2024-09-16 19:33:53
Titre: La psychiatrie comme protagoniste. De l’expérience des usagers et des membres de leur famille, un service de santé mentale idéal
Auteur: Paolo Giovanazzi et Andrea Puecher
Éditeur: Erikson
Nombre de pages : 218
Prix de couverture : 20,00 euros
Année de parution : 2022
Si l’on examine l’histoire de la psychiatrie, on voit émerger les noms de grands psychiatres, mais seules des dénominations et des étiquettes existent pour les malades mentaux : hystérie, schizophrénie, manie, asthénie, etc. L’histoire de la psychiatrie est l’histoire des psychiatres et non celle des patients.
Franco Basaglia, Conférences brésiliennes1979, (p. 4)
Cet opérateur me décrivait comme bipolaire presque comme s’il me racontait l’intrigue d’un film qu’il avait vu. Mais ne s’est-il pas rendu compte qu’il avait devant lui le protagoniste de ce film ?
Andréa (utilisateur)
La psychiatrie comme protagoniste est un livre écrit par Paolo Giovanazzi et Andrea Puecher dans le but de faire entendre la voix des usagers des services de santé mentale et de leurs familles. Ce sont précisément ces derniers qui sont les « protagonistes » du texte, et de cette psychiatrie sociale, encore à actualiser, qui représentait l’essence de la réforme psychiatrique. L’initiative du livre part de l’expérience des bénévoles, des utilisateurs et des membres des familles de l’Association Il Cerchio FareAssieme Onlus, affiliée à l’entreprise de santé du Trentin, qui fournissent des indications pour la construction d’un service de santé mentale idéal qui assure enfin la pleine application de la loi. 180/1978.
L’intention de l’auteur n’est pas de laisser le métier de soignant aux seuls spécialistes, mais de stimuler la nécessaire prise de responsabilité commune à l’égard de ce sujet, comme une réappropriation personnelle et collective d’un bien qui ne peut être entièrement délégué aux techniciens. La volonté est de soutenir l’importance du dialogue et de la collaboration, d’abord entre les opérateurs, et entre les opérateurs et les utilisateurs et les membres des familles, et néanmoins entre les services de santé mentale et les services socio-éducatifs, et avec les associations du tiers secteur, avec des activités sportives et récréatives. dans la région.
Comme premier thème, le livre aborde le problème de la maladie mentale dans notre société et l’impact du diagnostic sur les personnes et les familles, ainsi que la nécessité de changer la façon de considérer la maladie mentale, dont les significations sont encore souvent ignorées aujourd’hui. . À cet égard, les deux auteurs citent les mots de Franco Basaglia, toujours d’actualité aujourd’hui, qui nous encouragent à poursuivre le travail de changement, non seulement dans le domaine de la santé mais surtout dans le domaine culturel, mis en œuvre avec la réforme psychiatrique : « Société, qu’on appelle civil, doit accepter à la fois la raison et la folie. » Les auteurs se demandent : “Dans quelle mesure la folie est-elle encore connue dans le monde d’aujourd’hui ?”. (p. 16)
Un jour, dans un hôpital psychiatrique, un patient m’a donné une bonne gifle. Mon premier réflexe a été de le lui rendre. Mais ensuite j’ai pris cette vieille main et je l’ai embrassée. La vieille femme se mit à pleurer. «Tu es ma fille», m’a-t-il dit. Et puis j’ai compris ce que signifiait cet acte de violence.
En fait, il n’y a pas de folie sans justification et tout geste considéré comme fou par les gens ordinaires et sobres implique le mystère d’une souffrance sans précédent qui n’a pas été saisie par les hommes.
Alda Merini, 1986, (p. 77)
La stigmatisation liée à la maladie mentale est encore aujourd’hui un problème très répandu, qui touche trop souvent de manière violente la personne qui exprime un besoin et sa famille. C’est pourquoi il est nécessaire de réserver l’attention nécessaire à cette question et de repenser la manière d’aborder la santé mentale et le langage utilisé pour définir la fragilité vécue. Une politique de démédicalisation est certainement souhaitable, ainsi que la planification d’activités de sensibilisation et d’information, depuis les écoles jusqu’à la formation des opérateurs eux-mêmes, et sur le territoire, qui amènent une nouvelle prise de conscience du concept de vulnérabilité comme fait spécifiquement humain.
Le changement souhaité nécessite la présence des personnes concernées : c’est le message puissant qui ressort de la lecture du texte. Il n’est pas possible de penser à construire une nouvelle culture et de bonnes pratiques sans prendre en considération l’expérience des personnes qui ont vécu l’expérience de la détresse mentale et des proches, qui devraient toujours soutenir les professionnels tant dans les conférences que dans les centres de santé mentale. ; cette dernière constitue certainement une possibilité intéressante d’intégration des connaissances pour la construction de bonnes pratiques. Les « utilisateurs experts par expérience » représentent des ressources précieuses car ils peuvent mettre leurs expériences au service des autres, transformant quelque chose de douloureux en quelque chose de précieux. En ce sens, nous pouvons parler de récupération et la référence est à la possibilité d’être actif dans son propre cheminement de guérison. Cette idée de soin s’inscrit pleinement dans une philosophie de démédicalisation. Il en va de même pour la figure des membres de la famille. En effet, en tant qu'”Utilisateurs Experts Famille”, ils peuvent apporter leur contribution. La présence des usagers et des membres de leur famille, experts par expérience, est souhaitable dans les Services, par exemple dans les premiers points d’accueil, ainsi que dans les activités de groupe.
Le service idéal ne peut se limiter au Centre de Santé Idéal, et encore moins aux admissions hospitalières (SPDC – Service de Diagnostic et de Traitement Psychiatrique) pour faire face à la crise ; le service doit pouvoir s’étendre sur le territoire, impliquer les espaces sociaux et relationnels et savoir utiliser les ressources que représentent les réseaux communautaires. Savoir naviguer dans la mer de la complexité.” (p. 63)
Cet engagement met au devoir tant les institutions que les politiques, qui échouent dans leur tâche. L’importance d’investir dans des services ouverts 24 heures sur 24, en présence de personnel pour accueillir en permanence la personne qui ne peut se débrouiller seule, est certainement une question qui doit revenir au centre du débat pour une société qui puisse se dire capable de accueillir les besoins de ses citoyens.
L’engagement, évidemment, ne s’arrête pas aux activités relevant de la compétence des institutions mais exige la ferme volonté de ne consentir à aucune forme de violence sur les plus vulnérables. À cet égard, il est essentiel qu’il y ait une participation concrète de la communauté à la question délicate de la santé mentale, quelque chose qui ne peut être laissé aux seuls techniciens mais qui doit devenir une réappropriation personnelle et communautaire, en tant que dimension éthique fondamentale. En ce sens, il s’agit de ramener le soin dans une vision humaniste du besoin, dans laquelle chacun est appelé à apporter sa propre contribution, avec une participation concrète et la volonté de faire quelque chose pour améliorer le présent. Comme le dit Eugenio Borgna, « la psychiatrie est avant tout la bienveillance » mais « il n’est pas nécessaire d’être psychiatre pour pratiquer la bienveillance ». (p. 74)
La gentillesse, ainsi que la volonté de répondre aux besoins de chacun, est quelque chose qui appartient à la vertu et, en ce sens, représente une possibilité d’exercice et de pratique pour chacun de nous.
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