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La migration clandestine en Méditerranée et en Afrique du Nord : Un bilan macabre de décès et de désespoir

La migration clandestine en Méditerranée et en Afrique du Nord : Un bilan macabre de décès et de désespoir
La liste tragique de la migration clandestine ne cesse de s’allonger, laissant des séquelles irréparables. À la recherche de nouveaux horizons et portés par l’espoir, souvent illusoire et trompeur, de pouvoir construire une vie meilleure loin de leur pays d’origine, des centaines de jeunes et moins jeunes ont entrepris des traversées périlleuses de la mer vers d’autres pays, généralement européens, pour voir leur rêve englouti dans les flots marins. Ainsi, loin de pouvoir atteindre leur destination souhaitée ou du moins préserver leur vie dans leur propre pays, ces malheureux candidats à l’immigration voient leur aventure se terminer en un drame pour eux-mêmes et pour leurs familles.

Ce phénomène tragique, qui préoccupe depuis longtemps les États soucieux de la sécurité de leurs citoyens, a pris une ampleur exponentielle au cours des 5 dernières années. Le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies pour la Migration (OIM) pour l’année 2022 en est la parfaite illustration. Publié le 14 juin, ce rapport de l’ONG, qui dresse un bilan macabre des décès sur les routes migratoires de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), révèle qu’un total de 3 800 personnes ont perdu la vie dans leur tentative de rejoindre l’autre bout du monde en 2022.

Selon l’institution, il s’agit du chiffre le plus élevé de ces cinq dernières années, soit une augmentation de 11% par rapport à 2021. La région MENA a représenté plus de la moitié du total des 6 877 décès enregistrés dans le monde selon ce nouveau rapport.

Cependant, les routes terrestres de l’Afrique du Nord ne sont pas moins meurtrières parmi les itinéraires migratoires de la région. Les chiffres le prouvent : 203 migrants y ont perdu la vie en 2022, dont plus de la moitié lors de la traversée du désert du Sahara, soit un total de 125 personnes. Néanmoins, ces chiffres représentent une diminution de 39% par rapport à 2021, au cours de laquelle 330 décès ont été enregistrés en Afrique du Nord, dont 227 lors de la traversée du désert du Sahara.

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Tout comme en 2020 et 2021, la Libye a enregistré en 2022 à elle seule 117 décès, suivie de l’Algérie avec 54 décès, du Maroc avec 13 décès, de la Tunisie avec 10 décès et enfin de l’Égypte avec 9 décès.

L’exactitude des chiffres

Bien que ces chiffres soient alarmants, ils ne reflètent pas fidèlement la réalité tragique des routes migratoires, pour la simple et unique raison que l’accès aux données officielles reste difficile. C’est du moins ce qui ressort dudit rapport dans lequel l’OIM a souligné que “le nombre réel de décès sur les routes migratoires est probablement beaucoup plus élevé, au vu des données collectées par la société civile et les organisations internationales, qui restent limitées”.

Ce travail devient encore plus compliqué du fait que de nombreux migrants trouvent la mort sans posséder de documents officiels prouvant leur identité. Koko Warner, directeur du Global Data Institute abritant le MMP, explique que les données “montrent que 92% des personnes décédées sur cette route restent non identifiées”.

C’est pourquoi, selon Othman Belbeisi, directeur régional de l’OIM-MENA, il est nécessaire que les instances internationales se penchent davantage sur les solutions à mettre en place afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène.

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Il convient de noter que les principales causes de décès sur les routes terrestres d’Afrique du Nord en 2022 étaient les accidents de véhicules (41%), suivis des conditions environnementales et du manque de nourriture, d’eau et d’abris (31%), précise le rapport.

Les ressortissants de la région MENA y perdent la vie

Vouloir quitter la région MENA pour arriver clandestinement en Europe signifierait donc, dans une grande mesure, perdre sa vie dans ces routes migratoires. C’est d’ailleurs le constat alarmant qui ressort du rapport de l’OIM. Sur les 3 329 personnes recensées par nationalité et décédées lors des tentatives de migration en 2022, 828 personnes étaient originaires des États arabes. “La plupart des décès de ressortissants de la région MENA sont survenus dans la région MENA”, souligne l’organisation.

Un total de 643 personnes, soit 78% des migrants recensés, sont décédées en mer Méditerranée, 58 en Afrique du Nord (Soudan et Égypte), 35 en Europe (principalement des Syriens), 16 en Asie occidentale (principalement des Syriens en Turquie) et deux Soudanais en Afrique occidentale.

Par pays, 213 sont originaires d’Algérie, 177 de la République arabe syrienne, 160 de la Tunisie, 106 du Maroc, 76 du Soudan et 42 d’Égypte.

La route Afrique de l’Ouest-Atlantique : le lieu de toutes les tragédies

Alors que les arrivées via la route atlantique vers les îles Canaries ont diminué en 2022 par rapport à 2021, le nombre de vies perdues est resté élevé. Selon l’OIM, au moins 559 personnes sont décédées sur le WAAR en 2022, soit moins que l’année 2021, l’année la plus meurtrière sur cette route depuis 2014, où un total de 1 126 migrants ont perdu la vie.

La majorité des décès sur le WAAR en 2022 ont eu lieu au large des côtes nord-africaines, où 349 personnes ont perdu la vie dans 16 naufrages. Par ailleurs, dix ont été rejetées par la mer au Maroc, sans qu’il soit possible de déterminer si cela est lié aux naufrages survenus.

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Les corps de 60% des personnes décédées sur le WAAR n’ont toujours pas été retrouvés, tandis que 84% d’entre eux n’ont pas été identifiés. Sur les 111 personnes identifiées par nationalité, 74 étaient originaires du Maroc, ajoute l’OIM, précisant que sur les 133 morts identifiés, 66 étaient des hommes, 44 des femmes et 22 des enfants, dont 5 bébés.

Au moins 2 406 personnes ont perdu la vie en mer Méditerranée en 2022, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis le record de 2017, où 3 139 décès avaient été enregistrés.

La Méditerranée, la plus meurtrière

La route méditerranéenne occidentale a causé au moins 611 décès supplémentaires en 2022, contre 384 décès en 2021, tandis que la route méditerranéenne orientale a enregistré 378 décès contre 111 en 2021.

Parmi les personnes identifiées parmi les décès sur la route de la Méditerranée occidentale en 2022, 209 étaient originaires d’Afrique du Nord, dont 83 Algériens et 26 Marocains, 40 venaient d’Afrique subsaharienne et 26 du Moyen

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