Éclatant, à l’image des trompettes, des cors et des timbales de la « Water Music » composée en 1717 pour George Ier.
Loin de se reposer sur ses lauriers de compositeur de luxe, il devait affronter le rôle ingrat d’imprésario théâtral que lui imposait le Londres géorgien, bouillonnant de vitalité, qui mettait en crise la tradition de l’opéra italien.Il devait adapter sa créativité au marché, attirer un public que d’autres tentaient de lui ravir. Surtout la toute nouvelle « Opera of the Nobility »,voulue par le Prince de Galles,qui pouvait compter sur la collaboration du célèbre Farinelli,Carlo Broschi,et qui,en 1734,lui avait soufflé le « King’s Theatre »,à Hymarket,siège de la Royal Academy.
Händel, protégé par le roi George II, s’était transféré au « Theatre Royal in Covent-Garden », inauguré deux ans plus tôt sur la place de l’ancien marché aux fruits et légumes de Londres. « Alcina », le 37ème de ses 44 drames musicaux (y compris trois secondes versions), avec le précédent « Ariodante », et l’« Orlando » de deux ans auparavant, forme une sorte de triptyque.L’opéra Alcina représente une tension entre le baroque et le classicisme.Il est conçu pour impressionner,déployant des scènes fantastiques,des enchantements,des apparitions,des travestissements et des transformations d’environnements. Il s’agit d’une sorte de grand opéra avant l’heure.La protagoniste est une magicienne, mais l’élément magique rappelle les racines mythologiques d’Ovide, avec un jeu de contrastes et d’ambiguïtés impliquant sept personnages. La musique est spectaculaire, avec un rôle crucial pour le chœur. Les récitatifs sont réduits au minimum car, comme l’explique Reinhard Strohm, le public anglais comprenait mal le livret en italien. Le compositeur devait donc « exprimer en musique ce qui était expliqué par les dialogues au public italien ». D’où la complexité et l’intensité des airs. Le livret anonyme est tiré des chants VI et VII de L’Orlando furioso,mais la source la plus directe est L’isola di Alcina d’antonio fanzaglia,mis en musique à Rome en 1728 par Riccardo broschi.La première représentation a eu lieu à Londres le 16 avril 1735, avec succès.
L’opéra met en scène une histoire riche en rebondissements et en émotions. Les personnages sont complexes et leurs motivations sont souvent ambiguës. La musique est à la fois grandiose et intime, et elle contribue à créer une atmosphère de mystère et de magie.
L’œuvre explore des thèmes universels tels que l’amour, la jalousie, la vengeance et la rédemption. Elle offre une réflexion sur la nature humaine et sur les forces qui nous animent.À chaque reprise, les décors et costumes étaient refaits, sans être conservés. Cela s’est reproduit à Rome, tout a été refait, « beaucoup mieux qu’avant », selon Audi lui-même, rencontré après le spectacle, louant les décors et costumes de Patrick Kinmonth. Un XVIIIe siècle authentique, mais simple, stylisé sans ostentation, avec une palette d’une absolue raffinement : rose damassé, tourterelle, mauve, gris acier, sublimée par les lumières de matthew Richardson. Des costumes inspirés du style, plus suggérés que reconstitués.
Pourtant, la sensation de fidélité historique et la splendeur scénique rappellent même la rigueur viscontienne. Ce qui frappe le plus, c’est la simplicité presque naïve de la scène, fixe, encadrée par des panneaux de bois peints, comme c’était l’usage à l’époque.L’histoire se déroule dans la toile habituelle d’amours croisées et interdites, mais avec un développement des psychologies très profond. Au cœur de l’intrigue se trouve la passion pour le paladin Ruggiero de la puissante magicienne Alcina, qui a la fâcheuse habitude de transformer ses amants en rochers, cours d’eau, arbres et animaux sur son île enchantée, mais Ruggiero a été épargné par amour.
Or, Bradamante, promise à Ruggiero, arrive sur l’île en compagnie de son confident Melisso, travestie sous les traits de son frère Ricciardo, dont Morgana, la sœur d’Alcina, tombe amoureuse à son tour. Hélas, Morgana est elle-même aimée du commandant Oronte. L’échiquier des passions et des sentiments est disposé sur scène avec clarté, et les relations psychologiques et affectives sont bien représentées par la mise en scène qui déplace les personnages avec la précision d’une horloge.Dans le deuxième acte, ruggiero enfile l’anneau magique que lui a donné Melisso. Immédiatement, le palais d’Alcina et tout son monde féérique s’écroulent. La scène se retourne, dévoilant la vérité cachée des relations entre les personnages. C’est un renversement radical des rôles. Alcina, de reine et magicienne toute-puissante, se transforme en une femme vaincue et désespérée.Ruggiero, d’amant aveugle, subjugué par l’appel des sens, se libère de l’enchantement amoureux.Il retrouve sa dignité de chevalier et sa bien-aimée Bradamante.
Le troisième acte complète la révélation. La scène est maintenant complètement vide,à l’exception d’une chaise et de rochers. Les victimes d’Alcina, emprisonnées dans des coffres, sont finalement libérées. La fin est tissée de mélancolie et d’ambiguïté, un chef-d’œuvre de théâtre psychologique. Il n’y a pas de vainqueur. Alcina est vaincue, mais Ruggiero, loin de triompher, est rempli de regrets.Du théâtre pur, qui place *Alcina* parmi les plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de l’opéra. Le spectacle est construit entièrement sur le jeu d’acteur, sur le soin minutieux des moindres gestes. Le metteur en scène a expliqué que tout est écrit, tout est étudié au millimètre près. La qualité de cette mise en scène réside dans la dissimulation, dans le fait de cacher l’artifice le plus complexe derrière une merveilleuse simplicité. Elle n’a pas besoin de décors voyants ni de machineries compliquées.
Le spectacle est construit entièrement sur le jeu d’acteur, sur le soin minutieux des moindres gestes.
À la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rome, un protagoniste incontesté du répertoire baroque dirige. Il revient au Costanzi avec Haendel après *Giulio Cesare in Egitto*.Même sans son ensemble, le maestro guide avec une main experte les musiciens romains vers une interprétation réussie du phrasé et de la pratique baroque. L’équilibre entre la fosse et la scène est admirable, tout comme les dynamiques et les couleurs d’un orchestre d’une grande sensibilité musicale.
L’équilibre entre la fosse et la scène est admirable, tout comme les dynamiques et les couleurs d’un orchestre d’une grande sensibilité musicale.
Les voix jouent un rôle plus important que jamais. Pour les deux personnages clés, le choix s’est porté sur des interprètes de talent. Le rôle de Ruggiero a été confié à Carlo Vistoli, un des contreténors les plus sensibles et techniquement préparés de la scène musicale contemporaine.le personnage d’Alcina a été confié à mariangela Sicilia, soprano lyrique faisant ses débuts dans le baroque. Elle a fait preuve d’une extraordinaire souplesse,d’un contrôle exemplaire de la voix et de l’émission.Ses nuances expriment au mieux la mélancolie subtile qui émane de la magicienne.
Alcina à Rome : Une Magie Lumineuse
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L’opéra Alcina de Haendel continue de fasciner, et une récente production a particulièrement brillé. L’interprétation des airs par les chanteurs a été saluée pour sa profondeur émotionnelle et sa justesse vocale.Parmi les airs magnifiques confiés par Haendel, deux se distinguent au deuxième acte : « Ah, mio cor! schernito sei » avec l’invocation poignante « Puoi lasciarmi sola in pianto? », et « Ombre pallide », une évocation amère des esprits que l’on voit sur scène, enveloppés de bandelettes inquiétantes. Au troisième acte,l’air le plus grandiose et douloureux,l’ultime « Mi restano le lagrime »,a particulièrement touché.
Carlo vistoli a su rendre la complexité psychologique de Ruggiero. L’air « Verdi prati, selve amene/perderete la beltà » au deuxième acte, est d’une finesse psychologique remarquable, un adieu poignant aux beautés illusoires de l’île d’Alcina. L’interprète l’a abordé avec une palette de tons poétiques,projetant sa voix des profondeurs de l’âme,sans effets de virtuosité superflus. Peut-être l’amour était-il vraiment présent. dans le dernier acte, « Sta nell’ircana » (une terre mythique, habitée par des tigres féroces) est une sorte d’air de fureur, dans lequel Ruggiero promet bataille. ses variations dans les dacapo sont d’un goût sûr.
Les autres voix n’étaient pas en reste. La contralto Caterina Piva incarnait Bradamante, le soprano Mary Bevan était morgana, dont la partition la pousse souvent dans le registre le plus aigu, le basse Francesco Salvadori était Melisso, le ténor américain Anthony gregory était Oronte et la jeune Silvia Frigato interprétait le personnage mineur du garçon Oberto à la recherche de son père, parfois omis mais ici opportunément préservé avec ses trois beaux airs.
Le chœur du Costanzi, préparé par Ciro Visco, a également été très bon. Son rôle est limité, sauf pour émerger puissamment dans le final joyeux, comme il se doit dans l’opéra baroque :
Dall’orror di notte cieca/chi ne reca con la vita/la smarrita libertà?.
Alcina à Rome : Analyse de la Production et de la Mise en Scène
Comprendre le Contexte
Le texte fait référence à l’opéra Alcina de Haendel,et plus précisément,à une production récente qui s’est déroulée à Rome. L’opéra, qui s’inscrit dans la tradition baroque, est mis en scène dans un contexte de tension entre le baroque et le classicisme.
le rôle de la musique et de la mise en scène
L’œuvre est conçue pour impressionner, avec des scènes fantastiques, des enchantements, des apparitions, des travestissements et des transformations d’environnements. La musique joue un rôle crucial, notamment avec le chœur. Les récitatifs sont réduits au minimum, car le public anglais de l’époque comprenait mal l’italien. Le compositeur devait donc “exprimer en musique ce qui était expliqué par les dialogues au public italien”. D’où la complexité et l’intensité des airs.
Structure du Réseau de Personnages de l’Opéra
| Personnage | Description |
| —————- | ———————————————————– |
| Alcina | Magicienne, protagoniste, transformant ses amants |
| Ruggiero | Paladin, amant d’Alcina, promis à Bradamante |
| Bradamante | Promise à Ruggiero, arrive sur l’île déguisée |
| Morgana | Sœur d’Alcina, amoureuse de Ricciardo |
| Melisso | Confident de Bradamante |
| Oronte | Amant de Morgana |
| Oberto | Jeune garçon à la recherche de son père |
FAQ sur Alcina et la Production Romaine
Qu’est-ce qui rend la musique d’Alcina remarquable?
La qualité de la musique est spect