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La mort de Maurice Ligot, ancien ministre, député et maire de Cholet

La mort de Maurice Ligot, ancien ministre, député et maire de Cholet

Maurice Ligot s’est éteint le 29 octobre, à l’âge de 94 ans, à Cholet (Maine-et-Loire), ville qu’il dirigea pendant trente ans, de 1965 à 1995, et dont il fut le député de 1973 à 2002. Né le 9 décembre 1927 à Niort, il était le fils d’un négociant en textile du Choletais, qui fut lui-même maire d’une commune du secteur (Mazières-en-Mauges, de 1926 à 1951) et le petit-fils d’un commerçant en bonneterie de Cholet. Tous prénommés Maurice.

Après un doctorat de droit et un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris, Maurice Ligot devint haut fonctionnaire en empruntant la voie de l’Ecole nationale d’administration. En 1961, il est nommé conseiller Afrique du président de la République, Charles de Gaulle, et travaille cinq années durant avec Jacques Foccart, le très controversé « Monsieur Afrique » d’un pays qui tente de maintenir sous influence ses anciennes colonies. Il poursuit sa carrière comme chef de cabinet du ministre de l’intérieur, Roger Frey, en 1964.

Alors qu’une belle carrière dans la « préfectorale » lui tend les bras, la mort de sa première épouse, Brigitte, le laisse seul avec leurs trois fils. Maurice Ligot se replie alors sur Cholet dont il conquiert la mairie à 37 ans, en 1965. Sous sa férule, cette sous-préfecture du Maine-et-Loire connaît une période de développement inédite, passant en trente ans de 36 000 à 56 000 habitants. Il organise son désenclavement avec la réalisation d’une quatre voies qui relie sa ville à Nantes puis, plus tard, de l’autoroute A87 dite « Angers-Cholet ». C’est lui aussi qui est à l’origine de l’installation du fabricant de pneus clermontois Michelin en 1970, sur un site qui emploie toujours 1 200 salariés en 2022.

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Cumul des mandats

En 1976, quand Jacques Chirac claque la porte de Matignon, le centriste Maurice Ligot, – il avait adhéré au Centre national des indépendants et des paysans (CNIP) avant de rejoindre l’Union pour la démocratie française (UDF) –, sent que le moment est venu de se rappeler aux bons souvenirs de ses amis politiques. Il appelle Michel Poniatowski, ministre de l’intérieur, pour proposer ses services au chef de l’Etat, Valéry Giscard d’Estaing, et à son nouveau premier ministre, Raymond Barre. Le voilà nommé secrétaire d’Etat à la fonction publique. « Le premier ministre m’avait demandé de ne rien faire qui puisse exciter cette corporation toujours prête à s’enflammer, confiait-il au Courrier de l’Ouest en 2020. J’ai donc géré en évitant les réformes trop brutales, et il n’y a pas eu de conflits majeurs pendant les deux années où j’étais au gouvernement. »

Catholique et conservateur, Maurice Ligot s’oppose à la loi portant sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et s’attire ensuite les foudres de Simone Veil à propos d’un projet de loi sur la condition féminine. Selon ses dires, la ministre lui aurait lâché sur le perron de Matignon, à la sortie d’un conseil des ministres : « Vous êtes le représentant d’associations catholiques attardées. »

En 1978, son sort est scellé. Le jeu des alliances lui est fatal, et il n’est pas reconduit au gouvernement. Il reprend alors son mandat de député, entamé en 1973. Celui qui est surnommé par ses pairs de l’Assemblée nationale « le député de la chaussure » – le Choletais et les Mauges étant le siège d’entreprises emblématiques comme Eram – cumulera d’ailleurs ce mandat national avec celui de maire de Cholet, de conseiller général de Maine-et-Loire et de conseiller régional des Pays de la Loire avant de s’opposer, bien plus tard, au cumul des mandats.

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Son successeur Gilles Bourdouleix, qui fut son directeur de cabinet de 1985 à 1995 avant d’enfiler lui-même l’écharpe tricolore et de se brouiller avec lui, rappelait ce week-end : « Je sais ce que le territoire lui doit. Il avait une vision du développement de Cholet au milieu des années 1960, période à la fois facile en matière de développement, et à la fois difficile car Cholet était à l’écart des axes de communication. Maurice Ligot a toujours parié sur le développement et il l’a permis. »

En 1995, juste avant de quitter la mairie de Cholet, Maurice Ligot exprimait néanmoins quelques regrets : « Comme tous les maires des années 1960, j’ai construit trop de collectifs. Je croyais donner du bonheur aux gens, mais il y a eu des dérives insupportables. Les gens le paient durement. C’était une mode française que ce collectivisme et nous y avons cédée, hélas. » Dans un entretien, accordé en 2013, il disait aussi de cette terre où le chômage est très bas : « Si la France ressemblait au Choletais, elle serait comme l’Allemagne. »

Maurice Ligot en quelques dates

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