. Les votes de censure ne doivent pas nécessairement être constructifs ; ils peuvent être répétés aussi souvent qu’on le souhaite et ne sont donc qu’une question d’obtention d’une majorité en fonction de la situation. Dans le même temps, des élections législatives ne peuvent avoir lieu qu’après un an, ce qui laisse présager une infirmité politique pour les sept mois restants.

Tout le monde aimerait être monarque

Le système risque-t-il de s’effondrer en raison de ses incohérences internes ? D’une part, vouloir être un système présidentiel et ainsi préserver l’héritage du paternalisme monarchique dans une entreprise individuelle ; d’autre part, permettre un système de gouvernement parlementaire dans lequel les représentants élus, comme le président, revendiquent leur droit de décider des choses.

Depuis la Révolution française, l’absence de consensus sur la forme de l’État et du gouvernement a conduit le pays à plusieurs reprises à des crises, selon l’historien Michel Winock. Cette situation est exacerbée par une fracture sociale : si le chef de l’Etat et le milieu qui le soutient représentent une élite aisée et autoreproductrice, le Parlement est désormais aux prises avec deux extrêmes qui ne cachent pas leur dégoût pour « ceux d’en bas ». le sommet ». Les protagonistes, Mélenchon et Le Pen, utiliseront tous les moyens pour renverser Macron – tout le monde aimerait être monarque !

Ce qui est trompeur, c’est l’espoir que tout se mettra en place une fois que le prochain président aura à nouveau une majorité parlementaire stable après les élections présidentielles et législatives de 2027. Cela correspond à la vision glorifiée de la volonté rationnelle des électeurs, à laquelle le président a déjà succombé. lorsqu’il a convoqué des élections anticipées cet été.

La réalité socio-économique est différente : la société est divisée en trois blocs gauche-centre-droit à peu près égaux, eux-mêmes très hétérogènes. Des blocages mutuels entre le Président et le Parlement sont alors programmés. Cela signifie que le présent politique n’est plus en harmonie avec le passé institutionnel.

Deux alternatives de réforme pourraient sortir de l’impasse. Soit le Parlement est renforcé, ce qui signifierait un retour au système de la Quatrième République, où le président était élu au sein du Parlement. Avec une représentation proportionnelle qui reflète la fragmentation de la société, un Premier ministre fort et un président qui se limite à une fonction d’arbitre. Ou bien Houellebecq adoptera une approche plus risquée : supprimer le poste de Premier ministre afin de renforcer davantage le président. « Il y a quelque chose de post-démocratique là-dedans », dit Houellebecq à son protagoniste dans le roman « Destruction ».

Armin Steinbach est professeur de droit public et d’économie à l’École des hautes études commerciales (HEC) de Paris. Son roman « No Man’s Land » a été récemment publié aux Éditions du Crieur Public.

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