Les acouphènes, qui touchent environ 750 millions de personnes dans le monde, restent encore inexpliqués sur le plan scientifique et il n’existe pas de traitement curatif pour ce bourdonnement continu dans les oreilles, qui peut être très handicapant. L’auteur principal, Vitor Hugo Panhóca, chercheur au CEPOF (Centre de recherche en optique et photonique), rappelle que “les acouphènes sont un symptôme très répandu dans la population générale et sont traités avec diverses méthodes, allant du nettoyage des oreilles aux anesthésiques locaux, aux antidépresseurs, aux antihistaminiques, aux antipsychotiques et aux sédatifs, avec des résultats différents”.
On estime qu’1 Français sur 4 est touché par les acouphènes, que 1 personne sur 2 a déjà expérimenté les acouphènes et que 1 personne sur 2 connaît quelqu’un qui souffre d’acouphènes. Cependant, 51% des personnes souffrant d’acouphènes n’ont jamais consulté.
De nombreux facteurs ont été évoqués, notamment les lésions des cellules ou des cils de l’oreille interne, une irrigation périphérique insuffisante de l’oreille interne, la perte auditive liée à l’âge ou la presbyacousie, l’exposition à des niveaux sonores élevés, l’accumulation de cérumen ou une otospongiose de l’oreille moyenne.
La thérapie au laser et la photobiomodulation confirment leur efficacité
L’étude a comparé les principales thérapies actuellement utilisées pour les acouphènes idiopathiques (sans cause apparente) et réfractaires chez 100 patients, hommes et femmes, âgés de 18 à 65 ans, répartis au hasard en 10 groupes. Les traitements testés étaient l’acupuncture au laser, le dichlorhydrate de flunarizine, le Ginkgo biloba (une plante médicinale) et la stimulation laser à faible intensité du conduit auditif interne ou de la région du méat (stimulation transméatale), seule et associée à la vacuothérapie, aux ultrasons, au G. biloba ou au dichlorhydrate de flunarizine. Les participants ont suivi 8 séances de traitement 2 fois par semaine et ont été évalués lors de l’inclusion, après la 8e séance et à la fin de l’étude, 15 jours plus tard, à l’aide d’un questionnaire sur le handicap lié aux acouphènes comprenant 25 questions, dont 11 portant sur les limitations mentales, sociales, professionnelles et physiques liées aux acouphènes. L’analyse a révélé que :
- les meilleurs résultats sont observés avec l’acupuncture au laser seule et la stimulation laser transméatale de faible intensité seule ;
- dans le cas de la stimulation laser, les symptômes sont mieux réduits avec une durée d’irradiation plus longue : 15 minutes contre 6 minutes ;
- les combinaisons de la thérapie au laser avec la vacuothérapie ou le G. biloba, l’acupuncture au laser seule et le dichlorhydrate de flunarizine seul ont également des effets thérapeutiques durables, mais plus modestes.
Quels sont les effets bénéfiques en pratique ? Les effets positifs observés chez les patients traités incluent :
- une action anti-inflammatoire et relaxante ;
- la thérapie au laser semble augmenter l’irrigation périphérique, qui peut être la principale cause des acouphènes ;
- la thérapie au laser favorise la photobiomodulation, c’est-à-dire qu’elle stimule la multiplication des cellules de l’oreille interne et la production de collagène.
Ces données ouvrent la voie à l’élaboration d’un protocole à utiliser par les dentistes, les médecins oto-rhino-laryngologistes, les orthophonistes et autres praticiens qui traitent ces patients, le nombre de séances et l’intensité du traitement devant être adaptés car ils varient considérablement dans la littérature.
“Identifier les thérapies efficaces et comprendre leur fonctionnement nous aidera à nous concentrer sur les bonnes approches et à soulager les patients d’une condition courante, handicapante mais encore largement négligée”.
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