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La menuiserie à l’heure éco-responsable (1/2)

by Nouvelles

Imaginer à quoi ressembleront les fenêtres ou les protections solaires de demain s’avère une activité bien utile pour les acteurs du secteur. Pratiqué dans la confidence des bureaux d’études, l’exercice permet tout autant de confirmer certains axes de recherche que de développer de nouvelles orientations, avec à la clef des conséquences importantes en termes de budget et d’investissements.
Parmi les grandes tendances qui se dégagent, le volet environnement reste le plus regardé. L’entrée en vigueur de la RE2020 dans le neuf n’y est pas étrangère. Cette nouvelle réglementation environnementale qui s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) définie par la France en 2020 conduit en effet les fabricants à se préoccuper de l’empreinte carbone de leurs produits afin de participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre des bâtiments. L’avancée est importante, d’autant qu’une montée en puissance des exigences est attendue à l’horizon 2025, puis 2028 et 2031. Obligatoire depuis le début de l’année, la REP PMCB introduit de son côté un système d’écocontributions afin de réduire la quantité de déchets et de favoriser leur valorisation dans les filières adaptées.

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Prioriser les produits écoconçus

Chez les fabricants, la logique nouvelle de l’écoconception s’impose, et avec elle la prise en compte de tout le cycle de vie des produits, de l’extraction des matières premières jusqu’à leur fin de vie. Le travail sur la matière est un premier point d’entrée investi par les industriels. Nombreux sont ceux qui cherchent à alléger le poids de leurs produits. À l’exemple de Saint-Gobain Glass qui met au point des vitrages feuilletés toujours plus fins. « Les travaux avancent et nous allons prochainement présenter un feuilleté 33.2 plus qui va pouvoir remplacer des verres plus épais comme le 44 ou le 55 dans des fenêtres standards », témoigne Patrick Busalb, chef de marché résidentiel à Bumi (regroupement de sites de fabrication de vitrage de Saint-Gobain). Dans cette approche matière, « l’enjeu est d’utiliser le bon matériau au bon endroit en mettant à profit les qualités intrinsèques de chaque matériau », explique Éric Brun, directeur marketing chez Atlantem. Ayant appliqué ce principe au développement de sa fenêtre mixte AM-X, le fabricant vise aujourd’hui l’intégration de matières premières de recyclage dans son process. Il n’est pas le seul. À des degrés d’avancement divers, tous les industriels se lancent dans cette direction.
Pionnier sur le sujet, le groupe Hydro développe depuis plusieurs années une offre en aluminium issu du recyclage, à destination de ses marques Sapa, Technal et Wicona. L’Hydro Circal 75 R se compose de 75 % de matière recyclée, ce qui lui confère un contenu carbone de 2,3 kg/m² contre 6,7 pour les billettes européennes et plus de 14 pour celles provenant de Chine. Technal propose également depuis cette année des profilés à base de 100 % d’aluminium recyclé (Hydro Circal 100R). « L’enjeu est de pouvoir récupérer suffisamment de matière en fin de vie et de limiter l’impact du transport en misant sur la proximité des approvisionnements », note Maxime Morel, responsable marketing de Sapa. Ce défi est également celui du fabricant vendéen K-Line qui a annoncé à la rentrée la construction de sa première fonderie aluminium sur le sol français. « Cet investissement fait partie d’une stratégie environnementale ambitieuse à laquelle nous réfléchissons depuis cinq ans. Notre volonté est de travailler en boucle fermée à partir d’anciennes menuiseries récupérées sur les chantiers de déconstruction, puis démantelées, leur aluminium fondu et extrudé pour fabriquer de nouveaux profilés »,résument Céline Coutand et Olivier Simonin, respectivement responsable communication et responsable marketing produit chez K-Line.

Incontournable pour réduire l’empreinte des produits, l’intégration de matière première recyclée est appelée à s’étendre à tous les composants de la fenêtre. Dans le domaine des vitrages, Saint-Gobain Glass a donné le ton avec Orae, le premier verre bas carbone du marché. Grâce à l’utilisation d’un contenu élevé en matière recyclée (64 %) et d’électricité renouvelable, celui-ci affiche un bilan carbone réduit de 42 % par rapport à la moyenne des produits européens de la marque (30 % par rapport au Planiclear). « Le vitrage bas carbone représente l’avenir, mais il faut beaucoup de verre recyclé pour le fabriquer en masse, ce que le marché ne permet pas encore. Toute la profession s’y attelle, mais on n’en est qu’au tout début », souligne Patrick Busalb.


Étendre la matière recyclée


Très présente dans le vitrage et les profilés, l’écoconception ouvre également sur de nouveaux composants annexes de la fenêtre. « Il s’agit notamment de joints TPE, plus faciles à recycler que les joints EPDM, de l’ABS, un matériau qui offre une alternative au plastique dans certains accessoires, de barrettes en polyamide recyclé, ou de rupteurs thermiques à base de bouteilles plastiques recyclées. Ces produits sont déjà présents dans notre nouvelle gamme de frappe et de façade. Leur utilisation sera étendue aux futurs développements », note Kristel Bariolet, cheffe de produit Technal. Lorsque la réglementation le permet, les fabricants cherchent également à s’affranchir des joints en silicone, difficilement recyclables et séparables d’une fenêtre, en privilégiant des étanchéités à sec. La dynamique est également à l’œuvre dans le domaine des protections solaires. Exemple chez Serge Ferrari, qui s’emploie depuis plusieurs années à accroître la part de matière recyclée dans ses toiles techniques. « Étant filateurs de polyester, nous avons progressé dans un premier temps sur le recyclage de nos chutes de production pour faire des fils de polyester recyclés. Nous travaillons avec des partenaires universitaires. Ce travail implique de revenir à la fonctionnalité même des produits et à sortir de nos habitudes », explique Isabelle Caritey, product development manager chez Serge Ferrari.

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La même préoccupation anime le fabricant Dickson qui met en place un programme de recyclage de ses toiles sous forme de fil ou de l’upcycling pour une seconde vie des produits. « Le travail sur l’analyse de cycle de vie nous a également conduits à travailler sur la composition chimique de nos toiles afin d’anticiper la prochaine interdiction des PFAS par la réglementation Reach. Toutes nos toiles vont répondre à cette nouvelle exigence », signale Amaury Flipo, market manager Solar Fabrics chez Dickson.

La suite au prochain épisode !

2023-10-03 10:00:00
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