“La misère des jeunes est trop souvent sous-estimée”

2024-09-02 14:55:00

02 septembre 2024 | 13h55

LECTURE : 2 minutes

“Les psychologues qui s’occupent de ce qui est arrivé à Paderno Dugnano dans les prochains jours, ils auront l’occasion d’approfondir la dynamique qui a conduit ce garçon de 17 ans à faire quelque chose qui nous semble sans précédent. Dans ce cas également, les premiers témoignages parlent d’un garçon « normal » et donc la crise homicide dont on parle si souvent revient en jeu. Généralement, la violence se manifeste comme telle d’une manière qui paraît soudaine mais dont la genèse prépare le terrain. Il est plus facile de parler de « folie soudaine », mais même les gestes les plus extrêmes et les plus incompréhensibles ont une histoire qu’il est important de comprendre. Et comprendre ne signifie pas justifier, ne nous y trompons pas, c’est plutôt l’idée de la précipitation soudaine qui sert à justifier et à éviter de comprendre”. Ainsi à Adnkronos Salut David Lazzari, président du Conseil National de l’Ordre des Psychologues (CNOP)intervient sur ce qui s’est passé à Paderno Dugnano (Milan) où un jeune de 17 ans a avoué avoir tué son père, sa mère et son frère de 12 ans « parce qu’il se sentait opprimé ».

Un autre réflexion fondamentale “est lié à la notion de détresse psychologique, souvent banalisée – souligne Lazzari – on pense que seule une maladie mentale grave mérite une attention particulière et elle est sous-estimée. Une maladie qui envoie des signaux sensationnels que tout le monde peut voir. L’inconfort, en revanche, crie souvent de manière silencieuse mais que, si l’on veut écouter, on peut entendre. Et cela peut être la manifestation non pas tant de déviations ou de ruptures du psychisme mais d’une extrême pauvreté psychologique, une sorte de désertification qui empêche la construction d’identités subjectives adéquates et crée un vide interne parfois insoutenable. Ce sont des problématiques que nous, psychologues, dénonçons depuis des années mais qui font peu de bruit sauf dans des situations extrêmes.”

Un “malaise de nos jeunes que l’on voit partout autour de nous mais dans lequel on investit très peu, il suffit de penser à la psychologie scolaire qui est encore un mirage – souligne Lazzari – Quand le malaise est si répandu et si peu écouté, cela peut arriver que quelqu’un en arrive à des gestes extrêmes, contre soi-même, le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes, ou contre les autres, à commencer paradoxalement par leurs proches”. Evidemment “ce sont ces gestes qui effraient et alarment, et il est juste d’essayer de comprendre, mais si nous voulons faire quelque chose, nous devons donner des réponses au-delà des cas tragiques individuels”, conclut-il.

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