La rentrée scolaire en Tunisie : le coût des fournitures s’envole

La rentrée scolaire en Tunisie : le coût des fournitures s’envole

À peine quelques jours nous séparent de la rentrée scolaire. Cet événement important dans la vie des familles tunisiennes est souvent accompagné d’un grand enthousiasme, mais aussi de grandes dépenses. Toutefois, cette année la hausse des prix se fait réellement sentir et le coût des fournitures pèse énormément sur le budget des ménages. Retour sur le coût moyen du cartable d’un élève qui s’apprête à rejoindre les bancs de l’école.

Fini le temps des vacances. L’heure est au retour des classes. Élèves et lycéens doivent être munis de leurs affaires, mais c’est aux parents d’acheter les fournitures. La ruée vers les librairies commence à la recherche des bonnes affaires, mais les prix exorbitants sont souvent au rendez-vous. Pour avoir une meilleure idée sur le coût des fournitures, la question a été posée à plusieurs pères et mères de familles.

« L’achat de fournitures très basiques m’a coûté 500 dinars. Cela n’inclut ni trousses, ni cartables. Les livres exigés pour le français et l’anglais sont également à payer à l’école », nous confie la maman de deux filles inscrites en 3e et 6e années primaire dans une école privée à Sfax. Ce montant n’est pas éloigné de celui dépensé par la maman dont la fille est scolarisée en 5e année dans une école privée à Sousse. « Le montant des fournitures simples s’élève à 280 dinars. Ces achats ne comportent pas de cartables ni de trousses ».

Se rapprochant plus du Grand Tunis, les montants commencent à devenir plus conséquents. Le père d’une fille inscrite en 4e année dans une école primaire privée assure que les fournitures lui ont coûté 330 dinars, tout en bénéficiant d’une remise de 25% grâce à une convention établie entre la librairie et l’entreprise où il travaille. « Je n’ai pas pris de cartable cette année, juste une nouvelle trousse. Les livres, quant à eux, je les ai payés à l’école. Ça m’a coûté environ 200 dinars », nous confie le jeune homme, se rendant compte que le montant des affaires d’une petite fille d’à peine neuf ans dépasse les 500 dinars.

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Interrogée à propos du même sujet, la maman de deux petits enfants inscrits en 4e et 6e années primaire dans une école privée à Tunis était encore sous le choc. « J’ai dépensé une somme monstre ! La rentrée m’a coûté presque 1600 dinars pour les deux enfants, dont 400 dinars pour les livres. Je n’en reviens pas. L’unique extra étant de leur offrir un agenda et un petit livre de poche. Tout le reste était mentionné sur les listes fournies par l’école. Il est vrai que les achats ont été effectués auprès d’une grande enseigne, mais cela reste très cher tout de même », indique la jeune femme contrariée.

Ainsi, les témoignages réels récoltés confirment les propos avancés par le président de l’Organisation tunisienne d’information du consommateur (Otic), Lotfi Riahi, ayant déclaré récemment que les prix des fournitures scolaires avaient enregistré une hausse allant de 13 à 15% en comparaison avec l’année dernière. Selon Lotfi Riahi, il faut compter pour la tenue de sport 150 dinars et plus, pour l’uniforme entre 50 et 60 dinars, et pour le cartable entre 90 et 120 dinars. « Un élève du primaire coûterait entre 700 et 800 dinars », a-t-il assuré.

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Face à ces prix hors normes et loin d’être à la portée d’un citoyen aux revenus moyens, plusieurs s’orientent vers les étals anarchiques et le marché parallèle. Bien que la provenance des produits exposés de part et d’autre des rues du centre-ville de Tunis soit inconnue, les parents tentent d’y dénicher les fournitures à des prix plus ou moins abordables, négligeant les critères de qualité et d’hygiène.

La vente de ces fournitures issues du marché parallèle se fait également sur les réseaux sociaux. Les annonces se font à travers des publications sponsorisées, et les ventes se font même par packs, tout en assurant la livraison sur tout le territoire tunisien.

Force est de constater que la hausse des prix est souvent déterminée par le prix appliqué aux grands cahiers à spirales dits « super », souvent exigés par certains enseignants. En effet le prix d’un seul cahier peut atteindre 25 dinars. Cela pèse lourd dans la facture finale, notamment, en l’absence des cahiers subventionnés. Pourtant, les autorités de tutelle assurent que ces cahiers existent sur le marché. Selon certains témoignages sur les réseaux sociaux, certaines librairies exigent l’achat de toutes les fournitures chez eux en contrepartie des cahiers subventionnés. Une vente conditionnée totalement interdite par la loi.

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Pourtant, le ministre de l’Éducation, Mohamed Ali Boughdiri, a indiqué que seize millions de cahiers subventionnés sont disponibles sur le marché avec des prix raisonnables et une qualité supérieure.

Dans une interview accordée vendredi 8 septembre à l’agence Tap, il a rappelé que des efforts sont déployés par le ministère du Commerce, afin de lutter contre le phénomène de spéculation du cahier subventionné, dont la quantité disponible sur le marché répond aux besoins des élèves. Face à une hausse du prix du cahier non subventionné, il existe sur le marché le cahier subventionné avec des prix abordables et une qualité supérieure, a soutenu le ministre.

Il a rappelé par la même occasion, les efforts déployés par les ministères du Commerce et de la Santé en matière de lutte contre la commercialisation des fournitures scolaires d’origine inconnue introduites sur le marché parallèle.

Ainsi, cette rentrée scolaire placée sous le titre de la hausse exorbitante des prix vient nous rappeler encore une fois que l’inflation ressentie est bien supérieure à celle annoncée par l’INS. Les Tunisiens continuent à galérer et tentent de survivre en essayant de faire face à la dégradation de leur pouvoir d’achat, mais aussi aux pénuries touchant à des secteurs vitaux et à leurs droits élémentaires, à la vie, à la santé et à l’enseignement.

Sarra Hlaoui
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