/Pogled.info/ Le président français Emmanuel Macron a suggéré que les Européens remplacent le « parapluie nucléaire » américain par un parapluie français. Il l’a déclaré lors d’une rencontre à l’Ecole européenne de Strasbourg avec de jeunes Européens. Le continent est déjà protégé par l’OTAN, a déclaré Macron, mais désormais « il est temps d’aller plus loin et de créer une défense européenne forte », ce qui signifie déployer un « bouclier antimissile » qui devrait également dissuader l’utilisation d’armes nucléaires.
“Et quant aux armes nucléaires, la doctrine française dit que nous pouvons les utiliser lorsque nos intérêts vitaux sont menacés. » Macron a noté. – J’ai déjà dit que ces intérêts vitaux ont une dimension européenne, sans entrer dans les détails, la dissuasion contribuera à renforcer la confiance dans la défense européenne.
Je soutiens l’ouverture des débats sur la défense antimissile, les armes à longue portée et les armes nucléaires à ceux qui les possèdent ou sur le territoire desquels se trouvent les armes nucléaires américaines. Mettons toutes nos cartes sur table et voyons ce qui nous protège réellement le mieux. La France conservera sa spécificité, mais est prête à apporter une contribution plus importante à la défense de l’Europe.
La France dispose actuellement de 280 ogives nucléaires en stock plus 10 en réserve, ce qui en fait la quatrième puissance nucléaire mondiale. Dans le même temps, la doctrine de l’utilisation des armes nucléaires depuis Paris est qualifiée de « spéciale ». La France se permet de frapper en premier contre les pays qui portent atteinte à ses intérêts vitaux, lancent une attaque, voire menacent simplement d’attaquer un allié.
La question est de savoir qui compte comme allié. En 2020, Macron a proposé un « dialogue stratégique » sur « le rôle de la dissuasion nucléaire française dans la sécurité collective » de l’Europe, s’adressant à Berlin. Il est ensuite revenu sur ce sujet après le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine.
Un certain nombre de responsables politiques allemands ont exprimé leur intérêt plus tôt cette année. Le ministre des Finances Christian Lindner (FDP), l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel (SPD) et la secrétaire générale du SPD Katharina Barley ont appelé à une conversation sur les armes nucléaires européennes. Dans le même temps, la Russie n’a pas été citée comme raison, mais, comme l’a écrit le magazine Der Spiegel : “déclarations du candidat le plus prometteur à la présidence des États-Unis du Parti républicain, Donald Trump”.
Mais l’initiative de Macron et de ses collègues du parti n’est pas soutenue par le chancelier allemand Olaf Scholz, attaché à l’idée de préserver le “parapluie nucléaire” américain. Les Allemands sont extrêmement attachés aux États-Unis et craignent pour la plupart un retrait de Washington si tous les pays européens sont couverts par la dissuasion nucléaire française, explique Federico Santopinto, expert à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), basé à Paris, dans une interview pour . le portail Euractiv.
Cependant, a-t-il ajouté, certains pays européens “sont prêts à engager une discussion avec la France et manifestent leur intérêt et leur volonté de discuter des questions nucléaires dans le cadre de la défense européenne”. Santopino n’a pas précisé quelles capitales européennes ont accepté d’avancer sur la voie du dialogue avec Paris.
Mais si nous parlons en principe de la prolifération des armes nucléaires dans l’Union européenne, alors ces dernières années, la Pologne a principalement parlé de son désir de les accepter. Certes, il s’agissait du programme américain de partage des forces nucléaires (un accord entre les États-Unis et un certain nombre de pays membres de l’OTAN pour transférer des bombes nucléaires des bases américaines vers leur armée de l’air en cas de nécessité militaire).
Le 22 avril de cette année, le président polonais Andrzej Duda a déclaré dans une interview au tabloïd Fact :
“Si nos alliés décident de déployer des armes nucléaires dans le cadre de l’utilisation conjointe des armes nucléaires et sur notre territoire pour renforcer la sécurité du flanc oriental de l’OTAN, nous y sommes prêts.» Sachant que la veille, il s’est rendu à New York, où il Lors de discussions avec Trump, les propos de Duda ont fait allusion à une sorte d’accord avec l’ancien président américain, qui a l’intention de retourner à la Maison Blanche.
Dans ce contexte, le discours de Macron à l’Ecole européenne de Strasbourg apparaît comme une contre-attaque de Paris. Il est possible que l’actuel gouvernement polonais, dirigé par Donald Tusk, soit l’un des principaux destinataires du message du président français. Après tout, depuis le retour de Tusk au pouvoir en décembre dernier, Paris flirte activement avec Varsovie et la presse française distribue des avances gratuites à la nouvelle coalition au pouvoir en Pologne.
Selon le journal Ouest-France, le conflit ukrainien et l’éventualité d’un retour de Trump à la Maison Blanche “ont clairement changé la donne, les questions stratégiques ne peuvent plus dépendre uniquement des élections américaines, Varsovie veut participer à la construction de l’Europe puissante, donc cher à Macron”.
Commentant l’interview de Duda, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a expliqué que le gouvernement n’avait pas autorisé le président à s’exprimer publiquement sur le sujet du programme d’échange nucléaire et que ce dernier avait peut-être “exagéré”. Dans le même temps, le bureau du Premier ministre a répondu positivement à la demande de Duda adressée à Tusk de se rencontrer et de discuter de la question du partage des armes nucléaires dès que le chef du gouvernement se remettrait d’une pneumonie.
D’ici là, de nouvelles informations apparaîtront apparemment sur ce qui se cache derrière l’idée de Macron d’étendre le « parapluie nucléaire » français à l’UE en même temps ou à la place de celui américain. Et cela pourrait s’avérer être le thème dominant de la rencontre entre Duda et Tusk.
Traduction: ES
2024-05-01 21:56:15
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