La réélection de Félix Tshisekedi en République démocratique du Congo : résultats, contestation et incertitudes

La réélection de Félix Tshisekedi en République démocratique du Congo : résultats, contestation et incertitudes

La réélection triomphante du président sortant Félix Tshisekedi devrait être officiellement annoncée dimanche en République démocratique du Congo, après un scrutin qualifié de “simulacre d’élections” par l’opposition, qui demande l’annulation des résultats.

L’issue de l’élection présidentielle, qui se déroule en un seul tour, ne fait aucun doute, en raison des résultats partiels divulgués au cours des huit derniers jours par la commission électorale nationale indépendante (Céni), qui prévoit d’annoncer les résultats complets provisoires dimanche après-midi.

Samedi soir, sur 17,8 millions de voix comptabilisées, Félix Tshisekedi, 60 ans, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à un second mandat de cinq ans, était crédité de 72% des suffrages. Moïse Katumbi le suivait avec 18,9% des voix, Martin Fayulu avec 5,5% et Adolphe Muzito avec 1,36%.

Parmi les vingt autres candidats, dont Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, aucun n’a atteint 1% des voix. Martin Fayulu a déclaré cette semaine : “Nous n’accepterons jamais ces résultats d’une fraude organisée”. La police a empêché une première manifestation de contestation.

La performance de Félix Tshisekedi est “au-delà de toutes les prévisions”, selon Trésor Kibangula, analyste politique à l’Institut de recherche Ebuteli. Mais les scores élevés enregistrés dans certaines régions “interrogent” sur “l’impact des irrégularités” constatées par les observateurs.

Près de 44 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux, ainsi que leurs conseillers locaux. Le quadruple scrutin avait été prévu pour le 20 décembre, mais en raison de problèmes logistiques, il a été étendu au 21 par la Céni. Il s’est déroulé pendant plusieurs jours dans certaines zones reculées, jusqu’au 27 selon une mission d’observation des Eglises catholique et protestante.

“Beaucoup d’incertitudes” entourent ce scrutin, puisque des irrégularités ont été documentées par la mission d’observation des églises. Les opposants accusent le pouvoir de fraude depuis le début du processus. Des tensions post-électorales sont redoutées dans un pays à l’histoire politique agitée et violente.

Les autorités affirment avoir pris toutes les dispositions pour prévenir les débordements, notamment dans le sud-est minier, fief électoral de Moïse Katumbi. Mais des opposants ont fait savoir qu’ils ne saisiraient pas la Cour constitutionnelle en laquelle ils n’ont aucune confiance, pas plus que dans la Céni qu’ils estiment inféodée au pouvoir.

Il reste à voir quelle sera la réaction de l’opposition. “Réactiver la rue contre la victoire de Félix Tshisekedi serait très compliqué, surtout à Kinshasa”, estime Trésor Kibangula. En plus du climat politique tendu, la campagne électorale a été touchée par la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, en proie à une résurgence de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda voisin.

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