La quête de la perfection : la vie de Guillaume Diop, premier danseur étoile noir de l’Opéra de Paris

La quête de la perfection : la vie de Guillaume Diop, premier danseur étoile noir de l’Opéra de Paris

On dit que la perfection n’est pas de ce monde, mais sous les toits de l’Opéra Garnier de Paris, les danseurs y aspirent, un saut à la fois. Même pour l’un des danseurs les plus prisés de la France, l’excellence n’est jamais acquise et chaque cours est nécessaire pour préparer le corps et l’esprit. Être danseur étoile, c’est une chose, mais il faut le rester, il faut l’assumer. C’est un cadeau, mais c’est aussi une grande responsabilité.

À 23 ans, Guillaume Diop incarne la discipline et la persévérance. Guillaume est très spécial comme danseur, il a des possibilités physiques incroyables, mais en plus, il a une sorte d’intelligence et de finesse dans l’interprétation, explique le directeur de la danse au Ballet de l’Opéra de Paris, José Martinez. C’est d’ailleurs lui qui l’a promu au rang d’étoile au mois de mars, à la surprise générale, puisque Diop est l’un des rares danseurs qui aient accédé à la plus haute distinction possible avant même d’être premier danseur comme le veut la tradition. Si pour José Martinez le choix était évident et n’avait rien d’audacieux, il marque un grand écart pour la plus vieille institution de danse du monde.

Dans l’univers du Ballet qui manque cruellement de diversité culturelle en France, la nomination de Guillaume Diop est aussi historique. Il devient le premier danseur étoile noir de la compagnie. Mais pour être honnête avec vous, j’aurais préféré ne pas être le premier, concède le danseur, la gorge nouée, rattrapé quelques secondes par l’émotion alors qu’il nous dirige dans les couloirs de l’Opéra Garnier qui l’a vu grandir et pour qui il est devenu un symbole.

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Entre deux répétitions, une séance de maquillage et un cours de danse, Guillaume nous a reçus dans la toute nouvelle loge privée que l’Opéra vient de lui attribuer, un privilège réservé uniquement aux danseurs étoiles. Vous êtes les premiers à venir dans ma loge, c’est tout nouveau et je n’ai pas encore eu le temps de tout placer, mais déjà, les murs sont décorés de photos de ceux qui l’inspirent : sa famille, ses amis et ses idoles, dont la chanteuse Beyoncé qui le fascine depuis qu’il est tout petit et qui demeure à ce jour une femme qui le motive. Car si devenir danseur étoile a toujours été un rêve, Guillaume Diop a mis du temps à y croire.

Je pense sincèrement que ça vient du manque de représentation que j’avais à l’époque. Car n’eût été un stage qu’il a fait à New York en 2016 au sein d’une troupe de danseurs majoritairement afro-américains, Diop aurait peut-être abandonné la danse. Je pense qu’on sous-estime vachement l’importance, quand on est enfant, de voir les choses de nos yeux, même si on a des images, des vidéos, des archives. Moi, je me disais oui, mais j’ai besoin de voir des personnes de couleur sur scène quoi.

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Aujourd’hui il est le modèle et l’exemple qu’il n’a jamais eu. Un rôle pour lequel il ne s’est pas préparé, mais dont il comprend la portée, surtout depuis qu’il a voyagé en Guyane au mois d’octobre pour faire la promotion du ballet et de la diversité. C’est vraiment là que je me suis rendu compte que je suis devenu un modèle pour beaucoup d’enfants, une inspiration certainement, et c’est un rôle que je prend très au sérieux, car moi, je me suis longtemps questionné pour me convaincre que c’était possible.

Possible d’être noir ou métis et danser les plus grands rôles du répertoire classique, tel qu’il est, fidèle à ses valeurs au sein d’une institution vieille de 350 ans. En fait, les danseurs sont jeunes, et ils évoluent plus vite que l’institution, concède José Martinez qui, depuis qu’il a pris la direction de la danse l’an dernier, s’est donné comme mission de moderniser le Ballet de l’Opéra de Paris. On ne peut pas être une compagnie comme il y a 200 ans, notre évolution doit suivre celle de la société, et Guillaume Diop en est la preuve vivante.

Diop, bien que jeune, aura aussi été l’un des instigateurs de cette réflexion quand il a corédigé en 2020 un grand manifeste au nom de la diversité avec les rares danseurs noirs de la compagnie. Le long plaidoyer faisait aussi appel à l’abolition de pratiques discriminatoires au sein de l’Opéra. Je me suis senti plus adulte, plus honnête, plus mature de revendiquer ça parce que cela fait partie de qui je suis et qui est de mon identité.

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Les choses ont changé de façon concrète, explique Guillaume Diop assis à la chaise de maquillage. Il y a du maquillage pour nos carnations. Plus besoin de faire de mélanges parce que, des fois, c’est un petit peu fastidieux, et surtout, il n’y a plus de visage noir qui se fait à l’Opéra de Paris, parce que oui, ça se faisait encore. Sa maquilleuse acquiesce en souriant. Visage noir, visage jaune le blanchiment des peaux noires… tout ça est désormais interdit.

Guillaume Diop doit nous quitter. Il disparaît dans le brouhaha qui anime les coulisses à quelques minutes de la grande répétition du ballet Casse-Noisette. Nous avons eu droit à plusieurs tableaux du célèbre conte de Noël, dont un des préférés de Guillaume, une valse sous les flocons avec sa partenaire, la grande danseuse étoile Dorothée Gilbert, qui a presque le double de son âge. Pour moi, c’est un plaisir de retrouver la fraîcheur des débuts avec Guillaume, il y a une découverte de sa part et on le voit dans ses yeux et sa danse.
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