La rupture dans le mouvement paysan, quotidien Junge Welt, 3 février 2024

La rupture dans le mouvement paysan, quotidien Junge Welt, 3 février 2024

2024-02-03 02:00:00

Philippe Trias/PHOTOPQR/LE PROGRES/MAXPPP/imago

«On continue de se mobiliser» : La Confédération paysanne n’est pas satisfaite des annonces du gouvernement

En France, les contradictions au sein du mouvement paysan deviennent évidentes. Après l’annonce jeudi d’une série de mesures par le Premier ministre Gabriel Attal, les deux plus grands syndicats agricoles ont annoncé qu’ils mettraient pour l’instant fin aux blocages. « Nous nous réjouissons des annonces d’Attal », a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. La Coordination Rurale a appelé les agriculteurs à « rentrer chez eux ».

Le chef du gouvernement a promis, entre autres, une aide financière supplémentaire de 150 millions d’euros par an pour les éleveurs. Il a surtout annoncé qu’il suspendrait de nombreuses réglementations environnementales. Un projet de loi visant à réduire l’utilisation des pesticides doit être « révisé » et suspendu d’ici là et les pouvoirs de l’autorité nationale de la biodiversité doivent être limités. Au niveau européen, Paris souhaite plaider en faveur d’une suspension des réglementations environnementales pour les friches industrielles et de la fin de l’accord commercial avec le Mercosur, a déclaré Attal. Le gouvernement avait déjà supprimé la semaine dernière la taxe plus élevée sur le diesel agricole. « Vous avez entendu nos revendications », a commenté Rousseau à propos des annonces.

La FNSEA est de loin le plus grand syndicat agricole du pays. Lors des dernières élections à la Chambre d’agriculture en 2019, elle a obtenu 55 pour cent des voix. La Coordination rurale arrive en deuxième position avec 20 pour cent. Les deux organisations représentent avant tout les intérêts de grandes entreprises dont le modèle économique consiste à se battre pour des parts de marché mondiales avec des produits bon marché. Ils sont soutenus par des subventions agricoles européennes d’une valeur de plusieurs milliards, liées à la taille de la superficie cultivée. Par exemple, l’entreprise du patron de la FNSEA Rousseau a reçu 178.000 euros de Bruxelles en 2022, rapporte Le Canard enchaîné vendredi.

Les promesses du gouvernement et l’annonce par les grandes associations de « rentrer chez elles » ne mettront probablement pas fin aux protestations. Premièrement, de nombreuses entreprises représentées par la FNSEA ne peuvent plus faire face à la concurrence internationale, même avec des subventions supplémentaires et moins de réglementations environnementales. Deuxièmement, les petits agriculteurs, encore nombreux, ne profitent guère des mesures précédentes.

La Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole représentant ces petits agriculteurs avec 19 pour cent des voix, a annoncé qu’elle poursuivrait les manifestations. “Nous continuons à nous mobiliser car rien n’est réglementé pour nos revenus”, a expliqué vendredi l’association, appelant à “le maintien des points de blocage devant les centres logistiques de la grande distribution”. Concernant l’aide de 150 millions promise par Attal jeudi, la Confédération paysanne a déclaré : “Elle ne bénéficiera qu’aux grands élevages et leur donnera la possibilité d’optimiser la fiscalité de leur cheptel.”

La frustration suscitée par l’accord entre le gouvernement et les principaux syndicats d’agriculteurs était déjà généralisée vendredi. Les agriculteurs ont brûlé les drapeaux de la FNSEA et de la Coordination Rurale sur de nombreuses barricades.



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