Pour son exposition « Van Gogh à Auvers-sur-Oise – Les derniers mois », au Musée d’Orsay jusqu’au 4 février 2024, l’établissement propose une expérience en réalité virtuelle autour de l’œuvre du peintre. En s’associant au fabricant de casques VR HTC, Orsay a ainsi développé « La palette de Van Gogh », un parcours immersif, à 360°, saisissant de réalisme et d’émotion. Associer la réalité virtuelle au monde de l’art est désormais un axe de développement majeur pour le musée national, qui souhaite aller encore plus loin.
Plonger en immersion dans la palette de Van Gogh. À l’occasion de l’exposition « Van Gogh à Auvers-sur-Oise – Les derniers mois », qui ouvre ses portes au public ce mardi, le Musée d’Orsay invite les visiteurs à se plonger dans l’univers créatif du peintre avec un casque VR sur la tête. 20 minutes a eu l’opportunité de tester en avant-première cette expérience. « Un saut technologique ».
Avant de découvrir une quarantaine d’œuvres que le peintre a réalisées au cours de ses deux derniers mois à Auvers, une salle est dédiée à une expérience nouvelle appelée La palette de Van Gogh, présentée par Pierre-Emmanuel Lecerf, administrateur général d’Orsay, comme « un saut technologique mais aussi un moment émouvant ». C’est HTC, le fabricant de casques de réalité virtuelle, à travers sa division HTC Vive Arts, qui est aux commandes.
Dans cet espace, douze casques XR Elite attendent les visiteurs. Ce modèle haut de gamme, léger malgré sa batterie intégrée, dispose de quatre caméras qui permettent de matérialiser les mains de l’utilisateur et d’interagir avec le contenu. Le casque est également doté de ses propres écouteurs. Une fois assis sur un tabouret rotatif, l’expérience peut commencer. Déconseillée aux moins de 8 ans, elle est accessible aux personnes à mobilité réduite.
Nous sommes immédiatement propulsés dans la maison du Docteur Gachet, immortalisé par Van Gogh dans l’une de ses toiles. Margueritte Gachet, fille du médecin, joue le rôle de narratrice : « Monsieur Vincent utilisait un nombre considérable de tubes de peinture, du rouge, du vert, du bleu de Prusse. Il se plaignait souvent de ne jamais en avoir assez ». Notre hôtesse invite les visiteurs à prendre une palette de peinture posée sur la table du salon. Il suffit de tendre la main pour la prendre. Grâce à la réalité virtuelle, l’idée est de ne pas rester statique sur son tabouret, mais de se tourner, de lever et baisser la tête, de se laisser captiver par les détails. Et même de jouer avec la matière. Alors que des bulles de couleurs flottent dans l’air, on peut les manipuler, les mélanger, les déformer et peut-être ainsi comprendre comment Van Gogh associait ses couleurs. Ces quelques minutes sont remplies de poésie.
La palette de Van Gogh permet également de découvrir le tableau « Racines d’arbres », peint le jour même du suicide de l’artiste. En réalité virtuelle, le visiteur se retrouve plongé dans l’enchevêtrement des racines bleutées et dénudées du tableau, aspiré sous la surface du sol, avec la sensation presque étouffante de se retrouver face à un arbre majestueux en levant la tête. Troublant… On ne peut s’empêcher d’être saisi par les émotions qui devaient alors opprimer le peintre, qui s’est donné la mort quelques heures après avoir terminé sa toile. « Ma vie est elle aussi attaquée à la racine même », écrivait-il quelques jours plus tôt…
Tout au long du parcours en réalité virtuelle, un martin-pêcheur sert de fil conducteur. Il suffit de le suivre pour passer d’un univers interactif à un autre. Le parcours, bien qu’intense, est logiquement limité dans le temps : dix minutes. On aurait aimé pouvoir s’attarder ici et là, profiter davantage de certaines séquences. La technologie utilisée, le casque XR Elite d’HTC, qui est normalement utilisé en mode « jeu » jusqu’à 10 mètres, est utilisée de manière statique, assise. L’expérience proposée par le Musée d’Orsay, qui prend en compte les contraintes logistiques, est donc volontairement limitée sur le plan technique. Un développement en réalité augmentée, mêlant les images d’Auvers-sur-Oise d’aujourd’hui à celles immortalisées par Van Gogh, aurait peut-être mérité d’être exploré. Mais les 6 euros demandés pour cette promenade en réalité virtuelle, en plus du prix de l’entrée à l’exposition, en valent vraiment la peine.
Si HTC a assuré la partie technique de cette expérience, Orsay s’est associé à Réalités lucides, une société française spécialisée dans les expériences immersives, et à la société de production de documentaires Tournez S’il Vous Plaît pour proposer La Palette de Van Gogh.
En réalisant cette expérience, on découvre également tout le potentiel que la technologie peut apporter à l’art, et plus spécifiquement à l’art pictural, qui, comme ici, n’est en rien figé dans ses cadres. « Cela permet d’atteindre des communautés et des publics qui ne s’intéressent pas nécessairement aux musées, de moderniser notre image grâce à la gamification, à la ludification », confirme Agnès Abastado, directrice du numérique au Musée d’Orsay. Le musée ne compte pas s’arrêter là. Pour les 150 ans de l’Impressionnisme, il prépare, toujours en collaboration avec HTC Vive Arts, une nouvelle expérience. Celle-ci devrait être encore plus ambitieuse, permettant à jusqu’à 80 personnes équipées d’un casque de réalité virtuelle de se déplacer simultanément dans une zone de 500 m² sans être obligées de rester immobiles. Rendez-vous en 2024 pour une exposition qui sera bien réelle ! (Source: Christophe Séfrin, 20 Minutes)
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