La ministre de la Culture s’est rendue ce lundi 12 février dans le DVM Show. Une initiative qui a autant fait gronder l’extrême droite que certains adeptes de rap.
Rachida Dati, ministre de toutes les Cultures ? La présence de la femme politique dans une émission consacrée au rap n’a pourtant pas fait l’unanimité. Diffusé sur Twitch, le DVM Show est partagé en direct depuis Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue nord-est de Paris, et promeut la culture urbaine. L’intervention surprise de l’ancienne sarkoziste a fait réagir pour des raisons diamétralement opposées extrêmes droites et défenseurs des banlieues sur les réseaux.
Aya Nakamura, Kaaris, Koba La D… Nombreuses sont les figures du rap à s’être rendues sur le plateau du DVM Show. Alors quand son créateur, Medja, a annoncé sur X (ex-Twitter) la venue d’un invité surprise lors du live du 12 février, l’arrivée de la ministre de la Culture aux côtés des rappeurs Tayc et Dadju en a étonné plus d’un. «Faites du bruit pour Rachida Dati !», lance un des animateurs. La Ministre se prête au jeu – malgré un nom d’émission qu’elle écorche à l’occasion en VDM – et finit même par inviter la joyeuse équipe au ministère de la Culture : «Vous venez avec vos “manettes”, avec votre matériel, vous installez tout et vous venez faire un DVM.» Surprise des concernés, «On fait du bruit, tu sais ?» répond l’un d’entre eux. Pas de problème pour Rachida Dati, «un ministère de la Culture sans bruit, ce n’est pas un ministère dans la Culture». La séquence fera aussi du bruit sur les réseaux.
Le choc des cultures
Sans surprise, la venue d’un membre du gouvernement dans une émission qui incarne la culture rap et ses valeurs n’a pas été du goût de l’extrême droite. «Rachida Dati doit s’expliquer sur sa présence hilare hier au DVM show, émission qui fait la promotion permanente du deal» a réclamé le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. Le DVM Show serait selon lui le «repaire d’un antisémite» en référence au rappeur Freeze Corleone, qui avait fait l’objet d’une enquête pour provocation à la haine raciale, finalement classée sans suite – et plus récemment visé par une enquête pour apologie du terrorisme. Eric Zemmour a quant à lui partagé un extrait de l’émission en demandant la suppression du ministère de la Culture, au profit d’un «véritable ministère des Beaux-Arts et du patrimoine français». Des critiques assez attendues, si elles se limitaient à l’extrême droite.
Mais, plus problématique pour une initiative visant à promouvoir la culture urbaine, ce sont aussi les adeptes de cette dernière qui ont incendié la séquence. «Tu gères un média rap. Tu animes une émission où tu invites des artistes (qui font du rap) à se produire et promouvoir leurs futurs projets. Tu décides d’inviter un ministre de droite dans ton émission… En vrai à quel moment ça a merdé [sic] ?UN» a réagi sur X le producteur Diabi, connu pour son travail avec le rappeur Nekfeu. Avant d’ajouter : «On parle quand même d’une ministre qui était le pion de Sarkozy, qui j’rappel voulais [sic] nettoyer au Kärcher les quartiers populaires». Le même Nicolas Sarkozy qui «a engagé des poursuites pendant 8 ans contre plusieurs groupes de rap (Tireur d’élite, La Rumeur,…) pour leurs textes vous avez perdu l’esprit», atteint Diabi.
Les DVM assument
Et le producteur n’est pas le seul à rappeler la posture de Rachida Dati. Parmi les réponses des internautes, un extrait la montre, en 2007 et alors porte-parole de Nicolas Sarkozy, s’imaginant ministre «de la rénovation urbaine à coup de Kärcher», avant de se rendre compte de la présence d’une caméra «Oh la la, ça craint là », achève-t-elle. Un autre tweet la montre, lors de la mort de Nahel, réagir sur BFMTV en s’interrogeant sur le parcours scolaire de l’adolescent. Autant d’éléments qui, parmi bien d’autres, font tiquer auprès des amateurs de rap et défenseurs des banlieues, et sont remontés auprès des DVM.
Alors que certains internautes espéraient des regrets voire des excuses de leur part, les DVM et Medja assument pleinement sur Twitch. «Vous avez jamais rien fait de votre vie, tweetez même toute l’année, on s’en bat les couilles, c’est comme ça» commence-t-il. «C’est la ministre de la Culture, elle est pas venue parler politique, elle est venue féliciter des mecs d’Aulnay. […] Elle est la bienvenue, elle revient quand elle veut, continuer Moyenne parce que si on écoute les gens, il faut qu’on reste entre nous enfermés. Bah non frérot.»
Elle semblent loin les paroles du tube du groupe de rap Sniper, «Fadela» qui interpellait en 2011 «Rachida!» : «On t’a donné une bonne place t’as oublié la hess». Entre temps, Rachida Dati est devenue la cible de punchlines – de plus ou moins bon goût – chez plusieurs rappeurs comme Kool Shen, Kaaris ou la Sexion d’Assaut. L’histoire entre la ministre et le rap continue.
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