La réaction du gouvernement au passage à tabac de Florence crée un climat dangereux – Alessandro Calvi

La réaction du gouvernement au passage à tabac de Florence crée un climat dangereux – Alessandro Calvi

Il est très grave qu’un ministre de la république – Giuseppe Valditara, chef de l’éducation – avoir liquidé comme « inapproprié » et même « ridicule » une lettre d’un directeur qui avait invité ses élèves à réfléchir sur la genèse du fascisme et sur les dangers de l’indifférence face à la violence.

Et il est particulièrement troublant que cela se soit produit quelques jours après la agression violente subi par un groupe d’étudiants aux mains de jeunes d’extrême droite à Florence. Les propos du ministre ont alors pris des allures même intimidantes étant donné que pendant des jours le gouvernement de facto avait gardé le silence face à ces coups, décidant de ne parler que pour censurer les propos de cette directrice, allant même jusqu’à menacer de prendre des mesures si, comme elle a déclaré Valditara, “l’attitude devrait persister”.

Pourtant, tout cela s’est réellement passé ces derniers jours, à partir du samedi 18 février, lorsque dans la capitale toscane, près du lycée classique Michelangiolo, un groupe d’étudiants a été attaqué par des jeunes, identifiés plus tard par la police comme appartenant à un groupe attribuable à Action Étudiante, formation politique de jeunesse proche des Frères d’Italie. Ces garçons font actuellement l’objet d’une enquête pour violences privées aggravées et pour blessures.

Il appartiendra à la justice d’établir le déroulement des événements. Pour l’instant, les images de l’attentat et le fait que les enquêteurs procèdent pour des violences privées et non pour une bagarre parlent d’eux-mêmes, une circonstance qui, du moins dans cette phase de l’enquête, exclurait toute responsabilité de l’agressé. Cependant, ce n’est pas ce qui frappe le plus dans cette histoire. Ce qui est le plus alarmant, c’est plutôt la réaction du ministre, et de toute la droite, face à certaines manifestations de violence. Et, de manière générale, une attitude des forces gouvernementales pour le moins peu institutionnelle face à un mauvais climat qui s’amplifie.

Milanais, professeur ordinaire de droit romain, Joseph La Valettera il vient de la Ligue : il est le conseiller politique de Matteo Salvini et déjà dans les années 90, il se vantait d’avoir une relation avec Gianfranco Miglio, l’idéologue des débuts de la Ligue. Dans son cursus, on retrouve cependant un militantisme dans l’Alliance nationale, le parti héritier de l’ancien Mouvement social italien (MSI), puis dans le Peuple de la liberté, la formation dans laquelle An et Forza Italia avaient fusionné en 2009, et enfin dans Futuro e Libertà , le parti fondé par Gianfranco Fini en 2011. Depuis qu’il était ministre, il s’est distingué par certaines interventions qui ont soulevé de nombreuses perplexités. En novembre 2022, par exemple, il glorifiait l’humiliation comme “un facteur fondamental dans la croissance et la construction de la personnalité” des jeunes, donnant le sentiment d’une certaine inadéquation par rapport au rôle qu’il occupe.

La même sensation vient en observant une grande partie de la classe dirigeante élue pour diriger le pays, par exemple le comportement souvent inopportun de l’actuel président du Sénat Ignazio La Russa. Mais l’impréparation explique jusqu’à un certain point des positions comme celles de Valditara, qui trouvent leur explication avant tout ailleurs : dans l’idéologie, d’abord, et dans une attitude à l’égard de la politique – mais on pourrait même la définir comme existentielle – dont il s’agit mélange de victimisation, de ressentiments, de récriminations, d’un besoin brûlant de rédemption. Il en résulte une action politique qui ne peut se passer de l’affrontement permanent contre tout et tous, dans le ton et les attitudes, souvent de manière unilatérale. C’est un trait assez commun aux représentants de la droite radicale qui ont grandi vers les années quatre-vingt du XXe siècle et qui semblent encore aujourd’hui culturellement prisonniers de cette époque, incapables de tisser un rapport à la réalité qui tienne compte des décennies passées et d’un monde qui entre-temps a changé.

Giorgia Meloni en est peut-être l’exemple le plus clair. Cela peut être compris à partir des mots qu’elle-même prononce souvent. Bien sûr, pas de ceux sur l’agression qui a eu lieu à Florence ces derniers jours, puisqu’elle est restée sensiblement silencieuse à ce sujet, du moins jusqu’à présent. Cependant, il existe d’innombrables discours dans lesquels ce trait ressort clairement. On se souviendra, parmi tant d’autres, du rallye que Meloni a organisé au printemps dernier s’exprimant à l’initiative du parti d’extrême droite espagnol Vox. A cette occasion, entre autres, il s’est insurgé contre les “lobbies LGBT” et l’immigration de masse. “Je me suis trompé de ton”, il a dû admettre quelque temps après.

Mais la même attitude se dégage également de la communication qui passe par les réseaux sociaux. Ici aussi une perspective fortement marquée par le même besoin de confrontation permanente est constamment proposée. C’est un choix de communication vraiment dangereux, étant donné que la tension monte dans le pays depuis un certain temps. Au moment même où le ministre Valditara parlait contre la lettre du principal sur l’antifascisme et l’indifférence, par exemple, un groupe de jeunes d’extrême droite il a brûlé une copie de cette lettre devant le lycée Da Vinci, l’école dirigée par ce même responsable, puis a diffusé les images via Twitter.

Ici, ce climat devrait être désamorcé. Peut-être avec des comportements positifs. Le président de la république Sergio Mattarella en a également parlé le 24 février lorsqu’il a remis les certificats d’honneur de “porte-drapeau de la république” aux jeunes qui représentent des modèles positifs de citoyenneté au Quirinal. Mattarella, après avoir fait allusion aux violences qui ont eu lieu ces derniers jours “même devant une école contre des enfants”, il a déclaré qu'”il y a des épisodes de violence contre lesquels, cependant, le vrai barrage est naturellement fait par les interventions des pouvoirs publics, mais il est fait surtout par les comportements positifs qui s’exercent dans la société, se manifestent, se manifestent, tels que ceux que vous avez alignés”.

Bref, la violence est toujours à condamner, et les valeurs proclamées par la constitution ne doivent pas être censurées mais affirmées à chaque occasion. Et à la place, ils préfèrent continuer à utiliser des tons agressifs. C’est pourquoi, en plus d’être insuffisant, ce droit commence également à se révéler dangereux.

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