La chute du régime de Bachar al-Assad a une fois de plus plongé la Syrie dans une ère d’incertitude. Après des décennies de règne, une offensive rapide des rebelles du Nord a renversé les forces de Bachar al-Assad, le forçant à fuir vers Moscou, où il a été hébergé. a obtenu l’asile. Alors que les rues de Damas éclataient de joie, l’avenir de la Syrie reste entouré d’ambiguïté et de peur. La guerre contre Assad est peut-être terminée, mais le conflit a laissé une nation fracturée et polarisée confrontée à la menace imminente d’une nouvelle insurrection pour occuper le vide de pouvoir nouvellement créé. Diverses factions, unies contre le régime d’Assad, peuvent rivaliser les unes avec les autres. Celui qui comblera le vide du pouvoir façonnera non seulement le destin de la Syrie, mais influencera également la stabilité de la région dans son ensemble.
La situation en Syrie évolue rapidement. L’Armée nationale syrienne (SNA), soutenue par la Turquie, et les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, se sont affrontées violemment dans le Nord. Manbijune ville stratégique près de la frontière turque, a été capturée par la SNA. Pendant ce temps, les forces russes se dépêchent se retirer leurs actifs depuis leurs bases militaires. Le statut des actifs les plus précieux de la Russie, à savoir la base aérienne de Khmeimim et l’installation navale de Tartus, reste incertain alors que Moscou tente de dialoguer avec les nouveaux dirigeants syriens pour protéger les deux bases. Dans un contexte d’incertitude, la Russie est déjà navires en mouvement depuis l’installation navale de Tartus par mesure de précaution. Même si ces bases font partie intégrante du maintien de l’influence de la Russie au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afrique, certains spéculent qu’elles pourraient être déménagé en Libye sous le contrôle de Khalifa Haftar si la position de la Russie en Syrie s’affaiblit davantage.
Au milieu de ces tensions, certains analystes occidentaux lancent une fois de plus l’idée d’une diviser la Syrie en trois sections pour stabiliser la région. Cependant, une telle solution risque de se heurter à une forte opposition de la part des rebelles syriens qui ont combattu trop durement contre Assad, la Russie et l’Iran pour établir leur contrôle sur l’ensemble du pays. La menace d’une réémergence de l’EI ajoute un autre niveau de complexité à la situation déjà fragile de la Syrie. Les forces américaines ont intensifié leurs efforts pour neutraliser les infrastructures du groupe, mais le scepticisme règne parmi les rebelles syriens. Beaucoup y voient un prétexte pour maintenir une présence militaire américaine dans la région.
Avec plusieurs acteurs non étatiques contrôlant désormais différentes zones géographiques du pays, il est difficile de prédire l’issue future. Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), une faction islamiste qui contrôle une grande partie de la population syrienne, est devenue un acteur clé. Dirigé par Abou Muhammad al-JulaniAncienne filiale d’Al-Qaïda, HTS a changé de nom et contrôle désormais de grandes villes comme Alep, Idlib, Hama et Homs, ainsi que le littoral vital du pays. La moitié sud de la Syrie est gérée par deux factions alliées au HTS : les Armée libre syrienne (SFA) et le Salle des opérations sud (DORS). La SFA, un groupe soutenu par les États-Unis et stationné à l’origine près de la frontière jordanienne, a étendu son contrôle à certaines parties de Damas et à d’autres emplacements stratégiques. Pendant ce temps, le SOR, une coalition de Syriens sunnites et minorité druze—fait office de zone tampon entre la Syrie et Israël. Même si ces factions contribuent aux objectifs plus larges de HTS, leurs intérêts divergents constituent également une menace de conflit entre ces factions.
Les divisions ethniques et sectaires compliquent encore davantage la Syrie post-Assad. Le paysage démographique du pays comprend des Alaouites le long de la côte méditerranéenne, des communautés druzes au sud, des Kurdes au nord et une majorité arabe sunnite répartie dans tout le pays. Des années de guerre ont creusé ces divisions, rendant presque impossible une gouvernance mutuellement convenue.
La faction la plus dominante, le HTS, fait face à une concurrence féroce de la part du SNA et du SDF. Le SNA, soutenu par la Turquie, contrôle un territoire relativement petit derrière la frontière turque, dans le nord-est de la Syrie. Mais ils contrôlent des armes avancées et peuvent ainsi utiliser une puissance de feu efficace avec une connaissance supérieure de la situation. Les FDS, dominées par les forces kurdes et soutenues par les États-Unis, contrôlent une partie plus importante du pays au nord-est. Cependant, la région occupée par les FDS est dominée par une population arabe, créant ainsi des frictions internes. Récemment, les protestations arabes contre l’autorité des FDS se sont multipliées, avec des incidents faisant des victimes civiles et des couvre-feux imposés par les forces des FDS. Ces tensions mettent en évidence la fragilité du contrôle des FDS, qui repose en grande partie sur un soutien extérieur plutôt que sur le soutien public.
La Turquie, un acteur clé pour l’avenir de la Syrie, a clairement exprimé sa position à l’égard des FDS. Considérant le groupe comme une extension du PKK, une organisation séparatiste kurde considérée comme une entité terroriste par Ankara, la Turquie considère les FDS comme une menace directe pour sa sécurité nationale. L’étendue de l’influence de la Turquie dans l’évolution du paysage syrien d’après-guerre dépendra de sa capacité à rallier le soutien des factions locales et à dissoudre le pouvoir des FDS. À l’avenir, les FDS seront probablement confrontés à une coalition du HTS et du SNA, soutenue par la Turquie – un scénario qui pourrait démanteler la région entière.
La question des réfugiés syriens ajoute à la complexité. Depuis 2024, les Nations Unies rapportsau moins 7,4 millions de Syriens restent déplacés à l’intérieur du pays, et environ 4,9 millions d’entre eux cherchent refuge dans les pays voisins. 1,3 million de personnes supplémentaires se sont réinstallées ailleurs, principalement en Europe. Alors que la stabilité revient dans certaines régions de Syrie, des milliers de personnes tentent de rentrer chez elles, mais les efforts de reconstruction sont insuffisants. La Banque mondiale estime que la reconstruction des infrastructures syriennes nécessitera plus de 400 milliards de dollars— un chiffre inquiétant qui retarde la réinstallation en toute sécurité des réfugiés.
Pendant ce temps, les loyalistes d’Assad qui ont fait défection fuient vers l’Irak, abandonnant leurs armes. Ces individus, dotés d’une expertise militaire, pourraient constituer une menace future, formant potentiellement des groupes militants pouvant être utilisés par des puissances étrangères. Après tout, la montée rapide de l’Etat islamique a été en partie alimentée par d’anciens militaires irakiens qui possédaient la formation, les armes ainsi que la volonté de mener une guerre asymétrique pour reprendre le contrôle du Moyen-Orient.
Alors que la Syrie est à l’aube d’un nouveau chapitre, son avenir reste incertain. Éviter le déclenchement d’une nouvelle guerre civile devrait être la priorité absolue. La communauté internationale, les puissances régionales et les factions syriennes doivent agir avec prudence pour éviter d’enfermer le pays dans un nouveau cycle de violence. Ce n’est que grâce à une gouvernance inclusive, une reconstruction significative et une véritable réconciliation que la Syrie pourra espérer renaître des cendres de la guerre.
#nouvelle #réalité #syrienne #une #nation #croisée #des #chemins