La Marche des Fiertés LGBTQ+ a bravé à nouveau l’interdiction et s’est déroulée dimanche à Istanbul, contournant la présence de la police. Cela fait un mois depuis les élections marquées par une campagne homophobe virulente menée par le camp présidentiel.
Quelques centaines de manifestants ont agité des drapeaux arc-en-ciel, dont 200 dans le quartier chic de Nisantashi, comme l’a rapporté un photographe de l’AFP. Ils ont défilé sans heurts en évitant la célèbre place Taksim, qui était barricadée dès le matin.
Comme chaque année désormais, la Marche des Fiertés avait été interdite par le gouverneur de la ville, mais les manifestants brandissant des drapeaux arc-en-ciel se sont rassemblés plusieurs heures avant le début annoncé de la manifestation, dans des endroits tenus secrets jusqu’au dernier moment.
Les organisateurs se sont félicités de la tenue de leur “21e défilé de la fierté malgré l’interdiction”.
“L’amour est là, nous existons!” a déclaré l’association lesbienne Solidarité mauve sur Twitter, accompagnant son message d’une photo de filles jubilantes.
Les organisateurs ont signalé une quarantaine d’interpellations dès le début des rassemblements, mais ce nombre n’a pas été confirmé officiellement. L’année précédente, plus de 200 personnes avaient été arrêtées.
Depuis le spectaculaire défilé qui a rassemblé plus de 100 000 personnes à Istanbul en 2014, les autorités turques ont progressivement interdit la Marche des Fiertés, invoquant des raisons de sécurité.
Bien que l’homosexualité soit dépénalisée en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), elle reste largement stigmatisée socialement et suscite l’hostilité du parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP.
Tout au long de la campagne qui a conduit à sa réélection le 28 mai, le président Recep Tayyip Erdogan a diabolisé les communautés LGBTQ+ qu’il a fait huer abondamment jusqu’à sa victoire, les accusant de vouloir détruire la famille traditionnelle.
