“Veux-tu m’épouser?” au pied de la tour Eiffel ou devant tous ses amis: les demandes en mariage en public ne sont plus réservées aux comédies romantiques. Mais l’attention n’est pas toujours appréciée par les premiers concernés, même si les histoires se terminent souvent bien.
Demandée en mariage en public, Claire Calligaro s’est “sentie prise en otage”. Voltigeur dans un haras, son compagnon lui a posé la grande question devant les quelque 350 personnes présentes dans le public. Un moment dont la jeune femme de 36 ans, responsable d’un restaurant à Paris, se souvient avec précision.
“À la fin du spectacle, lors des saluts, le maître de cérémonie a dit qu’il y avait une dernière chose à faire avant de partir et il m’a appelée”, relate-t-elle. “C’est là que j’ai vu Yassine (son compagnon, NDLR) commencer à frétiller.”
Claire Calligaro comprend ce qui est en train de se passer – le couple avait déjà parlé mariage. Mais cela ne la réjouit pas. “On s’imagine un truc très romantique mais en fait, quand on le vit, ce n’est pas du tout agréable”, poursuit-elle.
“J’étais en jogging, pas coiffée, je me suis retrouvée sur scène, sous les projecteurs, avec tout le monde qui me regardait. J’étais mortifiée.”
Au rayon lingerie d’un hypermarché
Un militaire avant de défiler sur les Champs-Élysées pour le 14-juillet, je ne suis pas fan de toi Seigneur des anneaux lors d’une rétrospective de la saga au cinéma, mais aussi un client d’un hypermarché au rayon lingerie ou maman un député australien lors de son premier discours au Parlement… Les exemples de demandes en mariage publiques se multiplient.
Largement mise en scène dans les comédies romantiques américaines, la pratique n’est aujourd’hui plus réservée au cinéma: les vidéos de demande en mariage publique d’anonymes sont massivement relayées sur les réseaux sociaux.
“Nous vivons dans l’idée que les choses se font forcément dans l’exposition”, analyse Sophie Cadalen, psychanalyste et spécialiste du couple, interrogée par BFMTV.com. “Pour être valables et validées, elles réclament des traces.”
Un rapport aux autres et à soi qui bouleverse les frontières du privé et de l’intime. “C’est comme si nous n’avions plus d’impératif à préserver un espace où les autres sont absents”, observe encore Sophie Cadalen, auteure de L’Aventure du divan (éditions Philippe Rey). “Même l’intimité devient spectacle. Mais cela pose la question: fait-on les choses pour soi ou pour les montrer aux autres?”
“C’était surtout très gênant”
Le compagnon de Claire Calligaro a fait sa demande au micro, après s’être mis à genoux. “Tout le monde criait”, continue-t-elle, évoquant son malaise.
“J’ai dit ‘oui’ bien sûr parce que j’ai envie de partager ma vie avec lui mais j’ai surtout dit ‘oui’ pour que ça se termine et qu’on rentre à la maison.”
“En plus, il a galéré à sortir la bague de son gilet”, poursuit-elle. “J’ai eu l’impression que ça durait des heures. J’étais très émue évidemment mais c’était surtout très gênant et désagréable.”
Une fois la demande acceptée, ce n’est pas fini pour autant. “Les personnes du public sont venues nous féliciter. J’étais mal fagotée, en plus il fallait avoir l’air heureux.” “C’était affreux”, résume-t-elle.
Aujourd’hui, la jeune femme n’en tient pas rigueur à son futur époux – leur mariage est d’ailleurs prévu au printemps. “Ça nous fait une anecdote marrante à raconter”, relativise-t-elle. “C’est un homme de scène, il n’a pas pensé que je serai mal à l’aise.” Même si, après coup, le cavalier s’en est voulu.
La demande en tête-à-tête préférée
Le dénouement n’est pas toujours aussi heureux. Sur les réseaux, les vidéos de demande en mariage publiques à l’issue négative sont peut-être aussi nombreuses que celles à l’issue positive. “Quand on convoque un public, cela impose de le satisfaire”, pointe la psychanalyste Sophie Cadalen. “Dans les films, la réponse est forcément ‘oui’, tout le monde applaudit et happy end. Mais dans la vie, ça ne se passe pas toujours comme ça.”
Et les commentaires ne sont pas tendres avec ceux et celles – le plus souvent des femmes – qui refusent.
“Il faut beaucoup de courage pour dire ‘non’ et décevoir le marié comme le public”, ajoute Sophie Cadalen.
Ces demandes publiques interviennent dans un contexte où le mariage a de moins en moins la cote. Leur nombre est en baisse depuis une vingtaine d’années, passant de plus de 305.000 en 2000 à
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