La peur des représailles chinoises freine le recrutement d’acteurs pour une pièce sur Tian’anmen

Le Théâtre Duceppe a eu du mal à recruter des acteurs d’origine chinoise pour sa nouvelle pièce, qui a fait ses débuts mercredi à Montréal et qui traite du massacre de la place Tian’anmen, car plusieurs acteurs craignaient de subir des représailles du gouvernement chinois.

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Il est difficile de trouver un exemple plus concret des répercussions de l’ingérence chinoise sur les citoyens canadiens. “On ne se doute pas à quel point le régime chinois a encore une place dans la vie [des Québécois d’origine chinoise] et un ascendant sur leurs décisions, même s’ils n’habitent plus en Chine”, a déclaré le co-directeur du Théâtre Duceppe, David Laurin.

Ce dernier était présent lors des auditions en 2020 de la pièce Chimérique, qui sera à l’affiche pour un mois à Montréal. Une vingtaine de comédiens québécois d’origine chinoise avaient été convoqués, la pièce se déroulant en français, anglais et mandarin.

Du jamais vu

“Sur l’heure du midi, on a remarqué qu’entre la moitié et le tiers des acteurs ne s’étaient pas présentés à l’audition, ce qui est quelque chose qui n’arrive jamais [dans le milieu du théâtre]. Il y a tellement peu d’auditions au Québec que lorsqu’il y en a, je peux te confirmer que les acteurs se déplacent!” a-t-il raconté au Journal.

C’est une interprète présente sur place qui a révélé au directeur et au metteur en scène que certains acteurs hésitaient déjà depuis plusieurs jours à se présenter aux auditions, par peur de représailles de Beijing en raison du thème de la pièce (voir ci-bas).

“C’est cette interprète qui nous a fait comprendre que ces gens-là risquaient beaucoup […] En allant porter cette parole-là sur scène et dire que oui, Tian’anmen, c’était vraiment un massacre qui a fait des milliers de morts, ces [comédiens] vont à l’encontre de ce que le régime chinois désire que les gens sachent”, explique David Laurin.