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La Monella Chie : le visage d’un Japon qui n’existe plus

by Nouvelles
La Monella Chie : le visage d’un Japon qui n’existe plus

2024-06-13 20:43:48

Un aspect intéressant de la lecture d’un manga est la découverte de la société, de la culture et du mode de vie japonais. Si beaucoup de ces aspects nous sont peut-être familiers, car avec la technologie d’aujourd’hui nous vivons tout directement, en mettant tout sous nos yeux, dans une version “jetable”, cela devient un peu plus complexe lorsqu’il s’agit de sujets datés. Ainsi des œuvres qui peuvent remonter à 30 – 40 ans et même plus, nous offrent des aperçus de vie aujourd’hui disparus mais qui nous font réfléchir sur un monde lointain plein d’émotions, de curiosités, de drames mais aussi de socialisation, de petites choses qui égayent le existence de paysages à l’échelle humaine.

“La Monella Chie”, dans l’original Jarinko Chie, d’Etsumi Haruki, publié par Toshokan Edizioni, nous présente l’histoire d’une petite fille Chie qui vit dans un quartier d’Osaka dans les années 70 et qui doit affronter la vie avec un père, Tetsuo, qui ne veut pas travailler, dont le seul but est de jouer, alors que sa mère a décidé de quitter cet homme inactif. Les grands-parents paternels tentent de diriger l’entreprise familiale, dédiée aux abats de cuisine, dans laquelle la grand-mère est la seule à savoir tout gérer, allant même jusqu’à utiliser des méthodes fortes : l’utilisation de techniques de lutte dont elle est une grand fan.

Un ouvrage de longue durée, composé de 67 Tankobon, publié de 1978 à 1997, dans lequel des aspects de la vie de l’auteur né à Osaka ont été introduits dans l’histoire, et c’est justement cette particularité qui frappe le lecteur, on n’est pas confronté à la ville industrialisée et hyper-technologique d’aujourd’hui mais un environnement qui évolue vers la modernisation, des maisons basses et non des gratte-ciel, des rues toujours pas envahies par les véhicules, des vêtements traditionnels qui restent encore des vêtements…

Un manga agréable à lire dans lequel des aspects de la vie quotidienne sont racontés de manière amusante à travers les yeux de la petite Chie plus judicieuse que son père. Les expressions des personnages racontent leurs sentiments et même si l’auteur structure tout de la manière la plus humoristique possible, il y a sous-jacente à la narration ce sentiment aigre de quelqu’un qui se lève chaque matin et doit se battre.

Le trait caricatural met en valeur le décor dans un contraste correct : l’âme des protagonistes qui rassemblent leurs forces pour être le plus positif possible et l’environnement qui les entoure qui ne laisse rien transparaître. Une manière de raconter et de présenter le trait qui fait référence à des artistes manga comme Asao Takamori (Rocky Joe), Ikki Kajiwara et Naoki Tsuji (Tiger Man) ou Monkey Punch (Lupin III), un Japon désormais lointain, plein de difficultés qui fonctionnait devenir l’une des principales puissances économiques mondiales, dans laquelle existait un sentiment d’appartenance, d’agrégation. Dans « La Monella Chie », le véritable protagoniste se trouve à l’arrière-plan de l’histoire des personnages et est le quartier lui-même dans lequel se déroulent les événements.

Une lecture au style cinématographique de l’époque, à tel point qu’on perçoit un sentiment nostalgique du temps qui passe et page après page on est de plus en plus immergé, à tel point qu’on se sent personnellement impliqué.



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